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courtisans. Sur la poitrine, il porte une belle broderie représentant des dragons et le premier ordre de l’empire. Appuyé à la table, il toussotte et sourit gentiment aux paroles traduites par l’interprète. L’empereur est né en 1852, c’est le vingt-huitième monarque de la dynastie actuelle des Yi, dont le premier roi fut Tai-tjo-Tai-Houan. Cette dynastie remonte à 1392 et Seoul devint capitale à cette époque (1394), comme nous l’avons dit déjà. Le prince héritier, de taille plus élevée que son père, se tient à sa gauche, et fixe sur l’assistance des regards curieux, détaillant la silhouette ou la coupe d’habit de chacun. Il est vêtu de même façon que Sa Majesté, mais en brocart rouge. Ce prince est né en 1874. Autour d’eux sont rangés quelques membres de la famille impériale, des généraux, et le chef des eunuques : celui-ci se tient tout à côté du prince héritier. Il dévisage curieusement la rangée serrée que nous formons, et qui maintenant s’incline profondément, et sort à reculons, car l’audience est terminée. C’est en effet plus difficile de quitter la salle que d’y entrer, car il ne faut pas tourner le dos à l’empereur. Enfin nous voici dehors, recommençant notre défilé à travers les petits couloirs, pendant que l’empereur et le prince héritier rentrent dans leurs appartements, soutenus sous les bras par les eunuques (ainsi l’exige le protocole), qui seuls ont le droit de toucher Leurs Majestés, les habillent, les déshabillent, et leur rendent les services discrets que comporte une telle fonction.

Comme on vient de le voir, une audience impériale est une cérémonie intéressante, mais sans faste, moins solennelle que celles décrites dans les livres anciens et dessinées par les artistes d’au-