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bur, Algide, Frégelle, etc., qui formaient une confédération (les Herniques et Rome, quoique classés géographiquement dans le Vieux-Latium, ne lui appartenaient pas) ; 2° le Nouveau-Latium, au S. ; peuples principaux : les Èques, les Volsques, les Rutules, les Ausones ou Aurunces ; villes : Anagnie, Suessa-Pometia, Vélitres, Antium, Anxur, Ardée, Suessa-Aurunca. Ce dernier pays ne faisait pas primitivement partie du Latium ; il ne prit ce nom que lorsqu’il eut été conquis par les Romains. La soumission du Latium fut commencée par les Romains dès Romulus. En 664 av. J.-C., les Romains subjuguèrent Albe. Sous Tarquin le Superbe, la confédération latine, sauf Gabies, reconnut la supériorité de Rome. Révoltée en 498, elle fut battue en 496. Les Èques et les Volsques se soumirent en 367 ; ils reprirent les armes en 345 et 338, mais furent enfin écrasés en 314. Le Latium fut couvert par les Romains de colonies et de municipes. On nomma droit latin l’ensemble de divers privilèges qui étaient un acheminement au droit de cité, et qui tenaient le milieu entre ce droit et le droit italique. On dérive le nom de Latium soit de Latinus, un des rois du pays, soit de latere (être caché), parce que, dit-on, Saturne, chassé du ciel, serait venu se cacher dans ce pays. M. E. Desjardins a donné La Topographie du Latium, Paris, 1854, in-4, avec cartes.

LATMOS, montagne d’Asie-Mineure, sur les confins de l’Ionie et de la Carie, près de la côte, entre Milet et Héraclée, était célèbre dans la mythologie par les visites que Diane venait y faire au berger Endymion. Cette montagne donna son nom à une ville de Latmos et au golfe Latmique.

LATOFAO ou LEUCOFAO, lieu que l’on place soit à Liffol-Le-Petit (Hte-Marne), soit à Laffaux, entre Soissons et Laon, soit même près de Moret (Seine-et-Marne), fut le théâtre de deux batailles gagnées, l’une par Frédégonde sur Brunehaut en 696, l’autre par Ébroïn, maire du palais, sur Pépin d’Héristal et Martin, chefs des Austrasiens, en 680.

LATOMIES, Latomiæ, c.-à.-d. carrières, anc. carrières de Sicile, aux environs de Syracuse, devinrent ensuite des prisons. On a prétendu que Denys le Tyran y avait fait ménager des tuyaux souterrains qui conduisaient à une chambre de son palais la voix des prisonniers : c’est ce qu’on appelait l’Oreille de Denys ; mais ce conte a été démenti par l’observation des lieux. Philoxène fut enfermé aux Latomies.

LATONE, en grec Léto, fille du Titan Cœus et de Phœbé, sa sœur, fut aimée de Jupiter. Junon, par jalousie, força la Terre à lui promettre de ne donner aucune retraite à Latone ; mais Neptune, touché de compassion, fit sortir du fond de la mer l’île de Délos, où Latone se réfugia ; elle y mit au monde Diane et Apollon, fruits de ses amours avec Jupiter. Un jour que, persécutée par Junon, elle se reposait en Carie au milieu de la campagne, des paysans auxquels elle demandait de l’eau la raillèrent amèrement ; Latone, irritée, les fit changer en grenouilles par Jupiter (V. aussi NIOBÉ). Après sa mort elle fut mise au rang des divinités. Les femmes en couche l’imploraient dans leurs douleurs. Latone paraît être la même que la déesse Bouto des Égyptiens.

LATOPOLIS, c.-à-d. ville de Latone, nom donné par les Grecs à plusieurs villes d’Égypte qui étaient consacrées à Bouto, déesse qu’ils identifiaient avec leur Latone. La plus importante était en Thébaïde, au S. d’Hermonthis : c’est auj. Esneh.

LATOUCHE (H. de), écrivain, né en 1785 à La Châtre, m. en 1851, occupait sous l’Empire, dans les Droits réunis, un emploi qu’il perdit à la Restauration, et se livra dès lors tout entier aux lettres. Il avait débuté par de jolies pièces : les Projets de Sagesse (1811), le Tour de faveur (1818), comédies en vers ; mais, forcé de vivre de sa plume, il se mit à composer des écrits de circonstance qui nuisirent à sa réputation. Il rédigea à partir de 1825 le Mercure du XIX s., et après 1830 le Figaro, où il se montra souvent agressif et violent. Il publiait en même temps des romans ; en 1827, il fit paraître la Correspondance de Clément XIV et de Carlo Bertinazzi (Arlequin), œuvre toute fictive, qui fut remarqués. Il a aussi composé des poésies qui brillent par l’idée plus que par l’expression. Chargé d’examiner les œuvres jusque-là inédites d’A. Chénier. il en reconnut aussitôt la valeur, et la fit ressortir dans l’édition qu’il en donna en 1819 ; son nom restera attaché à cette espèce de résurrection littéraire. — V. GUIMOND DE L.

LA TOUCHE-TRÉVILLE (L. LEVASSOR de), marin, né à Rochefort en 1745, entra dans la marine à 13 ans, fut nommé capitaine de vaisseau en 1780, et soutint en 1781 sur l’Hermione, de concert avec l’Astrée, que commandait La Pérouse, un combat de plusieurs heures contre 4 frégates et 2 corvettes anglaises. En 1789, il fut député aux États généraux et fit partie de l’Assemblée constituante. En 1799, il commanda la flottille réunie à Boulogne, qu’attaqua fois en vain l’amiral Neslon (1801) ; en 1804, il fut fait vice-amiral, mais il mourut la même année à Toulon.

LA TOUR, nom de plusieurs familles nobles, dont la plus connue est la maison de La Tour d’Auvergne, qui tire son nom d’une petite ville de l’anc. Auvergne (V. ci-après LA TOUR D’AUVERGNE). Les seigneurs de La Tour, connus depuis le XIIe s., devinrent comtes d’Auvergne à la fin du XIVe (1389), par le mariage de Bertrand de La Tour, 4e du nom, avec Marie, héritière des comtés d’Auvergne et de Boulogne. Cette maison a formé plusieurs branches, entre autres celles des Turenne, des Bouillon, des barons de Murat.

Le nom de La Tour a encore été porté : 1° par une famille du Dauphiné (V. LA TOUR DU PIN) ; — 2° par une famille de Lombardie, plus connue sous le nom de Della Torre, qui prétend descendre de Charlemagne par Eriprand de La Tour, chevalier français qui vivait au XI{{}}e s. et qui a longtemps fourni des podestats à Milan (V. TORRE) ; — 3° par une famille princière d’Allemagne, connue sous le nom de La Tour et Taxis (Thurn und Tassis), à laquelle l’Allemagne doit l’établissement des postes, et qui en eut longtemps le monopole. Cette famille, qui se prétend issue de la précéd., a pour chef un certain Ladmoral, qui vivait au XIVe s. à Bergame. L’arrière-petit-fils de Ladmoral, Roger de La Tour et Taxis, aurait organisé les 1res postes dans le Tyrol. L’emp. Maximilien nomma son fils François maître général des postes en 1516.

LATOUR (Maurice Quentin de), peintre célèbre, né à St-Quentin en 1704, m. en 1788, peignait au pastel et réussissait surtout dans le portrait. Mme Pompadour et tous les seigneurs de la cour voulurent être peints par lui. Il fut reçu à l’Académie de peinture en 1746. Il créa une école gratuite de peinture à St-Quentin, et fonda un prix de 500 fr. pour le meilleur tableau de perspective. La ville de St-Quentin lui a érigé une statue inaugurée en 1856.

LA TOUR (BAILLET, comte de), général autrichien, né au château de La Tour (Luxembourg), vers 1748, m. en 1806, devint de bonne heure colonel d’un régiment de dragons qui porta son nom, puis général-major, se trouva à la bataille de Jemmapes en 1792, contribua aux succès du prince de Cobourg en Belgique, obtint quelque avantage à Wattignies, fut nommé feld-zeugmeister en 1796, mais ne sut ni empêcher Moreau de passer le Rhin, ni profiter de la retraite de ce général. Il n’en fut pas moins nommé président du conseil aulique de guerre.

LA TOUR (Ch. CAGNARD, baron de), physicien, né à Paris en 1777, mort, en 1859, entra à l’École polytechnique dès la fondation, passa de là à l’École des ingénieurs géographes, fut quelque temps attaché sous Napoléon Ier au Conseil d’État, quitta ces fonctions pour se livrer tout entier à la science, et fut admis à l’Institut en 1851. Oh lui doit d’importants travaux sur la mécanique, la chimie, la physique et particulièrement sur l’acoustique, ainsi que plusieurs inventions ingénieuses ; une sorte de vis d’Archimède destinée à porter les gaz sous un liquide et qu’il appela cagnardel (1809), le canon-