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lit, tandis que les femmes pouvaient alors sortir librement dans la cité (coutume abolie depuis 1895), mais encore pour perpétuer le souvenir de son règne, et rappeler pendant dix mille fois dix mille ans que Tai-tjo fut le premier, le grand roi de la dynastie Tcho-sen.

Les magistrats dans les districts reçurent l’ordre de percevoir un impôt spécial sur tous les habitants, hommes et femmes, afin de couvrir les frais de la fonte de ce grand travail. Pendant la collecte de cet impôt, il se trouva une maison dans laquelle l’homme préposé à cet office vit une pauvre femme avec un petit enfant de trois ou quatre ans. À sa demande, elle répondit : « Je n’ai que lui au monde ; voulez-vous donc que je vous le donne ? » Le collecteur se retira et raconta cet incident. Quand on eut recueilli l’argent nécessaire, on fondit la cloche avec tous les soins possibles, mais elle se fendit à l’air. On recommença. Elle se fendit encore. Finalement le roi offrit une grande récompense à celui qui pourrait couler la cloche sans accident. Quelqu’un s’offrit, mais à la condition que l’on rechercherait la femme qui n’ayant pu donner des sapèques avait proposé son enfant. On la trouva et elle dut donner son fils qui fut précipité dans le métal en fusion. Cette fois, l’opération eut un plein succès, la cloche fut terminée sans autres incidents et placée à Tchong-no. Mais les habitants disent que lorsqu’elle fait entendre sa voix profonde dans la cité silencieuse, on entend distinctement l’enfant crier : « He mi lei, He mi lei ! » Ce qui veut dire : « C’est la faute de ma mère ! »

Depuis la guerre japonaise, les Coréens, hommes et femmes, peuvent sortir librement en ville, tandis