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font une poupée mignonne, immobile comme une statue, et son cœur même doit battre bien faiblement, car elle n’a pas subi encore toutes les épreuves dont elle doit sortir victorieuse, pour devenir jeune épousée.

Quand le fiancé entre dans la maison, il va d’abord s’agenouiller dans le coin de la chambre où l’on a déposé l’oie en carton ou en bois, et faire le serment d’être un bon mari.

Il s’approche ensuite de la jeune fille que l’on prévient en lui touchant la main. Elle fait à son futur époux quatre grands saluts qu’il lui rend, et pour montrer qu’ils sont liés pour toujours, une femme, moitié sorcière et moitié servante, les enlace dans de longs fils bleus et rouges (couleurs des mariés), puis on leur présente le vin de l’amitié, dans une coupe à laquelle le jeune homme boit d’abord, et qu’il offre ensuite à la jeune fille.

Alors se passe une scène bizarre qui a pour but d’éprouver la jeune mariée, car le mari peut rire sans crainte, tandis que la jeune fille ne le doit pas. Deux femmes se placent à côté d’eux et débitent un tas de farces qui font rire aux larmes les assistants. On se demande quelle force de caractère il faut à cette enfant pour rester seule à ne pas sourciller, sans quoi elle serait jugée indigne du mariage.

L’épreuve ayant réussi, il ne restera plus à la jeune fille, quand elle verra son mari, qu’à observer le silence le plus absolu pendant le premier jour, et même plus longtemps, dans les grandes familles où l’on considère que cette preuve d’obéissance doit être rigoureusement observée.

Le jeune mari essaie même de faire parler sa