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une loi connue sous le nom d’Assise de Geoffroy, par laquelle les biens des barons et des chevaliers passaient à leurs fils aînés, au détriment des autres enfants. Geoffroy fut l'allié fidèle de Philippe-Auguste. Il périt à Paris en 1186, mortellement blessé dans un tournoi que le roi de France donnait en son honneur. Il était père du jeune Arthur, que son oncle Jean sans Terre, roi d'Angleterre, fit assassiner pour s'emparer de ses États.

GEOFFROY, comtes d'Anjou. L'Anjou a eu cinq comtes de ce nom, dont le 1er régna de 958 à 985 et fut sénéchal de France sous Lothaire, et dont les plus importants sont : Geoffroy II et Geoffroy V. — Geoffroy II, comte de 1041 à 1060, était brave et d'une humeur belliqueuse, ce qui lui fit donner le surnom de Martel. Il ajouta à ses États le comté de Poitou, que lui apporta en mariage la veuve de Guillaume V, duc d'Aquitaine ; le comté de Vendôme, qu'il enleva à son neveu Foulques, dit l'Oison ; enfin la Saintonge et la Touraine. Il essaya même, mais sans succès, de s'emparer de la Guyenne. Appelé au secours de la Sicile par l'empereur grec Michel le Paphlagonien, il défit les Sarrasins, et reçut en récompense la Sainte-Larme, relique dont il fit présent à l'abbaye de la Trinité de Vendôme. Il mourut dans un monastère d'Angers, où il avait pris l'habit religieux. — Geoffroy V, surnommé Plantagenet (parce qu'il portait à son casque une branche de genêt), fils de Foulques, comte d'Anjou et roi de Jérusalem, né en 1113, mort en 1151, acquit le duché de Normandie par son mariage avec Mathilde, fille de Henri I, roi d'Angleterre. A la mort du roi, en 1135, il eut à lutter, pour conserver l'héritage de sa femme, contre Étienne de Blois, qui enleva à Mathilde le trône d'Angleterre, et contre Louis le Jeune, roi de France ; il perdit la Normandie et vit ses propres États ravagés par une famine si terrible qu'on alla jusqu'à se nourrir de chair humaine (1146). — Henri, son fils aîné, recouvra la Normandie, devint roi d'Angleterre sous le nom de Henri II, et fut le chef de la dynastie des Plantagenets.

GEOFFROY de Monmouth, Galfridus Monumetensis, prélat anglais, né vers 1100, mort vers 1180, vécut à la cour de Henri I et de Henri II et fut fait évêque de St-Asaph en 1151. Il écrivit vers 1147, d'après des manuscrits bretons apportés de la Bretagne française : Origoet Gesta regum Britanniæ…. ab Ænea et Bruto (Paris, 1517, in-4), histoire fabuleuse qui fut la source des romans de chevalerie ; Vita Merlini Caledonii, en vers latins, avec l'exposé de ses Prophéties. Ces ouvrages ont été fréquemment réimprimés et traduits, avec des additions.

GEOFFROY de Winesalf ou de Vinsauf, Galfridus de Vinosalvo, poëte latin de la fin du XIIe siècle, a composé une poétique (Nova Poetria), dédiée au pape Innocent III. On lui attribue, mais sans preuve suffiante, l’Itinerarium Ricardi Anglorum regis in Terram sanctam, qui se trouve dans les recueils de Bongars et de Gale.

GEOFFROY de Beaulieu, dominicain, né près de Chartres vers 1200, mort en 1274, accompagna S. Louis dans ses deux croisades et écrivit une Vie de ce prince, qu'on trouve dans les recueils de Duchesne et dans les Actes des Bollandistes.

GEOFFROY (J. Louis), critique, né à Rennes en 1743, mort en 1814, fut élevé chez les Jésuites, fut nommé en 1776 professeur de rhétorique au collège de Montaigu, puis au collège Mazarin, à Paris, et travailla, après la mort de Fréron, à la rédaction de l'Année littéraire (1776-92). Proscrit en 1793 pour avoir rédigé l'Ami du Roi, il se fit maître d'école dans un village, et ne revint à Paris qu'après le 18 brumaire (1799). Il entra vers la même époque au Journal des Débats, où il se chargea de la partie littéraire, spécialement de l'analyse des pièces de théâtre. On trouvait dans ses feuilletons une érudition sans pédantisme, mais il s'y montra souvent injuste et partial, tant à l'égard de Voltaire, à qui il déclara la guerre, qu'à l'égard de plusieurs des artistes les plus remarquables du temps, Talma, Mlle Contat, etc., dont il ne voulut pas reconnaître le talent. Ses feuilletons furent réunis après sa mort sous le titre de Cours de littérature dramatique (1819-20, 5 vol. in-8). Geoffroy a laissé une Trad. de Théocrite (1801) assez estimée en son temps, et un Commentaire sur Racine, 1808.

GEOFFROY, honorable famille de savants, issue de Mathieu François Geoffroy, échevin de Paris en 1617, doit sa 1re illustration à Étienne François, né à Paris en 1672, mort en 1731. Après avoir visité pour s'instruire l'Angleterre, la Hollande et l'Italie, il fut nommé en 1707 professeur de chimie au Jardin du Roi (Jardin des Plantes), en 1709 prof. de médecine et de pharmacie au Collége de France, et fut élu en 1726 doyen de la Faculté de Paris. Il avait été admis dès 1698 à la Société royale de Londres et en 1699 à l'Académie des sciences de Paris. Son principal titre est un Traité de Matière médicale, rédigé eh latin, publié après sa mort en 1741 par Chaudon de Courcelles, en 3 vol. in-8, mis en français par A. Bergier, 1743, complété depuis par Bernard de Jussieu, A. de Nobleville et Saleine, et trad. dans presque toutes les langues de l'Europe. On lui doit aussi une Table des rapports observés en chimie entre différentes substances, où se trouve pour la 1re fois énoncée la loi si importante des affinités électives. Fontenelle a écrit son Éloge. — Son frère Claude Joseph, né en 1685, m. en 1752, étudia sous Tournefort, parcourut, pour s'instruire, le midi de la France, et fut à son retour (1705) reçu membre de l'Académie des sciences. Il fournit au recueil de cette compagnie 60 Mémoires sur l'histoire naturelle, la botanique, la chimie et la pharmacie. — Étienne Louis, fils d’Étienne François, né en 1725, mort en 1810, fut un des praticiens les plus renommés de son temps. Tout en exerçant sa profession, il se livra avec succès à l'histoire naturelle, et publia : Histoire des insectes qui se trouvent aux environs de Paris, 1762 et 1799 ; Traité des coquilles qui se trouvent aux env. de Paris, 1767. On lui doit aussi un poëme élégant, écrit en latin, Hygiene, sive Ars sanitatem conservandi, 1771 (trad. en franç. par Launoy, 1774). A la vue des excès révolutionnaires, il quitta Paris et se retira dans sa terre de Chartreuve près de Soissons. Il était correspondant de l'Académie des sciences. — René Claude Geoffroy, fils d'Étienne-Louis, 1767-1831, servit quelques années avec bravoure dans les armées de la République, puis exerça la médecine, devint médecin de l'hôtel-Dieu de Paris, montra beaucoup de dévouement en 1811 pendant l'invasion du typhus, et consacra ses dernières années à la pratique gratuite de son art. — Son fils, M. Ernest Geoffroy de Villeneuve, représente depuis plusieurs années le dép. de l'Aisne dans nos assemblées législatives.

GEOFFROY ST-HILAIRE (Étienne), zoologiste, né en 1772 à Étampes, mort en 1844, issu d'une famille de savants médecins, se voua de bonne heure aux sciences, naturelles dont il avait puisé le goût dans les leçons de Brisson et de Daubenton et dans la société d'Haüy. Sur la proposition de Daubenton, il fut nommé dès 1793 sous-démonstrateur au Jardin des plantes ; trois mois après, cet établissement ayant été réorganisé, il y devint professeur-administrateur, et fut chargé de la zoologie : il ouvrit le 1er cours qui ait été fait en France sur cette science, commença les collections zoologiques et créa la ménagerie. Mis dès 1794 en relation avec G. Cuvier, alors ignoré, il devina son génie, l'appela à Paris, et vécut avec lui fraternellement. De 1798 à 1802, Geoffroy fit partie de l'expédition d’Égypte : il explora le pays conquis, et fut un des fondateurs et des membres les plus actifs de l'Institut du Caire ; il sauva par son énergie les collections scientifiques, qu'une capitulation abandonnait aux Anglais. Il fut admis à l'Institut en 1807, et nommé en 1809 prof. de zoologie et de physiologie comparées à la Faculté des sciences. Il professa jusqu'à sa mort. Purement zoologiste d'abord, E. Geoffroy travailla quelque