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et des personnages en audience au palais. À l’intérieur de ces chaises on peut voir un ou deux des porteurs vautrés sur le siège de leur maître, et qui ne craignent pas d’être pris en faute, cette façon d’agir étant tout à fait dans les mœurs locales. D’ailleurs, tout à l’heure, quand les ministres sortiront, le factionnaire sifflera toute la bande des valets, couchés un peu partout, ou occupés à jouer et à boire.

Les audiences de Sa Majesté, pour les affaires courantes, commencent vers quatre ou cinq heures du soir, et durent toute la nuit. À partir de six heures, on ne peut plus, ni entrer, ni sortir du palais, à moins que ce ne soit jour de gala et que les Européens ne soient invités.

Me voici, tout en contournant le palais actuel de Kiong-houn-koung, revenu sur l’avenue des Ministères, attiré par les manœuvres de cavalerie. Il y a là un jeune officier, élève des Japonais, qui fait tous ses efforts pour dresser une quarantaine de chevaux et de cavaliers, étriqués dans leur casaque rouge et leur képi trop court. Quel drôle de spectacle que ce peloton et ces chevaux qui ne veulent pas marcher en ligne. Allons, ils partent au trot maintenant : voilà le désarroi dans les rangs. La foule de badauds et d’enfants se disperse, pour éviter les ruades, et s’engouffre sous les auvents des portes des différents ministères, situés à droite et à gauche de l’avenue, et dont les noms sont indiqués par des caractères chinois.

Bien modestes sont ces « cases » administratives où s’entassent fonctionnaires et paperasses ; bien modeste le salon du ministre, généralement meublé de nattes. Ici pas de cartons verts, pas de classeurs