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la fontenelle à nantes

sûr de son effet, releva la visière, pour que chacun pût être frappé de la beauté de son visage toujours jeune.

Vous avez un beau titre, sire Duc, dit le partisan… le Duc devint soucieux ; je vais cependant y renoncer, c’est probable, et regardant Guy Éder fixement : Craindriez-vous pour vous, sire de La Fontenelle… Le maître de la Cornouaille a prouvé qu’il ne craint ni le bourreau ni les balles des gens du roy. Mais, est-ce donc, pour assister à l’abaissement de votre gloire que votre altesse, m’a fait venir ?… Non, dit fièrement le Duc, aucun danger ne menace ma gloire qui ne court aucun risque, tant que j’aurai une épée pour me défendre… si j’arrive peut-être à me décider à rendre les armes à Henri de Navarre, ce sera parce que je croirais le faire, accédant de la sorte, aux vœux des peuples bretons qui sont las de la guerre… j’espère que le baron de la Fontenelle suivra mon exemple.

Guy Éder resta atterré de ces ouvertures… non au courant des évènements, il n’était pas habitué à voir la ligue, telle qu’il la soutenait victorieusement à son île, comme pouvant être vaincue, il ne voulait pas la voir à son déclin… La ligue n’est donc plus, dit-il, nous verrons, et je ne désespère pas encore… Sire Duc, avez-vous donc traité avec les royaux ? Pas encore, dit Mercœur, mais je tenais à vous pressentir… une longue conversation resta secrète, et suivit ces paroles… Ils passèrent une longue heure ensemble loin du conseiller… Le soir, à la marée descendante, La Fontenelle reprenait la route de son île… mais il partait décidé on le verra bien à ne tenir aucun compte des paroles du Duc… mettre les armes à bas, jamais plutôt travailler pour mon propre compte. Mercœur me voyant partir plein de