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duché de Normandie pour 10 000 marcs d’or, en partant pour la croisade (1096). Guillaume s’empara de ce duché pendant que son frère était en Terre-Sainte ; mais il eut à comprimer plusieurs révoltes des Normands, excitées par Philippe, roi de France. Ses exactions, ses violences, ses cruautés le faisaient détester de tous ; S. Anselme, abbé du Bec, accablé par lui de mauvais traitements, fut contraint de se réfugier à Rome. Il mourut en 1100, tué accidentellement à la chasse par W. Tyrrel.

GUILLAUME III, né en 1650, à La Haye, était fils le Guillaume II de Nassau, prince d’Orange, et de Henriette Marie Stuart, fille de Charles I, roi d’Angleterre. Il fut élu stathouder de Hollande en 1672, sous le nom de prince d’Orange, et commanda les troupes de la république, alors en guerre avec Louis XIV. Quoique souvent vaincu dans cette guerre, notamment à Senef (1674), il fit partout face à l’ennemi, donna les preuves les plus éclatantes de courage, de prudence et d’habileté, et conclut avec la France, à Nimègue, une paix honorable, qui assurait l’indépendance des Provinces Unies (1678). Guillaume d’Orange avait épousé Marie, fille de Jacques II, roi d’Angleterre : Jacques, par sa prédilection marquée pour la religion catholique, irritait de jour en jour les Anglais : son gendre, profitant de cet état des esprits, se fit un parti puissant en Angleterre, débarqua en 1688 avec une flotte sur les côtes, et se vit aussitôt entouré de nombreux partisans, à la tête desquels était le célèbre Marlborough. Il obligea le faible Jacques II à se retirer en France, et se fit proclamer roi à sa place, sous le nom de Guillaume III (1689), tout en conservant son titre de stathouder en Hollande. Jacques, soutenu par Louis XIV, ayant tenté de recouvrer son trône, il le vainquit à la Boyne en Irlande (1690). Deux ans après, sa flotte battit les Français à La Hogue (1692), et bien que défait à Steinkerque et à Nerwinde (1692 et 93), il força le roi de France à le reconnaître roi d’Angleterre par la paix de Ryswick (1697). Après avoir eu de grandes difficultés à vaincre dans l’intérieur de ses nouveaux États, Guillaume III se rendit enfin maître de tous les esprits, et put consacrer la liberté politique et religieuse. Il mourut en 1702, d’une chute de cheval, laissant l’Angleterre paisible et puissante. Anne, sa belle-sœur, lui succéda. Sa Vie a été écrite par Trévor, Londres, 1839, et par Macaulay, 1848.

GUILLAUME IV, 3e fils de Georges III, né en 1765, mort en 1837, porta à partir de 1788 le titre de duc de Clarence. Il servit sur mer dès sa première jeunesse, devint amiral après avoir passé par tous les grades, et protégea constamment la marine. Avant de monter sur le trône, ce prince avait longtemps mené une conduite scandaleuse, vivant publiquement avec l’actrice Jordans. Il épousa en 1818 une fille du duc de Saxe-Meiningen, mais il n’en eut point de postérité. Après la mort de George IV, en 1830, il fut proclamé roi. Il favorisa successivement les whigs et les tories ; cependant la réforme parlementaire fut accomplie sous son règne (1832). Il fut remplacé sur le trône par sa nièce, la reine Victoria.

IV. Comtes de Hollande et rois des Pays-Bas.

GUILLAUME, comte de Hollande, fut pendant le grand interrègne proclamé empereur d’Allemagne par le pape Innocent IV en 1247, en opposition à Frédéric II, et resta seul maître de l’empire à la mort de Conrad IV, 1254. Plus occupé de ses affaires propres que de celles de l’empire, il fit la guerre à ses voisins pour étendre ses États. Il périt en 1256, dans une guerre contre les Frisons.

GUILLAUME DE NASSAU-ORANGE, stathouders de Hollande. V. NASSAU et GUILLAUME III (roi d’Angl.).

GUILLAUME Ier, roi des Pays-Bas, né en 1772 à la Haye, était fils de Guillaume V, stathouder de Hollande (dépossédé par les Français et mort à Brunswick en 1806), et fut d’abord connu sous les titres de prince d’Orange, de duc de Nassau, de Prince héréditaire des Provinces-Unies de Hollande. Il servit dans la campagne contre la France en 1793 et 94 sous le prince de Cobourg, disputa vainement son pays aux Français, fut dépouillé par Napoléon I de ses possessions patrimoniales en Allemagne pour avoir refusé d’accéder à la Confédération du Rhin, rentra en Hollande des 1813, après la bataille de Leipsick, prit dès lors le titre de prince souverain, et reçut des Alliés en 1815 celui de roi des Pays Bas, réunissant sous son sceptre la Belgique et la Hollande. Il donna à son peuple une constitution et un gouvt représentatif, mais il s’aliéna les Belges en inquiétant le culte catholique et en imposant l’usage de la langue flamande. Une insurrection formidable éclata à Bruxelles le 25 août 1830, peu de jours après la révolution de France. Malgré sa longue et énergique résistance, il ne put empêcher la séparation des deux pays : il finit par y accéder en 1838. Bientôt il mécontenta les Hollandais eux-mêmes en présentant un budget onéreux, qui fut rejeté (1839), et en contractant un mariage avec une dame belge et catholique, la comtesse d’Oultremont. Dégoûté du trône, il abdiqua en 1840, et se retira à Berlin, où il mourut subitement en 1843, laissant une fortune de plus de 300 millions. — Guillaume II, né en 1792, qui lui avait succédé en 1840, mourut dès 1848 : il s’était attaché à diminuer les charges du peuple et à concilier tous les intérêts. Il eut pour successeur son fils, né en 1817, qui prit le nom de Guillaume III.

V. Rois et princes divers.

GUILLAUME, roi d’Écosse, surnommé le Lion, parce qu’il portait un lion dans ses armes, succéda en 1165 à son frère Malcolm IV, fit la guerre à Henri II, roi d’Angleterre, fut vaincu, fait prisonnier, enfermé au château de Falaise, et ne recouvra sa liberté qu’après s’être reconnu vassal du roi d’Angleterre. À l’avènement de Richard Cœur de Lion, il se délivra de ce vasselage moyennant 10 000 marcs d’argent Depuis, il régna paisible jusqu’à sa mort, en 1214.

GUILLAUME, ducs d’Aquitaine. L’Aquitaine a eu dix ducs de ce nom. Les plus connus sont : G. I, le Saint V. ci-dessus GUILLAUME (S.). — G. III, dit Tête d’étoupe à cause de la couleur de ses cheveux ; il régna de 942 à 956, se vit forcé de faire hommage de son duché à Louis d’Outremer, fut en guerre avec le roi Lothaire qui le battit à Poitiers en 954, et le força à lui fournir des secours contre le comte de Champagne. — G. V, le Grand (993-1030) : il protégea les sciences et les lettres, les cultiva lui-même et établit une école dans son palais. Il se retira dans l’abbaye de Maillezais et y prit l’habit. — G. IX (1086-1127), guerrier et troubadour. Il partit en 1101 pour la Terre-Sainte avec une nombreuse armée et revint presque seul. Livré au plaisir et à la galanterie, il dépouilla souvent des monastères pour enrichir des femmes et des courtisans et fut excommunié en 1119 par le concile de Reims. On trouve quelques pièces de lui dans la Bibliothèque du Poitou de Dreux du Radier. — G. X, dernier duc d’Aquitaine (1127-1137), fils du préc., s’abandonna, comme son père, au plaisir. Son règne fut agité par des guerres presque continuelles, tantôt contre le roi Louis le Gros, tantôt contre les Normands. À sa mort, ses États passèrent entre les mains de sa fille Éléonore, si connue sous le nom d’Éléonore de Guyenne.

V. Savants, artistes, etc.

GUILLAUME D’APULIE ou DE POUILLE, Gulielmus Apuliensis, moine du Mont-Cassin au XIe siècle, composa vers 1090, à la demande du pape Urbain II, une Chronique en vers latins où il raconte les conquêtes des Normands dans l’Apulie, la Calabre et la Sicile. Cette chronique, en vers faciles, donne de précieux renseignements sur cette partie de l’histoire. Éditée pour la 1re fois à Rouen en 1582, elle a été reproduite dans les recueils de Leibnitz et de Muratori.

GUILLAUME DE JUMIÉGES, bénédictin, de l’abbay de Jumiéges, mort vers 1090, est auteur d’une Histoire des Normands, en latin, trad. dans la collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, de