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bauché, s'entoura de courtisanes, éloigna de la cour Agrippine, et, comme elle menaçait de faire rendre le trône au jeune Britannicus, fit empoisonner ce prince (55) ; puis il feignit une réconciliation avec Agrippine, et, après avoir tenté de la faire périr dans une promenade sur mer, la fit assassiner par un de ses affranchis. S'abandonnant dès lors sans contrainte à ses goûts, il appelle autour de lui des histrions, des pantomimes, prend part à leurs jeux, conduit en personne des chars dans le cirque, danse et joue de la flûte en plein théâtre, et se livre en public aux désordres les plus infâmes. Il répudia et mit à mort Octavie, la remplaça par Poppée, que, bientôt, dans un accès de colère, il tua d'un coup de pied; assista du haut d'une tour, en chantant un poëme qu'il avait composé sur l'embrasement de Troie, à un incendie immense qui dévora la plus grande partie de Rome, fut accusé d'en être l'auteur, rejeta l'accusation sur les Chrétiens et les fit périr dans d'atroces tortures (64). Il déjoua une conspiration tramée contre lui par Pison, et en prit prétexte pour faire périr dans les supplices, outre Pison, Sénèque, Lucain, Pétrone, Thraséas, Corbulon, et beaucoup d'autres personnages considérables (65). Il fit ensuite un voyage en Grèce pour s'y faire admirer comme musicien et comme poète, et y recueillit 1800 couronnes (66); mais bientôt, il vit se soulever contre lui en Gaule Vindex, qui fut battu par ses lieutenants (67), en Espagne, Galba, que les prétoriens proclamèrent empereur. Déclaré par le sénat ennemi public, il s'enfuit dans une grotte pour s'y cacher; sur le point d'être atteint, il tenta de se donner la mort, mais, n'ayant pas eu la force de se poignarder, il se fit pousser la main par Épaphrodite, son secrétaire (68). Il mourut, dit-on, en s'écriant : « Quel grand artiste est perdu pour le monde ! » Avec lui s'éteignit la maison des Césars. Néron est resté le type de la cruauté et de l'infamie; cependant son règne, qui à l'intérieur ne présente qu'une série de crimes, compte quelques événements heureux à l'extérieur : Suetonius Paulinus comprime la révolte de Boadicée dans la Grande-Bretagne (61); Corbulon repousse les Parthes ; Vespasien réprime la Judée révoltée (67); la Cilicie est réunie à l'empire. La Vie de Néron a été écrite par Suétone; Tacite, dans ses Annales, a raconté et stigmatisé éloquemment ce règne odieux.

NÉRONDE, ch.-l. de cant. (Loire), à 32 kil. S. E. de Roanne ; 1240 hab. Patrie du P. Cotton.

NÉRONDES, ch.-l. de cant. (Cher), à 42 kil. N. E. de St-Amand; 2505 hab.

NERONIS FORUM, v. de Gaule, auj. Forcalquier.

NERSÈS (S.), prélat arménien, de la famille des Arsacides, était arrière-petit-fils de S. Grégoire l'Illuminateur. Élu à l'unanimité patriarche de sa nation en 364, il restaura les institutions créées par ses prédécesseurs et couvrit l'Arménie d'hospices. Il mourut en 383, empoisonné par ordre du roi d'Arménie, à qui il avait reproché ses désordres. — Un autre Nersès, dit Glaïetzi, qui vivait au XIIe s., fut aussi patriarche. Il composa une Hist. de l’Arménie en vers. Ses OEuvres complètes ont été traduites en latin par J. Cappelletti, Venise, 1833.

NERTCHINSK, v. de la Russie d'Asie (Irkoutsk), ch.-l. de cercle, à 1100 k. E. d'Irkoutsk; 3000 h. Ancienne étape des caravanes se rendant en Chine. Commerce de pelleteries. Mines d'argent, d'or, de mercure, d'étain et de plomb, auxquelles la couronne fait travailler les condamnés à mort dont la peine a été commuée. Il fut signé à Nertchinsk en 1580 un traité de commerce entre la Russie et la Chine.

NERVA, M. Cocceius Nerva, empereur romain, né l'an 25 à Narnia, m. en 98, était petit-fils de Cocceius Nerva, qui se laissa mourir de faim sous Tibère, et avait pour père un jurisconsulte qui fit école et dont les disciples se nommèrent Coccéïens. Il fut proclamé en 96, après Domitien. Son règne, qui ne dura que deux ans, fit contraste avec celui de son prédécesseur, par la simplicité, la modération et la justice. Il consultait le sénat sur toutes les affaires. Se sentant trop faible pour supporter le poids de l'empire, il adopta Trajan, qui fut son successeur.

NERVICANUS TRACTUS, partie orientale de la Manche, qui baignait les côtes du pays des Nerviens.

NERVIENS, Nervii, peuple de la Gaule, en Belgique 2e, au N., entre les Menapii et les Atrebates à l'O., les Morini à l'E., les Veromandui et les Remi au S., habitait le long des côtes du Nervicanus tractus (Manche), et avait pour villes principales Cameracum (Cambray), Turnacum (Tournay) et Bagacum (Bavay). Leur pays correspond à la partie E. du dép. du Nord et à une partie des provinces belges de Flandre, de Hainaut et de Brabant. — César les représente comme le peuple de Belgique le plus hostile à la civilisation romaine. Soumis avec peine, lors de la pacification générale de la Gaule, ils reçurent le titre et les privilèges de peuple libre.

NERWINDE, Neerwinden, vge de Belgique (Liège), à 36 kil. N. O. de Liège, à 24 kil. S. E. de Louvain; 300 h. est fameux par les victoires du maréchal de Luxembourg sur Guillaume III, 29 juillet 1693, et du prince de Cobourg sur Dumouriez, 18 mars 1793.

NESLE, ch.-l. de c. (Somme), à 20 kil. S. de Péronne ; 2135 hab. Sucre de betterave, huiles de colza et d'œillette, moutarde. Ancienne seigneurie, qui donnait son nom à une branche de la maison de Mailly. Elle fut érigée en comté en 1466 et en marquisat en 1545 : c'était, pour le nombre des fiefs, le premier marquisat de France.

NESLE (Tour de), anc. tour de l'enceinte de Paris, était sur la r. g. de la Seine, en face du Louvre, et formait une des défenses de la capitale : elle servait, avec la tour du Louvre, à barrer la rivière au moyen de chaînes tendues de l'une à l'autre. Construite par les seigneurs de Nesle, vendue en 1308 à Philippe le Bel, elle devint depuis la propriété de Jeanne de Bourgogne, épouse de Philippe le Long, qui en fit, dit on, le théâtre des orgies auxquelles elle se livrait, ainsi que sa belle-sœur, Marguerite de Bourgogne, orgies qui ont fourni à M. Al. Dumas le sujet d'un drame-populaire, la Tour de Nesle. Elle fut démolie en 1663, pour faire place au collège Mazarin, auj. l'Institut.

NESSELRODE (Ch. Robert, comte de), diplomate russe, né vers 1780 à Lisbonne, où son père était ambassadeur de Russie, m. en 1862, sortait d'une noble famille saxonne. Conseiller d'ambassade à Paris en 1807, il révéla à l'empereur Alexandre les armements secrets que faisait Napoléon et gagna par là sa confiance. Il prit part à toutes les grandes négociations de l'époque, signa en 1814 le traité de Chaumont, négocia avec Marmont la reddition de Paris, siégea aux congrès d'Aix-la-Chapelle, de Troppau, de Laybach, de Vérone, devint en 1821 ministre des affaires étrangères et fut l'un des agents les plus zélés de la Ste-Alliance et de la politique de compression. Il conclut les traités d'Andrinople (1829) et d'Unkiar-Skélessi (1833), qui mettaient la Turquie à la merci de la Russie. C'est aussi lui qui fit conclure le traité du 15 mars 1840, qui écartait la France du concert européen. Lors de la guerre d'Orient, il montra les dispositions les plus conciliantes et prépara la paix de Paris (1856). Nesselrode représentait en Russie le parti allemand, opposé au parti russe que personnifiait le prince Menzikoff.

NESSIR-KHAN, souverain et législateur du Béloutchistan, né vers 1710, m. en 1795, suivit Nadir dans l'Inde et s'y fit une réputation de bravoure; détrôna et tua son frère Hadji-Mohammed, khan des Béloutchis, qui s'était rendu odieux à ses sujets et fut proclamé en sa place ; rétablit l'ordre dans le pays, fit d'utiles règlements, favorisa le commerce, se rendit indépendant de la suzeraineté du Kaboul, et agrandit le Béloutchistan.

NESSUS, centaure qui, après avoir transporté Déjanire, femme d'Hercule, au delà de l'Achéloüs, voulut l'enlever. Hercule le tua en le perçant d'une flèche trempée dans le sang de l'hydre de Lerne. Nessus