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toile, en observant un silence absolu, de façon à ne pas gêner l’esprit du mort qui n’a pas encore quitté le corps et voltige sans doute près de lui.

Au bout d’une heure ou deux, les Coréens supposent que l’esprit a complètement abandonné le corps, alors, commencent les lamentations, les gémissements des pleureurs et des pleureuses, ainsi que des parents assemblés là. Cette coutume se retrouve en Grèce, en Espagne et partout en Orient. Ces lamentations, qui durent quelque temps, une heure ou deux, n’expriment pas la colère contre la mort ravisseuse qui enlève un être cher à ses affections, ni les regrets de voir partir si vite celui que l’on chérissait ; c’est simplement la consécration de la mort, un acte obligé par le cérémonial qui commence. L’Européen est surpris de voir aussi peu de vraie douleur sur les physionomies des pleureurs et pleureuses, qui sont généralement des gens payés pour remplir ces fonctions, comme cela se passe ailleurs.

Quand les lamentations cessent, tout le monde doit quitter la chambre mortuaire. Ici se place un acte fort curieux. Un serviteur ou un voisin, s’il n’y a pas de domestique mâle dans la maison du défunt, toujours un homme de basse condition, prend un vêtement du décédé, et monte sur le toit de la maison, juste au-dessus de la chambre du mort.

Il tient le haut du vêtement dans la main gauche et le bas dans la droite, puis se tournant vers le nord, il le secoue trois fois, en criant le nom du défunt, son rang, le jour et l’année de sa naissance. Il annonce qu’il est mort. Le domestique se tourne vers le nord parce que c’est la direction du royaume des Ombres, et que c’est par là qu’est parti l’esprit