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généralement à sa femme la direction intérieure de la maison.

Filles et femmes, cela se confond en Corée, car dès qu’elles sont nubiles, les filles se marient. Les garçons, je l’ai dit déjà, jusqu’au moment de leur mariage, qui peut avoir lieu de quinze à trente ans, sont considérés comme des êtres incapables d’aucune action sérieuse, ni de discuter sur quoi que ce soit. Ils portent la tresse dans le dos jusqu’à leurs fiançailles, et le chapeau de crin transparent n’est permis qu’aux hommes mariés, en chignon.

La femme coréenne, si elle est intelligente et si son mari n’est pas un débauché, sait prendre une certaine autorité dans la maison, et souvent elle montre plus de caractère que l’homme en maintes circonstances. Elle se décourage moins vite dans la misère et l’adversité, étant par habitude, par atavisme, prête à toutes les douleurs. Elle sortira de la misère grâce à un travail acharné, tandis que l’homme vaincu par le découragement ou la paresse se laissera mourir de faim plutôt que de lutter. Les femmes sont des souffre-douleur. L’idée répandue de la supériorité des hommes fait que les enfants eux-mêmes apprennent, de bonne heure, à estimer leur mère moins que leur père. L’amour maternel suffit pourtant à faire oublier aux Coréennes la tristesse de leur existence, et le poids de toutes leurs peines se dissipe devant le sourire de leur enfant qu’elles voient — comme toutes les mères — plus beau ou meilleur que celui de la voisine. Pour vaquer aux occupations de son ménage, la femme du peuple porte son bébé sur le dos, où il est suspendu par une large ceinture.

Les femmes mariées ne peuvent parler qu’à leurs