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de la fausse conscience

par un travail continu. « La conscience ne nous tromperait pas, s’il n’arrivait pas que l’orgueil et l’amour-propre fissent changer notre jugement, si le vit intérêt, qui répand si souvent des nuages obscurs et ténébreux sur notre esprit, n’enveloppait pas nos facultés ; si la faveur, l’amitié, l’amour, les préventions ne dictaient pas nos décisions ; si les présents ne nous corrompaient pas ; si l’esprit ne devenait jamais l’apologiste d’une cause injuste, et si la passion dans les tribunaux ne portait pas la sentence, au lieu de la raison qui seule devrait nous servir de guide. »

Cependant la conscience a deux sortes d’offices : d’une part, elle approuve ; de l’autre, elle condamne. Quand elle nous condamne, c’est en général à fort bon droit, et il n’y a pas lieu d’en appeler ; mais il n’en est pas toujours de même quand elle nous approuve. Il arrive que nous nous croyons sans reproche, et que notre conscience nous laisse tranquilles, quand nous sommes coupables ; mais cette conscience n’est rien moins que sûre. Emportés par ce tourbillon dans lequel nous vivons, combien de