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avec galerie de tableaux; amphithéâtre romain assez bien conservé; aqueduc de 459 arches, achevé en 1829; belles promenades sur les remparts. La ville est pavée en dalles. Industrie : huile d’olive, draps, soieries, etc. Aux env., eaux minérales à 70° — Lucques fut fondée, dit-on, par les Tyrrhéniens ou les Lydiens; elle devint colonie romaine l’an 178 av. J.-C. Au moyen âge elle fut une des républiques guelfes de la Toscane. En proie aux querelles des Blancs et des Noirs, elle eut une foule de maîtres, entre autres Castruccio Castracani (1314-1328); fut vendue à Mastino della Scala, 1335, puis aux Florentins, 1341; subit le joug de Pise en 1342; fut rendue à la liberté par l’empereur Charles IV, 1365, mais ne demeura en république que jusqu’en 1400. Paul Guinigi la gouverna 29 ans avec gloire (1400-1429). A sa mort, Lucques eut avec Florence une longue guerre, à la suite de laquelle son indépendance fut reconnue. En 1805, elle fut donnée, avec son territoire, par Napoléon à sa sœur Élisa comme État indépendant, sous le titre de grand-duché de Lucques et de Piombino. En 1815, le gr.-duché, redevenu simple duché, fut attribué à l’anc. reine d’Étrurie, Marie-Louise d’Espagne, infante de Parme. Son fils, Ch.-Louis, y régna de 1824 à 1847 : ayant alors hérité du duché de Parme, il céda Lucques à la Toscane, dont elle a suivi la destinée.

LUCQUES (Duché de), sur le golfe de Gênes, entre le duché de Modène au N. O., le grand-duché de Toscane au S., avait 40 k. sur 32 et comptait 260 000 h. — Pour l'historique, V. LUCQUES.

LUCQUES-ET-PIOMBINO (grand-duché de). V. LUCQUES.

LUCRÈCE, Lucretia, fille de Spurius Lucretius, préfet de Rome, et épouse de Tarquin Collatin, ayant été déshonorée par Sextus, fils de Tarquin le Superbe, fit l'aveu de son malheur à son mari en présence de son père, de Brutus, et de quelques amis, et se donna la mort sous leurs yeux en leur demandant vengeance (509 av. J.-C.). Ce fut là l'occasion du renversement de la royauté et de l'établissement de la république. Arnault en 1792, Ponsard en 1843 ont mis en scène le malheur et la mort héroïque de Lucrèce.

LUCRÈCE BORGIA, L. GONZAGUE. V. BORGIA, etc.

LUCRÈCE, T. Lucretius Carus, poëte latin, né vers l'an 95 av. J.-C., d'une famille de chevaliers, était contemporain et ami d'Atticus, de Cicéron, de Catulle, de Memmius. Il s'attacha à la philosophie épicurienne et la chanta dans un poëme célèbre, De natura rerum (De la nature des choses), en 6 chants. On ne sait rien de certain sur sa vie; il se donna la mort à 44 ans; on dit qu'il se porta à cet acte de désespoir dans un accès de frénésie, maladie qui provenait chez lui d'un philtre que lui aurait donné une maîtresse jalouse. Lucrèce est loin de Virgile pour l'élégance et la pureté du style; on croirait même qu'un long intervalle de temps s'est écoulé entre deux poëtes qui cependant ne sont guère séparés que par une génération; mais Lucrèce a plus d'énergie. Son poëme offre des beautés du premier ordre; il est à regretter que tant de génie ne soit consacré qu'à soutenir les doctrines désolantes du matérialisme et de l'athéisme : l'auteur croyait en les répandant détruire la superstition et les vaines terreurs qu'elle engendre. Les meilleurs éditions de Lucrèce sont celles de Lambin, 1563; d'Havercamp, 1725; de Bentley et Wakefield, 1796; d'Aug. Lemaire, 1835; de Lachmann, 1850 et 1860-66; de Bernays, 1852, et de Munro, 1866. Il a été traduit en prose par Lagrange, 1768; par Pongerville, 1836 ; par Chaniol, par Blanchet, 1861; par Lavigne, 1870; enfin par L. Crouslé, 1871. M. de Pongerville en avait donné dès 1828 une traduction en vers fort estimée. Le cardinal de Polignac a réfuté les doctrines impies de Lucrèce dans un poëme latin célèbre, l'Anti-Lucrèce.

LUCRÉTILE (le), Lucretilis mons, auj. monte Gennaro ou Zappi, montagne du pays des Sabins, au N. de l'Anio, voisine de Tibur et d'Ustica : c'est sur cette montagne que se trouvait la campagne d'Horace.

LUCRIN (lac), Lucrinus, en Campanie, au N. O. de Naples, près de Putéoles, communiquait avec la mer, et était célèbre par ses parcs d'huîtres. En 1538 un tremblement de terre remplaça le lac par une mont. de 350m de haut, au sommet de laquelle s'ouvrit un cratère; ce lac n'est plus guère qu'un étang.

LUCULLUS (L. Licinius), Romain aussi célèbre par sa magnificence et son luxe que par ses talents militaires, né vers l'an 115 av. J.-C., fut d'abord questeur en Asie, puis préteur en Afrique par la protection de Sylla et remporta sur Amilcar, dans cette dernière province, deux victoires navales. Consul en l'an 74, et chargé de faire la guerre contre Mithridate, il le battit en plusieurs rencontres, soit par lui-même, soit par ses lieutenants, entre autres sur le Granique, à Cyzique, à Lemnos, et le força en 71 à se retirer chez Tigrane, roi d'Arménie, son gendre. Tigrane ayant refusé de livrer Mithridate, il passa en Arménie, remporta sur lui une victoire mémorable devant Tigranocerte, prit cette ville qui était la capitale de son royaume, et s'empara de Nisibe (70). En 68, Lucullus, que son inflexible sévérité avait rendu odieux aux soldats, se vit enlever son commandement et fut obligé de céder à Pompée la facile gloire d'achever la soumission de l'Asie. De retour à Rome, il n'y obtint qu'au bout de 3 ans les honneurs du triomphe. Il se retira près de Tusculum, dans une magnifique villa, voisine de celle de Cicéron, et y passa le reste de ses jours dans un faste et un luxe jusqu'alors sans exemple. Il mourut vers l'an 49 av. J.-C. Lucullus cultivait les lettres; il fut un des premiers à introduire à Rome la philosophie grecque. Il possédait une riche bibliothèque, qu'il ouvrit au public. Selon Ammien Marcellin, ce fut Lucullus qui apporta de Cérasonte à Rome le premier cerisier. On montre son tombeau sur l'emplacement de sa villa (sur la colline de Grotta Ferrata, près du vieux château de Borghetto), mais ce tombeau n'a rien d'authentique. Plutarque a écrit la Vie de Lucullus.

LUCUMON, mot étrusque signifiant chef ou prince. Il désigne aussi spécialement : 1° un guerrier étrusque qui vint secourir Romulus dans la guerre contre les Sabins; 2° le père de Tarquin l'Ancien (V. TARQUIN). — On donnait aussi le nom de Lucumonies aux douze cités qui formaient la confédération étrusque.

LUCUS ASTURUM, ville d'Hispanie (Tarraconaise), capitale des Astures, est auj. Oviedo.

LUCUS AUGUSTI, v. d'Hispanie (Gallécie), sur le Minius, est auj. Lugo;V. de la Gaule Narbonaise, chez les Voconces, est auj. Luc-en-Diois.

LUCUS DIANÆ ou FORUM LUCIUM, v. d'Italie, auj. Lugo.

LUDAMAR, contrée d'Afrique, habitée par des Foulahs, est bornée au N. par le grand désert du Sahara, au S. par le Kaarta et le Bambara, et a pour ch.-l. Benoum. C'est dans ce pays que Mungo-Park fut retenu captif et que le major Houghton succomba.

LUDE (Le), ch.-l. de cant. (Sarthe), sur le Loir, à 22 kil. S. E. de La Flèche; 2500 hab. Beau château. Anc. seigneurie, érigée en comté en 1515, puis en duché-pairie en 1675.

LUDE (Jacques DE DAILLON, sieur du), conseiller et chambellan de Louis XII et de François I, sénéchal d'Anjou, puis gouverneur de Brescia, se distingua dans les campagnes d'Italie, soutint 13 mois un siége contre les Espagnols dans Fontarabie (1522), et mourut en 1532. — H. DE DAILLON, duc du Lude, 1er gentilhomme de la chambre de Louis XIV, gouverneur des châteaux de St-Germain et de Versailles, grand maître de l'artillerie, duc et pair, se distingua aux siéges de Lille, Tournai, Douai, Maëstricht, Besançon, Dôle, Limbourg, Cambrai et Gand, et mourut à Paris en 1685. Mme de Sévigné parle souvent de lui dans ses lettres, et Ménage le cite comme bel esprit.

LUDEWIG (J. Pierre de), jurisconsulte et publiciste, né en 1668 au château de Hohenhardt en Souabe, m. en 1743, fut professeur de philosophie et d'histoire à l'Université de Halle, puis chancelier de cette université, archiviste et historiographe du duché de Magdebourg, et représenta l'électeur de Bran-