Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.
iii
PRÉFACE

antiques légendes : « Choisy moi quelqu’un de ces beaux vieulx romans françoys, comme un Lancelot… »

Hélas ! on ne le sait que trop, le conseil ne fut pas suivi. Pour des raisons multiples, les unes accidentelles et les autres profondes, la Pléiade se fraya d’autres voies. « On vit renaître Hector, Andromaque, Ilion, » mais non pas les chevaliers d’Arthur, et la forêt de Broceliande se dessécha. Vers la fin du siècle, en 1591, le soin de renouveler une fois encore le Lancelot fut abandonné à quelque commis de librairie, qui le résuma outrageusement en un seul tome, de 166 pages in-8. Alors ce fut la fin : ce roman tomba du décri dans l’oubli. De nos jours, hors du cercle étroit des érudits, quel lettré l’a jamais lu ? Les noms mêmes des héros qu’il met en scène ne sont plus que des grelots vides. Nous ne connaissons plus que par un vers de Dante Galehaut, seigneur des Iles Lointaines, — et Perceval, en français d’aujourd’hui, se prononce Parsifal.

C’est que le temps a fait son œuvre, dira-t-on, et c’est la loi commune. Sans doute. Encore convient-il de remarquer que ce livre français, oublié en France, a survécu en Angleterre, en Allemagne, en Italie. Il serait long de suivre