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coiffure de faux cheveux elles posent, non plus leur minuscule tiare de danseuse, mais un chapeau de feutre rouge ponceau (semblable à ceux des anciens guerriers qu’elles représentent dans cette danse) orné d’une plume de paon en avant, d’une queue rouge en arrière ; une grosse bride en boules de jade ou en pierres jaunes retient le chapeau sous le menton.

Elles dansent au nombre de quatre seulement, deux portant un costume de soie verte, les deux autres un costume de soie ponceau. Ainsi vêtues comme d’anciens guerriers de deux camps ennemis, elles tournent rapidement en mesure autour de petits sabres qui sont disposés sur le plancher ; leurs jupes s’envolent dans leurs pirouettes gracieuses. À un signal du maître de danse, elles se placent chacune devant les deux petits sabres qui leur sont destinés, s’inclinent, puis finalement s’agenouillent et en saisissent un dans chaque main. Alors, la musique s’accélérant, avec des mouvements gracieux du poignet, elles font tourner et cliqueter les armes dans leurs petites mains ; elles les agitent à droite et à gauche de leur tête ; une bonne danseuse doit aller assez vite pour qu’on ait l’impression que la lame passe au travers de son cou.

Ce divertissement n’est qu’une variante de la véritable danse du Sabre qui s’exécute en petit comité devant l’empereur, pantomime d’une légende que voici, succinctement racontée.

Deux princes devenus ennemis mortels, mais cachant leur haine sous les dehors de la plus parfaite amabilité, ne songeaient qu’au moyen de se défaire l’un de l’autre.

Un jour, l’un d’eux invita son ennemi à une