Page:Bourdaret - En Corée.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autre côté de l’écran, à travers cette ouverture. À la fin, la musique s’accélère, et la danseuse (car chacune fait cet exercice séparément), se hissant sur la pointe de ses petits souliers jaunes, lance la balle à travers l’écran de bois. Si elle réussit, elle reçoit une fleur que l’on pique dans ses cheveux ; si elle est maladroite ou troublée et qu’elle manque son coup, on lui fait une marque noire sur la joue. Lorsqu’elles dansent devant l’empereur, les « kissans » les plus adroites reçoivent en cadeau un rouleau de soie.

La danse des Tigres aussi est assez remarquable, et permet à deux danseurs d’exhiber le vrai talent de clowns, d’acrobates et de mimes que possèdent les Coréens.

Deux mannequins représentant deux tigres sont apportés, et dans chacun d’eux s’introduisent deux danseurs, l’un dans la tête et les pattes de devant, l’autre dans les pattes et le train de derrière de l’animal. La tête énorme, les yeux, la gueule sont mobiles, et habilement mis en mouvement par l’homme placé à l’intérieur. Ces mannequins arrivent à donner à la perfection l’illusion de bêtes bondissantes qui, mises en présence, exécutent au son de l’orchestre une danse sauvage et fantastique. Généralement, et l’imagination aidant, les petites danseuses prennent peur et se cachent derrière les accessoires ou la large robe de leur vieux maître. Mais la danse qui réunit tous les suffrages des spectateurs coréens et européens est celle des Sabres. Cette fois, les danseuses sont habillées en hommes : elles n’ont plus les fausses manches traînant à terre ni les petits souliers ; elles marchent avec leurs chaussettes blanches. Sur leur même