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en 554, et fut en grande faveur à la cour des rois Childebert et Clotaire. Néanmoins, il excommunia Caribert, un des fils de ce dernier, pour ses débordements. Il s'interposa vainement entre Sigebert et Chilpéric dans la lutte suscitée entre ces deux rois par Frédégonde. Il fonda l'église qui porte encore auj. le nom de St-Germain des Prés, à Paris. On le fête le 28 mai. Sa Vie a été écrite par Fortunat.

GERMAIN (Thomas), architecte, sculpteur et orfévre, né à Paris en 1673, m. en 1748, était fils de Pierre Germain, habile ciseleur, dont les ouvrages ornaient le château de Versailles. Thomas G. exécuta en 1704 un des trophées qui ornent le chœur de Notre-Dame, en 1722 un soleil dont Louis XV fit présent à l'église de Reims, fit construire en 1738 l'église St-Louis-du-Louvre et confectionna un grand nombre de belles œuvres d'orfèvrerie ; la plupart ont été fondues sous Louis XV et pendant la Révolution, pour les besoins de l'État : aussi celles qui ont été conservées ont-elles un grand prix.

GERMAIN (Sophie), mathématicienne, née à Paris en 1776, m. en 1831, attira l'attention de Lagrange qui l'encouragea, découvrit les lois des vibrations des lames élastiques, et rédigea sur ce sujet un mémoire qui fut couronné par l'Institut en 1820, et qu'elle publia sous le titre de Recherches sur la théorie des surfaces élastiques. On lui doit aussi quelques autres travaux estimés.

GERMAINS. V. GERMANIE.

GERMANICA CÆSAREA, Marach, v. de Syrie, dans la Comagène. Patrie de l'hérésiaque Nestorius.

GERMANICUS (TIB. DRUSUS NERO), fils de Drusus Nero, né à Rome vers l'an 16 av. J.-C., était neveu et fils adoptif de Tibère, et avait épousé Agrippine, petite-fille d'Auguste. Dès sa jeunesse, Auguste lui confia des commandements importants, soit en Dalmatie, soit en Pannonie; il l'éleva au consulat l'an 12 de J.-C. A la mort de ce prince, en 14, il eut à réprimer une révolte terrible des légions de Germanie, qui voulaient le saluer empereur; il repoussa ce titre avec indignation et fit rentrer les soldats dans le devoir; néanmoins Tibère vit dès ce moment en lui un rival dangereux. Chargé peu après de la guerre contre les Germains, il battit Arminius, leur chef (l'an 16 de J.-C.), reprit les aigles de Varus, et se couvrit de gloire par des exploits qui lui valurent le titre de Germanicus. Tibère, jaloux de ses succès, le rappela à Rome, puis l'envoya en Orient. Après avoir apaisé les troubles de l'Arménie, et avoir donné un roi à ce pays, il eut une altercation avec Pison, gouverneur de Syrie et confident intime de Tibère, qui s'était plu à l'insulter. Il le chassa de sa province, mais, peu après, il fut emporté par une maladie aiguë, l'an 19 de J.-C.; il n'avait que 34 ans. Il témoigna en mourant qu'il se croyait empoisonné, et excita ses amis à le venger. Agrippine, sa veuve, porta ses cendres en Italie, et accusa Pison, qui prévint le supplice en se donnant la mort. Germanicus réunissait toutes les vertus et tous les talents : il était adoré universellement pour sa bonté, sa générosité et sa justice. Possédant les dons de l'esprit comme ceux du cœur, il s'était livré avec succès à l'étude de l'éloquence et de la poésie ; on a de lui une traduction des Phénomènes d'Aratus. Tacite a fait de Germanicus le héros de ses Annales. On a plusieurs fois mis sur la scène sa fin tragique. V. ARNAULT.

GERMANIE, Germania (de gehr ou wehr-mann, homme de guerre ?), vaste contrée de l'Europe ancienne, correspondant à peu près à l'Allemagne actuelle. A la mort d'Auguste, elle avait pour bornes au N. le sinus Codanus et la mer Germanique, à l'O. le cours du Rhin, au S. les Alpes et le cours du Danube. Sa limite à l'E. était fort incertaine : elle paraît avoir été la Vistule et les Carpathes. On peut la diviser en deux parts : Germanie romaine et Germanie purement barbare. La 1re, au S. O., était séparée de la 2e par un long mur de retranchement qui s'étendait du Rhin au Danube, qui commençait près d’Aquæ Mattiacæ (Wiesbaden) et se terminait au confluent du Naab et du Danube (Voy. mur du DIABLE). Les Decumates agri, espèce de frontière militaire située en deçà de ce mur et correspondant à peu près au Brisgau actuel, formaient le district principal de la Germanie romaine; il faut y joindre les deux Germaniques, l'Helvétie, la Rhétie et la Vindélicie. Quant à la Germanie purement barbare, il est fort difficile de déterminer les noms et la position des peuples qui l'habitaient : toutefois, dans les deux premiers siècles de notre ère, la Germanie paraît avoir été partagée entre trois grandes nations principales: 1° les Hermions au N. E., entre l'Elbe et la Vistule; 2° les Ingævons au N. et au N. O.; 3° les Istævons à l'O. — 1. Les Hermions, que l'on regarde comme la souche des deux autres, et qui sont désignés tantôt sous le nom de Teutons, tantôt sous celui de Suèves, comprenaient les Semnones, entre l'Elbe et l'Oder; les Varini, entre les embouchures de la Trave et de la Warne; les Sidini, depuis la Warne jusqu'à l'Oder; les Rugii, dans la Poméranie; les Gothones et les Heruli, sur les bords de la Baltique et en Pologne; les Vandalii et les Silingi, dans les monts Sudètes et la Lusace ; les Burgundiones et les Lygii, derrière les Vandales et dans la Silésie. Il faut y joindre les Langobardi (Lombards) et les Angli, qui primitivement habitaient sur les bords de l'Elbe et qui émigrèrent, les 1ers chez les Istævons, et les 2es chez les Ingævons. — 2. Les Ingævons comprenaient de nombreuses et puissantes tribus répandues des embouchures du Rhin aux rives occid. de la Baltique ; c'étaient : les Frisii, dans la Hollande et le Hanovre; les Chauci, dans le pays d'Oldenbourg et de Brème ; les Angrivarii, aux environs de Lunebourg et de Kalenberg; les Saxons, dans le Holstein actuel (divisés eux-mêmes en Ostphales, Westphales et Angarii) ; on peut y joindre les peuples de la Scandinavie mérid., Hellevinones, Suiones, Fenni, et ceux des bords de la Baltique orient., Æstyi, Venedi, etc. — 3. Sous le nom d’Istævons, on réunissait les Chamavi, Tubantes, Usipii, Ansibarii, et Bructeri, entre le Weser et le Rhin; les Sicambri, Attuarii et Marsi, depuis la Lippe jusqu'à Cologne; les Chassuarii, Tencteri et Ingriones, sur la rive occid. du Weser; les Catti, dans la Thuringe, depuis les sources du Weser jusqu'au Mein et à la Saale; les Turoni, les Marvingi et les Mattiaci, aux environs de Marbourg et de Wiesbaden; les Cherusci dans le Harz, les Fosi dans le Brunswick, etc. Toutes ces tribus formèrent à diverses époques de grandes confédérations, telles que celles des Sicambres, des Chérusques et des Cattes, qui plus tard devinrent les deux puissantes confédérations des Francs et des Allemands (Alemanni). — Les Quadi, les Marcomani, les Boii et les Hermunduri, émigrés de diverses tribus, habitaient au midi de la Germanie et dans la forêt Hercynienne, et formèrent plus tard de puissants empires.

Les Germains se distinguaient par une grande taille, une force prodigieuse, des cheveux blonds, des yeux bleus, une peau blanche. Accoutumés dès l'enfance aux intempéries, ils marchaient presque nus, n'ayant qu'un court manteau ou une peau de bête sur les épaules. Ils portaient la chevelure longue, signe distinctif de l'homme libre. Du temps de César et d'Auguste, ces peuples étaient encore barbares, mais moins que les Slaves et les Scythes. Grossiers plutôt que féroces, ils étaient francs, loyaux, hospitaliers, observateurs religieux de leur parole ; ils laissaient aux esclaves et aux femmes les soins pacifiques, mais du moins ils connaissaient l'agriculture; ils avaient des demeures fixes, bien qu'ils détestassent les villes; ils avaient des usages qui pour eux étaient en quelque sorte un code oral; ils se groupaient autour de chefs de leur choix pour de grandes expéditions; ils obéissaient pour la plupart à des rois héréditaires, mais ils n'en avaient pas moins une sorte d'aristocratie dans le conseil des