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qu’auparavant, une heure après le coucher du soleil, la cloche sonnait vingt-huit coups, et en les entendant les hommes hâtaient le pas vers leur demeure, sinon les inspecteurs de police les arrêtaient, les gardaient une nuit en prison, et ne les relâchaient le lendemain qu’après une distribution de dix coups de bâton. Cette mesure avait pour but de livrer la ville aux femmes qui, n’ayant plus à craindre la rencontre du sexe barbu, devenaient — pendant quelques heures — les maîtresses de la cité. À minuit, la cloche sonnait de nouveau trente-trois coups, les portes de la ville se rouvraient, et la journée nouvelle commençait.

Comme on le voit, ce pays, que voilait jadis un épais mystère, est en réalité bien étrange : costumes, mœurs, croyances, tout est matière à étonnement.



Le quartier de l’Ouest où j’habite, et qui est celui des légations, s’appelle Tchong-dong, par abréviation de Tchong-ne-kol (quartier du tombeau). À l’emplacement élevé où se trouve actuellement la légation d’Angleterre, existait autrefois un tombeau de la deuxième femme légitime de Tai-tjo, Kang-Si. Elle fut enterrée là, contrairement à tous les précédents, à tous les usages qui défendaient de placer un tombeau dans l’intérieur des murs d’une ville. Mais le roi en décida ainsi, car il était tellement épris de cette femme qu’il ne voulut pas s’en séparer, même morte. Quant au choix de l’emplacement,