Page:Bourdaret - En Corée.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Les Coréens suivent le cycle chinois de soixante ans, et chacune des années porte un nom particulier, comme chez nous les noms des jours de la semaine et des mois de l’année. Cette période de soixante ans écoulée, les années de même nom recommencent dans le même ordre et l’année de la naissance se présente avec une révolution entière du cycle. Cet anniversaire est la fête la plus solennelle de la vie. Riches et pauvres, nobles et gens du peuple, tous ont à cœur de fêter dignement ce jour où l’âge mûr finit, où commence la vieillesse. Celui qui atteint cet âge est censé avoir rempli sa tâche, achevé sa carrière. Il a bu à longs traits la coupe de l’existence, il ne lui reste qu’à se souvenir et à se reposer.

« Longtemps d’avance on fait des préparatifs de la fête. Quelle plus belle occasion de montrer de la piété filiale, et de prouver publiquement combien on apprécie l’inestimable bonheur d’avoir conservé ses parents jusqu’à un âge aussi respectable. Les riches prodiguent leurs ressources pour faire venir — même des provinces éloignées — tout ce qui peut orner un festin ; les pauvres s’ingénient à ramasser quelques épargnes. De leur côté, les lettres composent des pièces de vers pour célébrer cet heureux jour. À l’intérieur de la maison, on est continuellement affairé. Tous les habits devront être blancs comme la neige, les jupes bleues comme l’azur. Un nouvel habit de soie sera l’ornement du sexagénaire. Il faut ramasser du riz, du vin et de la viande en abondance, pour rassasier et enivrer parents, amis, voisins, connaissances, étrangers, etc.

« Les femmes de la maison sont surchargées de besogne ; mais alors, comme du reste dans les autres