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inscriptions, né à Tonnerre vers 1725, mort en 1798, a laissé outre 8 Mémoires insérés dans le recueil de l'Académie : Variations de la monarchie française dans son gouvernement, Paris, 1765-1789, 4 vol. in-12, ouvrage utile et intéressant, mais qui manque un peu de critique; Vies des empereurs Tite, Antonin et Marc-Aurèle, 1769; Histoire des ordres de St-Lazare, de Jérusalem et du Mont-Carmel, 1775. Il a aussi écrit sur la Philosophie de Cicéron, sur la Différence des Académiciens et des Sceptiques.

GAUTIER. V. GAULTIER.

GAVARNIE, vge du dép. des Hautes-Pyrénées, sur le Gave de Pau, à 49 kil. S. S. E. d'Argelès et à 12 kil. S. de Luz-en-Barèges, près d'un port ou passage pour aller en Espagne; 360 hab. Près de là est une enceinte de rochers à pic, dite le Cirque, où le Gave se précipite d'une hauteur de 420m, en formant une magnifique cascade.

GAVE, Gabarus en latin, mot synonyme de torrent dans l'anc. Béarn. — Gave de Pau, d'Oléron, de Mauléon, etc. V. le mot qui suit Gave.

GAVEAUX (Pierre), acteur et compositeur, né à Béziers en 1761, mort en 1825. Il quitta le petit collet pour le théâtre, débuta à Bordeaux, fut appelé à Paris en 1789, et chanta pendant 20 ans avec le plus grand succès au théâtre Feydeau. Comme compositeur, il a donné 34 opéras : Sophie et Moncars (1797) et Léonore (1798) sont les meilleurs. Sa musique était facile et chantante, mais faible. On a gardé mémoire de plusieurs de ses mélodies (la Piété filiale, le Petit matelot, le Bouffe et le tailleur, etc.) ; l'air qu'il composa en 1795, après les excès de la Terreur, pour le Réveil du peuple, hymne de Saint-Marc, eut une vogue extraordinaire.

GAVESTON (Pierre de), favori d’Édouard II, roi d'Angleterre, avait été placé par Édouard I près de ce prince encore jeune, et avait gagné son affection en corrompant ses mœurs, en lui inspirant des passions honteuses et en s'y prêtant lui-même avec une complaisance infâme. Ses prodigalités et son orgueil firent plusieurs fois révolter la noblesse, et le roi fut obligé de l'exiler; mais à peine le mécontentement paraissait-il calmé qu'il le rappelait auprès de lui. Il le créa comte de Cornouailles, en fit son premier ministre et lui donna la main de sa nièce, fille du comte de Glocester. Enfin les barons, las de supporter son joug, prirent les armes une dernière fois, le firent prisonnier et lui tranchèrent la tête, l'an 1312.

GAVIUS, citoyen romain, l'une des victimes de Verrès, habitait une petite ville de Sicile, lorsqu'il fut arbitrairement arrêté par le proconsul, battu de verges et mis en croix sur la place publique de Messine, malgré sa qualité de citoyen romain. Cicéron a éloquemment raconté son supplice dans le De Suppliciis.

GAVRAY, ch.-l. de c. (Manche), sur la Sienne, à 19 kil. S. O. de Coutances; 1500 hab. Toiles de crin pour tamis.

GAY (John), poëte anglais, né à Barnstaple (Devonshire) en 1688, fut d'abord commis chez un marchand de soie. La duchesse de Monmouth, qui avait eu occasion d'apprécier son talent, le prit pour secrétaire, et il put dès lors se livrer à loisir à son goût pour les lettres. Il accompagna comme secrétaire le comte de Clarendon dans son ambassade en Hanovre. Il jouit quelque temps des faveurs de la cour ; mais ayant été disgracié, il en conçut un vif chagrin et mourut peu après, en 1732, à 45 ans. On a de lui des comédies (The wife of Bath; What d'ye call it ? Three weeks after marriage); des opéras, dont les plus célèbres sont le Gueux (The Beggar) et Polly qui y fait suite; des tragédies et des poésies diverses, mais il est surtout connu par ses fables, qu'il composa en 1726 pour l'instruction du jeune duc de Cumberland, et par des Églogues rustiques (la Semaine du Berger), pleines de naturel. Ses fables ont été traduites par Mme de Kéralio, Paris, 1759, et mises en vers par Joly de Salins, 1811.

GAY (Sophie DE LA VALETTE, dame), femme d'esprit, née à Paris en 1776, m. en 1852, était fille du financier La Valette. Mariée fort jeune à un agent de change, elle divorça en 1799 pour épouser M. Gay, qui fut sous l'Empire receveur général du dép. de la Roër. Son salon devint le rendez-vous de la plus brillante société : elle était particulièrement liée avec Pauline Bonaparte (princesse Borghèse). Elle débuta dans la carrière des lettres en 1802, par un roman assez faible, Laure d'Estell, donna en 1813 Léonie de Montbreuse, son chef-d'œuvre, en 1815 Anatole, récit plein d'intérêt, dont le héros est un sourd-muet, en 1818 les Malheurs d'un amant heureux, où elle peint au naturel la société du Consulat et de l'Empire. Depuis 1830, elle fit paraître une série d'ouvrages dans le goût du jour : la Physiologie du ridicule, la Duchesse de Châteauroux, la Comtesse d'Egmont, le Comte de Guiche, etc. Parmi ses œuvres dramatiques, on a remarqué le Marquis de Pomenars, donné à la Comédie-Française en 1819; le Chevalier de Canolle, à l'Opéra Comique, 1836. Poëte et bonne musicienne, elle a composé les paroles et la musique de plusieurs romances qui ont eu la vogue, entre autres, Mœris. Elle a laissé des mémoires : les Souvenirs d'une vieille femme, publiés en 1834, en sont un fragment. Tous ses écrits brillent par un esprit naturel, un style net et courant, et respirent un rare parfum d'élégance et de bonne compagnie. Elle eut pour fille Delphine Gay (Mme Ém. de Girardin) : on a dit, sans vouloir rabaisser par là ses mérites personnels, que sa fille était son plus bel ouvrage.

GAY-LUSSAC (Nic. François), chimiste et physicien, né en 1778 à St-Léonard (Hte-Vienne), mort en 1850, entra à l’École polytechnique, fut de bonne heure distingué par Berthollet, qui le dirigea dans ses premiers essais, débuta en 1802 par un beau travail sur la loi de la dilatation des gaz, exécuta en 1804, avec M. Biot d'abord, puis seul, deux célèbres ascensions aérostatiques, s'éleva jusqu'à 7000m et fit dans ces hautes régions d'intéressantes observations de physique ; voyagea en 1805 et 1806 avec Alex. de Humboldt pour recueillir des observations magnétiques ; entreprit en 1808 avec Thénard, au moyen de la pile galvanique, des recherches sur le potassium, le sodium, le bore, récemment découverts par Davy, et publia en 1811 le résultat de ses travaux sous le titre de Recherches physico-chimiques (2 vol. in-8) ; fit dès 1813 une étude approfondie de l’iode, que le salpêtrier Courtois avait trouvé par hasard, et publia sur ce sujet en 1816 un remarquable Mémoire; porta la lumière de l'analyse sur une foule de sujets de chimie et de physique, tels que le chlore, l'acide fluorique, l'azote, le soufre, l'acide prussique, le cyanogène, l'acide hydrochlorique; découvrit l'acide chlorique oxygéné ; étudia l'expansion de la vapeur, l'hygrométrie, la capillarité; compléta et fixa la théorie des proportions définies ; inventa l'alcoomètre qui a gardé son nom, construisit un baromètre transportable, trouva des méthodes plus sûres pour essayer l'or et l'argent, et porta dans les procédés et les instruments de la science une précision inconnue jusque-là. il avait été admis à l'Institut dès 1804; il devint bientôt professeur de physique à la Faculté des sciences, professeur de chimie à l'École polytechnique et au Muséum, vérificateur des ouvrages d'or et d'argent à la Monnaie, membre du conseil de perfectionnement des poudres et salpêtres, etc. Député depuis 1831, il fut en 1839 nommé pair de France. En même temps que par ses travaux Gay-Lussac contribuait puissamment aux progrès de la science, son enseignement lucide et intéressant en répandait le goût. Ses nombreux mémoires ont été publiés dans les recueils de la Société d'Arcueil, de l'Académie des sciences, de la Société philomatique, dans les Annales de physique et chimie, qu'il rédigea avec Arago de 1816 à 1840. Son Cours de physique a été recueilli et publié en 1827 par M. Grosselin ; son Cours de chimie, par M. Gaultier de Claubry. 1828. Ce savant eut avec Dalton, Davy et Berzélius