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grand zèle. Après avoir été 14 ans attaché au duc de Ferrare, sans en recevoir de récompense, il passa successivement au service du duc de Savoie, du duc de Mantoue, du grand-duc de Florence, Ferdinand, dont il n'eut guère plus à se louer, et se retira à Venise, où il termina sa vie. Guarini s'exerça surtout dans le genre dramatique. Le plus célèbre de ses ouvrages est Il Pastor fido, tragi-comédie pastorale en 5 actes et en vers, souvent imprimée, et traduite dans presque toutes les langues de l'Europe, notamment en français par Pacquet, 1733. Ce poëme peut soutenir le parallèle avec l’Aminta du Tasse; cependant le style de Guarini, bien que brillant et riche d'images, n'a pas la pureté, la douceur, l'élégance qui caractérisent le poëte de Sorrento. Ses Œuvres ont été publiées à Ferrare, 1737, 4 vol. in-4. On y trouve des comédies, des satires, des sonnets, des odes, et même des traités politiques.

GUARINI (Camille), architecte et littérateur, né à Modène en 1624, m. en 1683, appartenait à l'ordre des Théatins, et enseigna les belles-lettres et la philosophie avant de se faire architecte. Le duc de Savoie l'appela à sa cour en 1668, comme architecte et lecteur. Guarini a élevé en Italie et à l'étranger un grand nombre de monuments : à Turin, le palais du prince royal et du prince de Carignan, la chapelle royale, l'église St-Laurent, le collége des nobles; à Vicence, l'église St-Gaëtan; à Modène, le couvent des Théatins; à Messine, celui des Somasques ; à Lisbonne, l'église Ste-Marie de la Providence ; à Paris, l'église Ste-Anne et la maison des Théatins. Il est de l'école de Borromini, époque de décadence. Comme écrivain, on lui doit, entre autres ouvrages : Placita philosophica, Paris, 1665; Trattato di fortificazione, Turin, 1676; Leges temporum et planetarum, 1678; Cœlestis mathematica, 1683; Architettura civile, 1737, 2 vol. in-fol., ouvrage qui contient les plans de la plupart de ses monuments.

GUARINO, lexicographe. V. FAVORINUS.

GUARNERIUS, célèbre famille de luthiers italiens, établie à Crémone pendant le XVIIe et le XVIIIe siècle. Le plus ancien est André Guarnerius, contemporain de Stradivarius, et élève de Nicolas Amati. Ses violons, ses altos et ses basses participent des qualités de ces deux maîtres. Ses meilleurs violons portent la date de 1662 à 1680. — Joseph, neveu et élève d'André ainsi que de Stradivarius, n'eut pas moins de renommée; ses violons sont datés de 1717 à 1740.

GUASCO (Ottaviano de), savant piémontais, chanoine de Tournai, né à Pignerol en 1712, vint en France en 1738, se lia avec Montesquieu, passa plusieurs années dans l'intimité de cet homme célèbre, obtint plusieurs prix sur des questions d'érudition, fut élu membre de l'Académie des inscriptions, fut comblé de bienfaits par le roi de Sardaigne et m. à Vérone en 1781. Il a écrit en français. On a de lui une Histoire du pape Clément V, 1747; un recueil de Dissertations historiques, politiques et littéraires, 1756 ; un recueil de Lettres familières de Montesquieu, 1767 ; une traduct. italienne des Satires du prince D. Cantemir et de l'Esprit des lois de Montesquieu.

GUASPRE (Gaspard DUGHET, dit, par corruption de son prénom, LE), peintre, né à Rome en 1613 d'une famille patricienne, m. dans la même ville en 1675, eut pour maître le Poussin, qui avait épousé sa sœur. Il excella dans le paysage historique, égala en ce genre Cl. Lorrain, Salvator Rosa, et Poussin lui-même, qui fit les figures de plusieurs de ses tableaux. Il travaillait avec une facilité extraordinaire Souvent il acheva en un seul jour un vaste paysage. Pour mieux observer et reproduire la nature, il avait loué aux environs de Rome quatre maisons de campagne situées à des expositions différentes.

GUAST (le marquis du). V. AVALOS (Alph. d').

GUASTALLA, v. forte d'Italie, sur la r. dr. du Pô, près de son confluent avec le Crostolo, à 27 k. N. E. de Parme et à 30 k. N. de Modène : 6000 h. Jadis ch.-l. du duché de Guastalla, auj. ch.-l. de district. Château fort, évêché, séminaire. Fabriques diverses; filature de soie, grand commerce de riz. Célèbre victoire des Français sur les Autrichiens, le 19 sept. 1734. — L'ancien duché de Guastalla, enclavé entre le duché de Modène et le roy. Lombard-Vénitien, était borné à l'O. par le Crostolo; il avait 16 kil. de long sur 14 de large, et env. 30 000 hab. Après avoir eu des souverains particuliers, il tomba, en 1677, entre les mains des ducs de Mantoue; l'empereur François I, époux de Marie-Thérèse, s'en empara en 1746, après la mort du dernier duc; il le céda en 1748 à don Philippe, duc de Parme, par le traité d'Aix-la-Chapelle. En 1796, il fut réuni à la république italienne, puis donné par Napoléon à sa sœur Pauline. Peu après il fut compris dans le roy. d'Italie, où il forma le dép. de Crostolo. Réannexé en 1815 au duché de Parme, il fut cédé en 1847 au duc de Modène, à la mort de l'archiduchesse Marie-Louise. Il est depuis 1860 compris dans le Royaume d'Italie.

GUASTALLINES, religieuses de l'ordre des Barnabites, furent ainsi appelées du nom de leur institutrice, Louise Torrelli, comtesse de Guastalla. On les appelle aussi les Angéliques.

GUATAVITA, bourg de la Nouv.-Grenade (Cundinamarca), à 31 kil. N. de Bogota, était, avant la conquête espagnole, le séjour d'un cacique puissant. Aux environs se voit un lac qui contient, dit-on, une énorme quantité d'or et d'objets précieux, que les Indiens y jetaient en l'honneur de leurs dieux.

GUATEMALA ou GUATIMALA, Guatemala-la-Nueva, v. d'Amérique, capit. de la république de Guatemala, par 93° 45' long. O., 14° 40' lat. N., sur le Rio-das-Vacas: 60 000 hab. Archevêché, université, colléges, séminaires ; académie des beaux-arts, bibliothèque, muséum d'histoire naturelle, etc. Assez jolie ville, située dans une belle et vaste plaine ; les maisons sont basses pour atténuer l'effet des tremblements de terre. Belle place, où sont réunis la cathédrale, le palais archiépiscopal et le palais du gouvernement; hôtel de ville, monnaie, douane. Ateliers de sculpture et de broderie; instruments de musique, mousselines, gazes; porcelaine, poterie. Ses musiciens, sculpteurs, orfèvres et en général tous ses ouvriers sont très-renommés. Culture importante du tabac et de la cochenille. Aux env., aqueduc de 9 k. de long. Cette v. fut fondée en 1775, après la ruine de Guatemala-la-Vieja.

GUATEMALA (VIEILLE-), en esp. Guatemala-la-Vieja, Santiago de los Caballeros de Guatemala et Antigua, v. du Guatemala, à 35 k. N. de Guatemala-la-Nueva, entre les volcans d'Agua et de Fuego, dont l'un vomit de l’eau, et l'autre du feu ; env. 18 000 hab. C'était jadis la 1re ville du Guatemala. Elle fut fondée par les Espagnols en 1524, le jour de la St-Jacques (d'où son nom de Santiago), en face du mont Agua (d'où celui d'Antigua), sur l'emplacement d'une ville indienne; elle comptait déjà 34 000 h. lorsqu'elle fut détruite, en 1541, par une éruption des deux volcans. Rebâtie à peu de distance, elle fut de nouveau renversée en 1774 par un tremblement de terre; c'est alors que fut fondée Guatemala-la-Nueva. L'anc. ville se releva néanmoins en 1799.

GUATEMALA (Confédération de), État fédératif de l'Amérique, qu'on nommait aussi États-Unis de l'Amérique centrale, était située sur la mer du Mexique et la mer Pacifique, et bornée à l'E. par la mer des Antilles, à l'O. par le Grand Océan, au N. par le Mexique, et au S. par l'isthme de Panama et l'État de Colombie. Elle comprenait 5 États (Guatemala, Honduras, San-Salvador, Nicaragua, Costa-Rica), plus un district fédéral, et avait pour ch.-l. San-Salvador. — Les Espagnols abordèrent pour la 1re fois dans cette contrée en 1502; ils soumirent facilement les tribus qui l'habitaient, quoiqu'elles eussent victorieusement résisté aux empereurs du Mexique. Une audience royale, présidée par un capitaine général, gouvernait le pays, qui reçut le titre du royaume, et fut divisé en 15 provinces. En 1821, le Guatemala, suivant l'exemple des autres colonies espagnoles, se