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en Angleterre; en France, elles furent tantôt suspendues, tantôt réduites; enfin elles ont été définitivement supprimées en 1789.

ANNE, Anna (c.-à-d. gracieuse, en hébreu et en phénicien), sœur de Pygmalion, roi de Tyr, abandonna sa patrie en même temps que Didon, sa sœur, et vint avec elle fonder Carthage. Après la mort de Didon, elle se retira en Italie pour se soustraire aux poursuites d'Iarbas, roi gétule, et y reçut l'hospitalité d'Énée; mais ayant excité la jalousie de Lavinie, elle se noya de désespoir dans le Numicus.

ANNE (Ste), femme de S. Joachim, et mère de la Ste Vierge. On la fête le 28 juillet.

ANNE COMNÈNE, fille de l'empereur Alexis Comnène, née en 1083, morte en 1148, conspira, après la mort de son père, pour détrôner Jean Comnène, son frère, et mettre en sa place son époux Nicéphore Bryenne. Ayant échoué par la faiblesse de Nicéphore, elle alla vivre dans la retraite et se consacra aux lettres. Elle composa la Vie d'Alexis, son père. Cet ouvrage se trouve dans la Byzantine et a été trad. par le président Cousin, Paris, 1651, in-fol.

ANNE de France, connue sous le nom de Dame de Beaujeu, fille de Louis XI, roi de France, et sœur aînée de Charles VIII, née en 1462, morte en 1522, fut mariée à Pierre II, sire de Beaujeu, duc de Bourbon. Pendant la minorité de Charles VIII, elle gouverna l'État avec autant de prudence que de fermeté. Elle assembla les États généraux en 1484, et eut à combattre les prétentions des grands, qui se révoltèrent ayant à leur tête le duc d'Orléans (roi depuis sous le nom de Louis XII); mais elle livra bataille à ce prince, le fit prisonnier à St-Aubin-du-Cormier, 1488, et le garda 2 ans prisonnier à Bourges.

ANNE de Bretagne, fille et héritière du duc de Bretagne François II, née en 1476, morte en 1514, fut d'abord mariée par procuration à Maximilien d'Autriche; mais cette union ne s'étant pas effectuée, elle épousa Charles VIII, roi de France (1491), et assura ainsi à la France la possession de la Bretagne. Cette princesse, qui joignait les qualités de l'esprit à la beauté, gouverna le royaume pendant l'expédition de Charles VIII en Italie. Après la mort de ce prince, elle épousa Louis XII (1499).

ANNE de Hongrie, fille de Ladislas VI, porta la couronne de Hongrie et de Bohême à son époux, Ferdinand d'Autriche, en 1527. Zapolski, voivode de Transylvanie, étant venu assiéger Vienne, Anne, qui s'y trouvait enfermée, montra beaucoup de courage et de fermeté. Elle mourut à Prague en 1547.

ANNE d'Autriche, reine de France, fille aînée de Philippe III, roi d'Espagne, naquit en 1602, épousa Louis XIII en 1615, et devint mère de Louis XIV en 1638, après 23 ans de mariage. Du vivant de son époux, cette princesse n'eut aucun crédit et fut entièrement sacrifiée à l'ambition jalouse de Richelieu, qui l'impliqua même dans une conspiration et la fit reléguer comme prisonnière au Val-de-Grâce. Devenue régente à la mort de Louis XIII (1643), elle donna toute sa confiance à un étranger, au cardinal Mazarin, et excita par là des mécontentements qui donnèrent naissance aux troubles de la Fronde (1648-53); néanmoins, elle résista et maintint le pouvoir intact. Elle mourut en 1666.

ANNE, reine d'Angleterre, fille de Jacques II et d'Anne Hyde, sa première femme, née en 1664, morte en 1714, fut élevée dans la religion anglicane, et mariée au prince Georges, frère du roi de Danemark. Après la mort de Guillaume III, époux de Marie, sa sœur aînée, les Anglais l'appelèrent au trône en 1702. Les victoires de Marlborough, son général et son favori, firent rejaillir sur son règne une gloire immortelle; néanmoins, elle n'hésita pas à sacrifier ce général au désir de la paix. Elle eut une grande part au traité d'Utrecht (1713), et y fut l'arbitre de l'Europe. Elle essaya en vain d'ouvrir à son frère, Jacques III, le chemin du trône. L'un de ses actes les plus mémorables, c'est d'avoir consommé définitivement l'union de l'Écosse et de l'Angleterre en formant un seul parlement (1707). Sous son règne, la littérature anglaise brilla du plus vif éclat.

ANNE IVANOVNA, impératrice de Russie, fille d'Ivan, frère de Pierre I, née en 1693, morte en 1740, épousa le duc de Courlande, et fut proclamée impératrice en 1730 à la mort de Pierre II, à l'exclusion d'Anna Petrovna, fille aînée de Pierre le Grand. Cette princesse fut subjuguée par Jean de Biren, son favori, et quoiqu'elle fût naturellement humaine, elle laissa commettre par ce ministre de grandes cruautés.

ANNE (Ordre de Ste-), ordre russe, institué d'abord dans le Holstein dès 1735, par le duc Frédéric, en l'honneur de sa femme Anne, fille de Pierre le Grand, ne fut régulièrement établi en Russie qu'à l'avénement de Paul I en 1756. La croix a 4 branches, est rouge, émaillée, et porte au centre l'image de Ste Anne; le ruban est rouge liseré de jaune.

ANNEBAUT (Claude d'), baron de Retz, d'une ancienne famille de Normandie, qui tirait son nom du château d'Annebaut (Eure), fut fait prisonnier avec François I, en 1525, à la bataille de Pavie, reçut le bâton de maréchal en 1538, fut nommé amiral en 1543, puis chargé de l'administration des finances avec le cardinal de Tournon; il mourut en 1552. – Son fils unique, Jacques d'Annebaut, fut tué à la bataille de Dreux, en 1562.

ANNECY, v. de France, ch.-l. du dép. de Hte-Savoie, à 646 k. S. E. de Paris et à 35 k. N. de Chambéry, sur le lac d'Annecy (16 kil. sur 4); 10 500 h. Évêché depuis 1535 (transféré de Genève), réuni à celui de Chambéry en 1801, puis rétabli (1823); collége dit Chappuisien. Anc. résidence des comtes de Génevois. S. François de Sales fut évêque d'Annecy, et ses reliques sont conservées dans la cathédrale. Berthollet, né près de là, y a une statue. – Cette ville, qui suivit le sort de la Savoie, appartint jusqu'en 1860 aux États sardes; elle était le ch-l. d'une prov. qui comptait 270 500 h. Cédée à la France avec le reste de la Savoie.

ANNESE (Gennaro), ancien fourbisseur à Naples, remplaça Masaniello dans le commandement des Napolitains révoltés (1647). Trahissant la confiance de ses compatriotes, il traita avec don Juan d'Autriche, et lui remit les clefs de la ville (1648); il n'en fut pas moins une des premières victimes de la réaction.

ANNIBAL, général carthaginois, fils d'Amilcar, né l'an 247 av. J.-C. Son père lui avait fait jurer dès son enfance une haine implacable aux Romains. Il servit 3 ans en Espagne sous les ordres de son beau-frère Asdrubal, et à la mort de ce général il fut unanimement proclamé général en chef par l'armée carthaginoise, quoiqu'il eût à peine 25 ans. Il ralluma la guerre avec les Romains en prenant et saccageant, au milieu de la paix et contre la foi des traités, la ville de Sagonte, alliée de Rome (219 av. J.-C.) Pensant qu'on ne pouvait vaincre les Romains que dans Rome, il quitta l'Espagne à la tête de 100 000 soldats, traversa les Gaules, franchit le Rhône et les Alpes (218), et envahit l'Italie : il marcha d'abord de succès en succès, et remporta sur 3 consuls les 3 grandes victoires du Tésin, de la Trébie (218), du Trasimène (217). Retardé quelque temps par la sage temporisation de Fabius, il n'en pénétra pas moins jusqu'au fond de la Péninsule, et battit complétement les Romains à la bat. de Cannes (216 ), où il leur tua près de 50 000 h. S'il avait marché droit à Rome après cette victoire, peut-être, a-t-on dit, s'en fût il rendu maître; mais ses délais laissèrent aux Romains le temps de reprendre courage, et ses troupes cantonnées en Campanie s'amollirent dans les délices de Capoue. Marcellus le vainquit deux fois devant Nole. Asdrubal, son frère, qui lui amenait d'Espagne des troupes fraîches, fut battu et tué près du Métaure avant d'avoir effectué sa jonction (207). D'ailleurs, Annibal n'obtenait de Carthage qu'avec peine, et en petite quantité, l'argent et les renforts dont il avait besoin. Cependant il se maintint encore plu-