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grandes circonstances, leurs voisines, leurs amies, s’empressent de venir à leur secours. S’il est nécessaire, les voisins contribuent généreusement aux frais par des présents en argent ou en nature. Ils sont tous invités de droit, et ce qu’ils font aujourd’hui pour un autre, on le fera demain pour eux.

« L’heureux jour arrivé, on conduit le héros de la fête en grande cérémonie à la place d’honneur. Il s’assied et reçoit d’abord les saluts et félicitations de tous les membres de la famille, puis on place devant lui une table surchargée des meilleurs mets qu’il a été possible de trouver. Viennent ensuite les amis, les voisins, les connaissances, les parasites, etc., tous avec les plus beaux compliments dans la bouche et un appétit féroce dans l’estomac.

« Personne n’est repoussé, personne ne s’en retourne à jeun ; les passants, les voyageurs profitent de la bonne aubaine, et si on oublie de les inviter, ils s’invitent eux-mêmes sans plus de formalité. Bien plus, quand les ressources le permettent, on envoie chez tous les voisins des tables abondamment servies. La musique la plus étourdissante vient réjouir les convives ; on appelle des chœurs de musiciens et de danseuses, des comédiens, tout ce qui peut embellir la fête et rehausser l’éclat de la solennité. C’est pour des enfants bien élevés la plus rigoureuse des obligations, et devraient-ils se saigner à blanc, se condamner à mourir de faim le reste de l’année, dépenser leur dernière sapèque, il leur faut faire les choses avec une profusion extravagante, sous peine d’être à jamais déshonorés. »

Détail curieux à ajouter, et touchant, si les vieux parents de celui dont on célèbre les soixante et un