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ron m’amènera à Foussane, distant de Nagasaki d’environ trois cents kilomètres.

Notre capitaine ne quitte guère sa passerelle parce qu’en ces parages la navigation est difficile et trop souvent, hélas, des accidents terribles, sur les côtes de Corée, jettent le deuil un peu partout. L’an dernier, en juin 1902, le Kuma Gawa, paquebot de l’Osaka shosen Kaïsha, se perdit corps et biens sur un rocher, à travers les îles de l’archipel coréen, et bien peu de voyageurs ou de matelots purent se sauver…

Nous passerons au point du jour en face des îles Tsou-Shima qu’un câble relie à Foussane et à Nagasaki, Foussane est à peu près par 126° 31′ de longitude est de Paris, et 35° 8′ de latitude nord.



Toute la matinée un brouillard épais a retardé la marche du bateau, et la sirène a fait entendre souvent sa note grave, bien vite étouffée dans cette ouate opaque. Mais peu à peu on sent les efforts du soleil, le jour grandit, l’horizon s’élargit ; le brouillard humide, glacé, se dissipe, et là-bas dans le fond, très loin encore, des montagnes basses se distinguent confusément, des flots apparaissent encore, plus près du bateau. La côte se dessine et le voyageur aperçoit le sol de la nation « ermite », ouverte à présent, par la force de la diplomatie, au commerce européen.

Vers midi, on est en vue du port, et le bateau, ralentissant sa marche, se prépare à jeter l’ancre,