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ce fut — d’après la légende — la reine elle-même qui le décida. Avant de mourir, elle avait demandé à son époux de faire faire un immense cerf-volant sur lequel serait écrit son nom, et qu’une fois lancé à une grande hauteur, la corde en fût coupée. L’endroit précis où il tomberait serait alors choisi pour l’emplacement de son tombeau. On dit même que cette reine très sage et très intelligente avait pris un ascendant considérable sur le roi, et gouvernait le royaume. Elle mourut empoisonnée par les hauts fonctionnaires, dont elle se plaisait à déjouer les projets. Mais son tombeau fut déplacé à plusieurs reprises à la suite des pétitions des dignitaires et, en dernier lieu, l’année de la mort de Tai-tjo. Cette fois, le roi avait rêvé que sa chère Kang-Si lui avait demandé que l’on chargeât encore un cerf-volant de désigner le nouvel emplacement. Ainsi fut fait. Et c’est à Tchong-nong, à une heure environ en dehors de la porte du Nord-Est, près de la fameuse bonzerie de Tchine-hon-sa, où les Européens viennent en pique-nique, que s’arrêta le cerf-volant, dans un site ravissant. Le tombeau fut placé près d’une source afin que la reine entendît le murmure des cascades, et que les malades puissent trouver, en se baignant dans ces eaux, un remède à leurs maux. Il n’en fallait pas davantage pour lui donner des propriétés miraculeuses. La foule accourut en masse tout d’abord, puis, avec le temps, l’oubli se fit. Reconstruit en 1668, le monument fut désormais gardé comme un tombeau royal, et aujourd’hui, Européens et Coréens font de Tchong-nong leur promenade de prédilection.