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Le soir allait venir. Déjà l’ombre naissait dans les broussailles et tombait des hautes branches. Fut-ce le solennel crépuscule d’hiver, fut-ce le silence des futaies, fut-ce la voix même de mon camarade Maxime, devenu tout à coup singulièrement grave, qui me fit paraître presque tragique ce simple récit ?

— J’avais été convoqué au fin fond de la Lorraine, me dit-il, dans un régiment de cavalerie, pour mes vingt-huit jours. C’était au mois d’août. Bien. Arrive l’Assomption : quarante-huit heures de congé. Que faire ? Rentrer dans Paris brûlant au cœur de l’été ? Ma foi non. Un officier de qui j’étais connu voulait bien me prêter l’un de ses chevaux, une excellente et robuste jument de route : me voilà donc parti à travers le pays. J’avais tracé sur le papier un itinéraire,