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8. — fille de Drusus, fils de Tibère, de Liville, fut mariée en premières noces à Néron, fils de Germanicus. Elle entra dans le complot formé par Séjan et par sa mère contre les jours de son mari. Après la mort de ce prince elle contracta une seconde alliance avec Rubellius Blandas. Elle fut mise à mort par l’ordre de Messaline l’an 43 de J. C. Tac., Ann., 3, 29 ; 6, 27 ; 13, 32 et 43. — Dion Cass.

9. — fille de Caligula et de Césonie, fut tuée à l’âge de deux ans à la mort de son père.

10. — surnommée Procille, femme du sénateur Julius Grécinus et mère d’Agricola. Elle fut tuée par les soldats de la flotte d’Othon, qui ravageaient les côtes de la Ligurie où elle vivait, l’an 69 de J. C. Tac., Agr., 4, 7.

11. — fille de l’empereur Titus, épousa T. L. Sabinus, son cousin, et se prostitua à Domitien, son oncle, Dion Cass.

12. — surnommée Domna, seconde femme de Septime Sévère, mère de Caracalla et de Géta, née en Phénicie. Elle s’appliqua à l’étude de la philosophie et de la géométrie. Elle vint à Rome, où elle fut applaudie et admirée. C’est là qu’elle épousa Septime Sévère, qui fut élevé à l’empire vingt ans après, 193 de J. C. Ce prince suivit d’abord ses conseils ; mais Julie, s’étant brouillée avec le ministre Plautien, se vit dépouillée de toute autorité. On prétend qu’elle conspira contre la vie de l’empereur, et qu’elle n’accorda aux gens de lettres une protection déclarée, que dans le dessein de se faire pardonner la corruption de ses mœurs. Après la mort de Sévère (211) elle eut pendant quelque temps assez d’influence pour maintenir la paix et l’union entre ses deux enfans. Mais la tranquillité ne fut pas de longue durée. Géta fut assassiné par Caracalla entre les bras même de leur mère, qui fut blessée au bras en voulant empêcher le frère d’égorger son frère. Quelques auteurs prétendent qu’elle commit un inceste avec Caracalla, et qu’elle l’épousa publiquement. Après la mort de Caracalla elle se laissa mourir de faim (217 de J. C.), lorsqu’elle se vit forcée de céder l’autorité à Macrin, qui était parvenu à l’empire. Dion Cass. — Hérodien.

13, 14, etc. Julie Mésa, Julie Sémis, Julie Mammée. V. Mésa, Sémis, Mammée.

1. JULIEN, -lianus (Fl. Cl.), empereur connu sous le nom de Julien l’Apostat, fils de Jules Constance, frère de Constantin-le-Grand et de Basiline, sa seconde femme, naquit à Constantinople le 6 novembre 331. Le massacre qui accompagna l’avénement des fils de Constantin au trône faillit être fatal à Julien et à Gallus, son frère. Les deux frères furent élevés dans le christianisme ; mais Julien, qui avait senti vivement la persécution exercée contre ses parens par les fils de Constantin, prit en aversion la religion des assassins de sa famille. Dédaigné à la cour, il chercha des consolations dans l’étude des belles-lettres. Il alla à Athènes à l’âge de vingt-quatre ans, et y prit des leçons du célèbre Maxime. Les opinions qu’il puisa dans le commerce de ce philosophe néoplatonicien, et qui, à la suite du mysticisme, ramenaient les oracles, les divinations, les prestiges de toute espèce, le portèrent à retourner aux superstitions du paganisme, qu’il s’étudia à parer d’un vernis de haute philosophie. Il s’adonna à l’étude de la magie, de l’astrologie et de la science des aruspices. Nommé quelque temps après gouverneur des Gaules, et revêtu du titre de César par Constance (355 de J. C.), il se montra digne de la pourpre par son courage, sa prudence et les brillantes victoires qu’il remporta sur les ennemis de l’empire. La plus célèbre est celle d’Argentoratum (Strasbourg) sur les Germains (357). Sa douceur et sa modération lui concilièrent l’estime et l’amitié des soldats. Aussi, lorsque Constance, qui commençait à le craindre, lui ordonna d’envoyer en Orient une partie de ses forces, toute l’armée se souleva, refusa d’obéir, et jura à son général une fidélité inviolable. Elle le força même, par ses prières et par ses menaces, d’accepter le titre d’Auguste, ce qui suscita une guerre contre Constance. La mort de ce prince, qui arriva peu de temps après, le laissa seul maître de l’empire, l’an 361 de J. C. Julien découvrit alors ses principes religieux en renonçant ouvertement au christianisme, et en sacrifiant publiquement aux dieux de l’ancienne Rome. Son retour au paganisme lui fit donner par les écrivains ecclésiastiques le surnom d’Apostat. Julien, après avoir passé quelque temps à Constantinople à réformer les abus les plus crians, marcha contre les Perses, devenus depuis long-temps rivaux redoutables de l’empire. Après avoir traversé le Tigre, il brûla sa flotte pour s’ôter tout moyen de retour, et s’avança dans le cœur du pays ennemi. Sa marche fut celle d’un conquérant ; il s’empara de Ctésiphon, 363, et aucun obstacle ne fut capable de l’arrêter ; mais, l’Assyrie ayant été dévastée par les Perses, le défaut de vivres le força bientôt de se retirer. Comme il avait détruit sa flotte, il remonta vers les sources du Tigre, et résolut d’imiter la savante retraite des dix mille. Dans sa marche il vainquit les lieutenans de Sapor, roi de Perse. Mais cette victoire lui fut aussi fatale que glorieuse ; il y reçut une blessure mortelle, et expira la nuit d’après à l’âge de trente-deux ans, le 27 juin de l’année 303, après deux ans de règne. Dans ses derniers momens il s’entretint de l’immortalité de l’âme avec un philosophe, et rendit le dernier soupir sans laisser échapper la moindre plainte sur la rigueur de son destin et la briéveté de la vie. L’idolâtrie et la haine du christianisme ont terni la mémoire de Julien ; mais ce furent les seules taches de son caractère. Selon certains auteurs, il prononça au moment de la mort ce mot par lequel il avouait le triomphe du dieu des chrétiens sur lui : Galiléen, tu as vaincu. Il fut enterré à Tarse ; mais dans la suite son corps fut transféré à Constantinople.

Comme homme et comme prince, peu de rois méritent de plus grands éloges. Aimable et doux dans le commerce de la vie, modéré dans la prospérité, généreux à l’égard de ses ennemis, il porta sur le trône la sagesse d’un philosophe, le courage et la valeur d’un guerrier, la tempérance et la pureté de mœurs d’un chrétien. Il réprima le luxe qui régnait à Constantinople, et renvoya avec mépris les nombreux officiers qui n’avaient eu d’autre fonction auprès de Constance que celle de lui parfumer le corps et les cheveux. Il était frugal, dormait peu, et n’avait souvent d’autre lit qu’une peau étendue sur la terre. Il se levait ordinairement à minuit, passait le reste de la nuit à lire et à écrire, et sortait de sa tente à la pointe du jour pour visiter les avant-postes de son camp. Il préférait l’étude aux amusemens bruyans. Lorsqu’il vint à Antioche, les habitans de cette ville, choqués de l’austérité de ses mœurs, qui était une censure de leur mollesse, décochèrent contre lui les traits de la satire, et tournèrent en ridicule son extérieur austère et sa longue barbe. L’empereur eut recours aux mêmes armes pour se défendre contre ses ennemis ; il les tourna en ridicule, et dévoila leurs débauches et leurs vices dans un ouvrage plaisant, qu’il intitula le Misopogon ou ennemi de la barbe. À l’exemple d’Alexandre et de Scipion, il respecta les femmes que le sort des armes avait fait tomber entre ses mains, et ne voulut pas se remarier après la mort d’Hélène, sœur de Constance, que ce prince lui avait donnée en mariage.