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sion de la Grande-Bretagne (V. AUGUSTIN) et celle des Goths ariens. On a accusé ce pape d'avoir par excès de zèle brûlé les livres profanes et détruit des monuments païens ; mais cette accusation a été victorieusement réfutée. C'est Grégoire I qui a le plus contribué à constituer la liturgie de la messe et qui a établi le rit dit grégorien (V. GRÉGORIEN). Il laissa de nombreux écrits, parmi lesquels on remarque le Sacramentaire, recueil des prières pour les messes et pour l'administration des sacrements, et l’Antiphonaire, recueil des chants d'église usités de son temps. La meilleure édition de ses Œuvres est due à Denis Ste-Marthe et Bessin, Paris, 1705, 4 vol. in-fol. On a une traduction de ses Lettres choisies, par L. H. Gondrin. On le fête le 12 mars et le 3 sept. Le P. Maimbourg a écrit l’Histoire de sa vie et de son pontificat, 1686. — Un ordre de S. GRÉGOIRE LE GRAND a été fondé par Grégoire XVI en 1831 pour récompenser le mérite religieux, civil et militaire. Il a pour insigne une croix d'or octogone émaillée de rouge, offrant au centre l'image de S. Grégoire, suspendue à un ruban rouge avec liseré orange.

GRÉGOIRE II (S.), Romain, élu eu 715, rétablit le monastère du Mont-Cassin, convoqua en 729 un concile contre les Iconoclastes, envoya S. Boniface prêcher la religion en Allemagne, et mourut en 731. On l'honore le 2 fév.

GRÉGOIRE III, Syrien, fut placé par le peuple sur le St-Siége pendant les funérailles de Grégoire II (731). Il eut à combattre les Lombards et à lutter contre les Iconoclastes; mais il mourut avant d'avoir pu extirper l'hérésie (741). Il mérita par sa charité d'être appelé l'Ami des Pauvres.

GRÉGOIRE IV, fils d'un patricien de Rome, élu en 827, mort en 844. Pendant les troubles entre Louis le Débonnaire et ses fils, il vint en France pour y rétablir la paix : mais il ne put y réussir, et se prononça contre le père. Il fortifia le port d'Ostie.

GRÉGOIRE V, Brunon, était neveu de l'empereur Othon III. Il fut élu en 996, eut à lutter contre le sénateur Crescentius, fit chasser de Rome par les soldats de son oncle l'antipape Philagathe, qui avait pris le nom de Jean XVI (997); imposa sept années de pénitence à Robert, roi de France, qui avait épousé Berthe sa cousine, et l'obligea à la répudier (998). Il mourut l'année suivante.

GRÉGOIRE VI, antipape. V. LÉON.

GRÉGOIRE VI, Jean Gratien, Romain, fut élu en l044. Trois autres pontifes se disputaient le St-Siége, Benoît IX, Sylvestre III et Jean XX, et tout le Patrimoine de S. Pierre était au pillage : Grégoire parvint, à force d'or, à éloigner les antipapes, et s'efforça de mettre un terme au désordre ; mais des cardinaux ambitieux et l'empereur Henri III, dit le Noir, entravèrent ses sages réformes, et dans son découragement il abdiqua (1046).

GRÉGOIRE VII (S.), pape célèbre, appelé d'abord Hildebrand, né vers l'an 1013, était fils d'un charpentier de Soana en Toscane, et fut d'abord moine de Cluny. Chargé d'une mission à Rome, il y connut le prêtre Gratien, depuis Grégoire VI, et s'attacha à lui. Il fut fait cardinal par Léon IX ; son crédit alla toujours croissant sous les règnes suivants, et il fut élu en 1073. Il remit en vigueur le célibat ecclésiastique, combattit la simonie, s'efforça d'étendre son autorité jusque sur le temporel, et prétendit même disposer des royaumes. À cette époque, les souverains, non contents de distribuer d'immenses domaines aux évêques, les investissaient eux-mêmes des fonctions épiscopales : Grégoire VII réclama pour la puissance ecclésiastique le droit d'investiture aussi bien que l'institution canonique. Il rencontra dans l'empereur Henri IV un redoutable adversaire ; la lutte terrible qui s'engagea entre eux est connue sous le nom de querelle des Investitures (V. ce mot). Henri fut un moment contraint de renoncer au droit qu'il s'était arrogé d'instituer des évêques, et, après avoir été excommunié, il se vit réduit à s'humilier aux pieds du pontife (1077); mais il se releva bientôt, vint attaquer Grégoire dans Rome même à la tête d'une armée (1080), et lui opposa l'antipape Guibert, sous le nom de Clément III. Grégoire VII appela à son secours le Normand Robert Guiscard, duc de Calabre, qui le rétablit sur son siége, mais qui remplit Rome de sang. Grégoire suivit ses libérateurs quand ils sortirent de Rome; il mourut peu après, en 1085, à Salerne. D'un zèle ardent, qui put paraître quelquefois excessif, inflexible dans ses résolutions, austère dans ses mœurs, ce pontife fut assurément un grand et saint homme. Il fut canonisé : on l'hon. le 25 mai. — On a de Grégoire VII des Lettres (dans les collections des Conciles) ; des Maximes sur le pouvoir pontifical, recueillies dans un écrit intitulé : Dictatus papæ; un Commentaire sur les psaumes pénitentiaux, qui est aussi attribué à Grégoire I. Les ouvrages les plus importants à consulter sur ce pape sont l’Histoire du pape Grégoire VII, par J. Voigt, 1815, 2 vol. in-8, trad. par l'abbé Jager, 1839, celle de Gfroerer, 5 vol. in-8, 1859-60, et celle de M. Villemain.

GRÉGOIRE VIII, Albert de Spinacchio, successeur d'Urbain III, élu en 1187, ne régna que deux mois.

GRÉGOIRE IX, neveu d'Innocent III, était cardinal-évêque d'Ostie quand il fut élu, en 1227. Il fit prêcher une nouvelle croisade, excommunia deux fois Frédéric II, d'abord pour avoir refusé d'aller en Palestine après s'y être engagé, puis pour avoir fait une paix honteuse avec les Infidèles. Il se vit plusieurs fois forcé par ce prince irrité de quitter Rome en fugitif. Il mourut en 1241, dans sa centième année. Il a donné un recueil des décisions papales, appelé Décrétales de Grégoire IX : c'est une des principales parties du Corps de droit canonique.

GRÉGOIRE X, Thibaut Visconti, d'abord archidiacre de Liège, fut élu en 1271, quoique absent. Il tint à Lyon en 1274 un concile général auquel assistèrent les ambassadeurs des souverains de l'Europe et de quelques-uns des princes de l'Asie : il s'agissait de réunir les Églises grecque et latine, d'envoyer des secours en Palestine et de donner des règles de discipline au clergé. Ce dernier article eut seul un commencement d'exécution. Grégoire X décida Philippe le Hardi à céder au St-Siége le comtat Venaissin, qui faisait partie de l'héritage d'Alphonse de Poitiers et de sa femme Jeanne de Toulouse. Il mourut en 1276.

GRÉGOIRE XI, Pierre Roger de Beaufort, né en l332 près de Limoges, neveu de Clément VI, élu en 1370, régna d'abord à Avignon. Sur les instances des Romains, il reporta le St-Siége à Rome, et mit ainsi fin à ce qu'on appelait la Captivité de Babylone. Il condamna l'hérésie de Wiclef et m. en 1378.

GRÉGOIRE XII, Angelo Corrario, d'une des premières familles de Venise, était évêque de cette ville lorsqu'il fut élu en 1408. Le grand schisme d'Occident affligeait alors l'Église, et depuis la mort de Grégoire XI il y avait deux papes, l'un en France, l'autre en Italie. Grégoire XII avait juré de se démettre du pontificat si son rival (Benoît XIII) en faisait autant, pour laisser élire un seul pape; mais comme tous deux tardaient à tenir leur serment, les cardinaux les déposèrent au concile de Pise (1409) et nommèrent Alexandre V. Grégoire finit par adhérer à cette décision. On lui conserva le titre de doyen des cardinaux. Il mourut en 1417, à 91 ans.

GRÉGOIRE XIII, Buoncompagno, élu en 1572, fut élevé sur le St-Siége d'une voix unanime par le crédit du cardinal de Granvelle. Il tenta, mais en vain, d'organiser, de concert avec l'Espagne, une expédition contre les Turcs, envoya des secours de troupes et d'argent à Henri III contre les Calvinistes, et soutint la Ligue; mais il s'est principalement rendu célèbre par la réforme du calendrier Julien et l'établissement du Calendrier grégorien. Grégoire mourut en 1585, à 83 ans. Ce pape, très-versé dans la jurisprudence, avait professé cette science avec dis-