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nent des points de repère sur les tombes voisines, et jamais les victuailles apportées ne se trompent de destination.

Quelques tombes de « yang-banes » sont entourées d’une petite ceinture en terre, un tertre demi-circulaire de trois à quatre mètres de rayon, imitant en quelque sorte le mur en briques des grandes tombes. D’autres sont agrémentées du tertre et de deux petits tumuli en avant du tumulus recouvrant les cercueils. Ceux-ci sont enterrés à un mètre cinquante, environ, au-dessous du sol, mais les tombes de pauvres sont creusées moins profondément, et le cadavre des mendiants y est quelquefois posé sans cercueil, à peine enveloppé d’une toile grossière et recouvert d’un peu de terre, à la merci des chiens errants. J’ai vu des tombes ouvertes par les chiens et j’ai pu recueillir des crânes de cette façon.

Les grands fonctionnaires, les gens riches agissent un peu différemment pour leurs tombeaux. Ils acquièrent tout un mamelon, bien isolé, pas trop loin de leur résidence, et dès lors personne ne peut venir enterrer sur les flancs de cette colline. De nombreux procès ont lieu chaque année, dans les provinces ou à Seoul, à la suite de réclamations de « yang-banes », propriétaires plus ou moins authentiques d’une colline, contre des paysans qui y ont enterré leurs morts. L’argent étant le meilleur argument en justice, « le yang-bane » fait facilement valoir ses droits, et le pauvre doit transporter ailleurs ses chères dépouilles.

Pour les tombes royales, c’est non seulement toute une colline, mais quelquefois tout l’espace environnant sur trois ou quatre lieues, qui est réservé. Ces emplacements de tombes royales sont désignés par