Page:Bourdaret - En Corée.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par des dragons, des serpents qui portent chance aux villages voisins, de sorte que la présence des tombes et celle de ces dragons souterrains empêchent aux villes de se développer, de s’élargir. Quand on ne marche pas sur une tombe, on est sur une colline sacrée pour une autre raison, par exemple parce qu’elle représente le corps, la tête ou la queue d’un tigre ou d’un dragon ; que là passe la veine du bonheur de tel pays, de tel village ; parce qu’un roi étant venu sur ce point en a trouvé la vue superbe. À chaque instant se posera le problème, et dans l’avenir les Coréens devront limiter leurs cimetières, et se soumettre au système européen.

Toute place libre sur un mamelon inculte — car les cimetières sont toujours sur des collines, le fond des vallées pouvant être utilisé pour la culture — peut être occupée gratuitement par quiconque, pour y enterrer ses morts. On creuse un trou à côté des tombes voisines, espacées de trois mètres en trois mètres ; on y descend le cercueil, souvent enfermé en outre dans une cuve en maçonnerie, en chaux faite sur place, et on rebouche en faisant au-dessus du sol un tumulus hémisphérique que l’on recouvre de gazon. Tel est le type de la tombe ordinaire à laquelle tout fils de la terre de la « Fraicheur matinale » a droit. Il n’y a pas de pierre portant le nom, ni quoi que ce soit qui permette de savoir qui est enterré là. On peut se demander comment les familles, aux jours de visite des tombes, arrivent à reconnaître leur emplacement, au milieu de ces collines bosselées uniformément, donnant l’aspect, en plus gros, des terrains ravagés par les taupes. Il paraît cependant qu’il n’y a pas d’erreur. Ils pren-