Page:Bourdaret - En Corée.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trefois qui représentent, dans de magnifiques salles d’audience, un trône sur lequel est assis le monarque majestueux devant lequel tous se prosternent.

Quoi qu’il en soit, l’empereur, malgré les soucis d’un règne difficile, est souriant et affable, et de tous les dignitaires de son entourage, c’est lui, certainement, qui sympathise le mieux avec les étrangers.

En regagnant la salle de réception, on nous présente la traditionnelle coupe de champagne que l’on vide en l’honneur de Sa Majesté. Dans la salle à manger, chacun s’installe à la place désignée, autour de tables présidées par les ministres, et fait honneur à l’excellent repas à l’européenne, arrosé de vins fins, que des domestiques indigènes servent d’une façon très correcte.

Mais voici le moment de faire connaissance avec le gracieux corps de ballet qui va danser devant l’assistance. Un groupe de jeunes femmes (kissans) de quinze à dix-huit printemps le composent. Vêtues de façon assez heureuse, de rouge, de bleu et de vert, ces toutes petites créatures ne manquent pas de grâce, à défaut d’une réelle beauté. Leur lourde coiffure en faux cheveux donne un peu de raideur aux mouvements du cou, mais l’œil s’amuse — surtout la première fois — à voir pirouetter et marcher à pas menus ces petites poupées peintes, aux pieds de Cendrillon, dans leurs vêtements de soie aux couleurs vives, tandis que la musique de fifres, de tambours et de violons à trois cordes, marque la cadence, et que le maître de danse, vénérable vieillard à bouton de jade, dirige son bataillon léger à coups de claquette.