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lerie de Versailles. Après la mort de Lebrun, avec lequel il était en hostilité, il fut nommé premier peintre du roi et directeur de l'Académie de peinture. Il excellait dans le portrait et était le meilleur coloriste de son temps. Parmi ses nombreux ouvrages, on admire les portraits d’Urbain VIII, d’Alexandre VII, du Doge de Venise, du Grand Dauphin, de Mme de Maintenon, surtout la Vierge présentant une grappe à l'Enfant Jésus, S. Luc peignant la Vierge, une Ste Cécile, et S. Charles donnant la communion à des mourants. On estime aussi 12 dessins qu'il fit pour le cardinal Du Plessis d'après les tableaux d'Annibal Carrache, et qui sont auj. au musée du Louvre. P. Mignard se distingue par le naturel, la vérité de l'expression; son pinceau est moelleux et a de la grâce, mais aussi une certaine mollesse et une certaine afféterie.

MIGNON (Abraham), peintre de fleurs, né en 1639 à Francfort-sur-le-Mein, m. en 1679, était élève de David de Heem. Ses tableaux dessinés avec précision, peints avec patience, se distinguent par une imagination inventive, un agencement plein de goût, un coloris vigoureux; mais on y trouve un peu de roideur. Le Louvre possède 5 beaux tableaux de lui.

MIGNONS, favoris du roi Henri III, compagnons de ses débauches : tels étaient Quélus, Maugiron, St-Mégrin, Joyeuse, Épernon, St-Luc, Livarot, etc.

MIGNOT (Jacq.), pâtissier-traiteur de Paris, est devenu célèbre par un trait satirique de Boileau :

Car Mignot, c'est tout dire, et dans le monde entier
Jamais empoisonneur ne sut mieux son métier.

Pour se venger, il fit imprimer une satire de Cotin contre Boileau et s'en servit comme d'enveloppe pour ses biscuits : il obtint ainsi la vogue et fit fortune.

MIGNOT (Étienne), docteur de Sorbonne, né en 1698 à Paris, m. en 1771, était membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. On a de lui : Discours sur l'accord des sciences et des lettres avec la religion, 1753; des Droits de l'État et du prince sur les biens du clergé, 1755; Mémoires sur les libertés de l'Église gallicane, 1756; Histoire du démêlé de Henri II avec S. Thomas de Cantorbéry, 1756; Hist. de la réception du concile de Trente, 1756.

MIGNOT (l'abbé V.), abbé de Scellières, neveu de Voltaire, né à Paris en 1730, mort en 1790, était conseiller-clerc au grand conseil. C'est lui qui recueillit le corps de Voltaire. On a de lui : Histoire de l'impératrice Irène, 1762; — de Jeanne I, reine de Naples, 1764; — de Ferdinand et Isabelle, 1766; — de l'Empire ottoman, 1771, ouvrage estimé; des traductions françaises des traités de Cicéron Sur l'Amitié et la Vieillesse, 1780, ainsi que de Quinte-Curce, 1781.

MILAH, Milevis, v. d'Algérie (Constantine), près du Rummel, à 35 kil. N. O. de Constantine; 3000 h. Site délicieux; belle fontaine romaine. Ancien évêché. Il se tint deux conciles à Milève, en 402 et en 416. Cette ville fut occupée par les Français en 1838.

MILAN, dite la Grande, Mediolanum en latin, Milano en italien, grande v. du roy. d'Italie, capitale de la Lombardie, sur la r. g. de l'Olona, à 835 kil. S. E. de Paris (par Genève et le Simplon); 220 000 hab. Chemins de fer pour Venise, Monza, Plaisance, etc. Archevêché (dont S. Ambroise et S. Charles Borromée furent titulaires); résidence des hautes autorités; cour d'appel; académie royale des arts et sciences; académie de sculpture, d'architecture, des arts et manufactures; université, lycées, gymnases, etc. Rues belles en général, surtout celles qui conduisent aux Corsi. Superbe place du château (l'ancien foro Bonaparte), plantée de plus de 10 000 pieds d'arbre; place d'Armes; arc de triomphe inachevé; cirque (qui peut contenir 30 000 spectateurs); vaste cathédrale gothique de St-Charles, dite il Duomo; belles églises de St-Alexandre, St-Laurent, St-Ambroise, Ste-Marie de la Passion; palais royal des sciences et arts, avec observatoire ; galerie de tableaux et statues, musée, célèbre bibliothèque dite Ambrosienne qui contient plus de 15 000 manuscrits, bibliothèque de la Brera, avec musée et cabinet d'histoire naturelle; palais du gouvernement, palais Marini; vaste théâtre della Scala; superbe caserne, vaste hôpital, lazaret. Industrie active et variée: soieries, lainages, coutellerie, chapellerie, faïence, glaces, orfèvrerie, coraux, livres, instruments de mathématiques et d'astronomie, ouvrages en ivoire, albâtre, bronze; riz, fromages, etc. Patrie du poëte Cæcilius et de Valère-Maxime chez les anciens; et, chez les modernes, d'Alciat, Cavalieri, Beccaria, Verri, Maria Agnesi, Manzoni, et de plusieurs papes (Alexandre II, Urbain III, Grégoire XIV, etc.). — Milan fut fondée par le Gaulois Bellovèse vers l'an 687 av. J.-C., et fut d'abord la capitale des Insubres. Lorsque les Romains se furent emparés du pays, 195 av. J.-C., son importance fut éclipsée par Modène et Mantoue; mais au IIe siècle elle redevint la 1re de la province. Au IIIe, Maximien en fit sa capitale : c'est à Milan que Constantin rendit le célèbre édit en faveur des Chrétiens, 313. Sous les Lombards, elle ne fut que la 2e ville du royaume (Pavie était la capitale), La destruction de cet État par Charlemagne lui rendit le premier rang dans l'Italie septent., et depuis elle l'a toujours gardé. Sous la maison de Franconie, elle s'affranchit de l'oppression soit de ses seigneurs, soit des évêques, se constitua de fait en république presque indépendante, et ne releva plus que nominalement du roy. d'Italie. Sous les Hohenstaufen, elle fut le centre de la résistance italienne aux prétentions des Allemands et devint la ville guelfe par excellence. À cette époque (1153), elle asservit plusieurs villes voisines, Lodi, Come, etc. Frédéric I réprima ses empiétements et punit sa rébellion en la détruisant de fond en comble, 1162; mais elle se releva bientôt. Dès 1167 Milan était à la tête de la Ligue lombarde, qui finit par remporter la victoire de Legnano (1176) et dicta la paix de Constance (1183). De 1257 à 1535, elle fut régie successivement par les maisons Della Torre, Visconti, Sforza, sous lesquelles elle s'assujettit de nouvelles cités, formant ainsi le noyau du futur duché de Milan (V. ci-après). Cette ville eut souvent à souffrir pendant les guerres livrées aux XVe et XVIe siècles pour la possession du duché de Milan. Les Français l'occupèrent en 1499 et 1796. En 1800 elle devint la capitale de la République Cisalpine, et en 1805 du royaume d'Italie : elle était en même temps le ch.-l. du dép. de l'Olona. Attribuée à l'Autriche en 1815, elle fut la capit. du roy. Lombard-Vénitien. Elle secoua un instant le joug des Autrichiens en mars 1848, mais elle y fut replacée dès l'année suivante. Enfin en 1859, Milan fut délivrée à la suite de la victoire de Magenta : l'empereur Napoléon III et le roi de Sardaigne y firent leur entrée solennelle le 6 juin.

MILAN (gouvt de), une des deux grandes divisions de l'anc. royaume Lombard-Vénitien que possédait l'Autriche, répondait à la Lombardie actuelle, augmentée de Mantoue et de Peschiera. V. LOMBARDIE.

MILAN (Duché de), MILANEZ ou MILANAIS, anc. division de l'Italie septentrionale, ainsi nommée de Milan, sa capitale, était borné au N. par la Suisse, à l'E. par les possessions vénitiennes et le duché de Mantoue, au S. par le Pô et à l'O. par le Piémont. — Après avoir fait successivement partie de la Gaule Transpadane, de la monarchie des Lombards, de celle de Charlemagne, ce pays passa, dans le courant du Xe siècle, aux mains des empereurs d'Allemagne; pendant les guerres entre l'empire et la papauté, il s'érigea en une sorte de république vassale de l'empire, et fut régi par plusieurs grandes familles, notamment par les Della Torre à partir de 1257, et par les Visconti dès 1277. Sous ces derniers, l'empereur Wenceslas érigea le Milanais en duché en faveur de Jean Galéas Visconti (1395). Aux Visconti succédèrent les Sforce(1450), en la personne de François Sforce. De 1499 à 1547 les rois de France Louis XII et François I disputèrent aux empereurs la possession du Milanais, sur lequel ils avaient des droits du chef de Valentine