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que l’on craignait de troubler tout à l’heure. On l’avertit ainsi que la cérémonie se poursuit.

Je dois ajouter que les Coréens pensent qu’après leur mort, deux esprits s’échappent de leur corps. L’un se rend dans le royaume des Ombres, l’autre va habiter la tablette de la maison, conservée dans l’autel des ancêtres, tandis qu’un troisième esprit reste dans la dépouille. C’est à celui-ci qu’on fait des offrandes sur la tombe, à certaines dates.

Quand le domestique est redescendu, le mort est revêtu provisoirement de cet habit, et les gémissements recommencent pendant que les enfants du défunt détachent leur chignon ou leur tresse, et laissent flotter leurs cheveux en signe de désespoir. Enfin cessent ces lamentations, et les parents enlèvent le corps de dessus le sol (on sait que les Coréens dorment sur des nattes) et le placent sur une planche étroite, de sa longueur, préparée pour cet usage depuis que la maladie a laissé peu d’espoir à la famille. La planche, placée sur deux supports, est inclinée de façon que les pieds soient plus bas que le corps, et orientée pour que la tête regarde le sud. Près d’elle est placé le coffret de l’esprit qui doit habiter le tombeau. C’est une boîte en bois de vingt centimètres de largeur, trente à quarante de longueur, et vingt de hauteur, couverte extérieurement de papier blanc. À l’intérieur, on place une feuille de papier portant en caractères coréens ou chinois le nom du défunt, sa condition, son rang. C’est l’état civil après la mort.

Parmi les relations du défunt, un homme est alors choisi qui se chargera de tous les préparatifs de la cérémonie funèbre (c’est l’entrepreneur des pompes funèbres), et, avec l’aide d’un serviteur, réglera