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2e prince de la dynastie turcomane des Kadjars, né en 1762, mort en 1834, fut d'abord gouverneur du Farsistan pour son oncle Aga-Mohammed, et monta sur le trône de Perse en 1797 à la mort de ce dernier. Après avoir triomphé de plusieurs compétiteurs, il tourna ses armes contre la Géorgie (1803), mais ne put soumettre le prince George, qui avait appelé les Russes à son secours. En 1805, il fit alliance avec Napoléon contre la Russie; mais après la paix de Tilsitt, il abandonna cette alliance pour celle de l'Angleterre. En 1813, il conclut la paix avec les Russes, en abandonnant ses prétentions sur la Géorgie. La même année, il enlevait au roi de Kaboul la province d'Hérat; mais la mésintelligence qui éclata entre ses fils Abbas-Mirza et Mohammet-Ali l'empêcha de la conserver. En 1821, il déclara la guerre à la Porte et obtint pour la Perse un traité avantageux (1823). Après la mort de l'empereur Alexandre, Feth-Ali conçut le projet de reconquérir sur les Russes les places qu'il avait perdues. D'abord vainqueur, il fut ensuite défait en plusieurs rencontres par le général Paskéwitch et signa en 1828 un traité par lequel il abandonnait l'Arménie persane : l'Araxe devint alors la frontière entre la Russie et la Perse.

FÉTICHISME, c.-à-d. adoration des fétiches, idolâtrie grossière, est ainsi appelée du mot fetisso (chose féée, ensorcelée), nom donné par les Portugais aux objets du culte des nègres d'Afrique. Ce culte, qui est celui des peuples les moins civilisés, consiste dans l'adoration des objets naturels, tels que les éléments, surtout le feu, les fleuves, les animaux, les arbres, les pierres mêmes; ou d'êtres invisibles, génies bienfaisants ou malfaisants, créés par la superstition et la crainte, tels que les grisgris de l'Afrique centrale, les manitous et les ockis de l'Amérique, les burkhans de la Sibérie. Le fétichisme s'étend depuis les hordes sauvages de l'Australie jusqu'aux peuples moins barbares du centre de l'Asie et de l'Afrique ainsi que de l'Amérique septentrionale. Les prêtres de ces peuples grossiers sont appelés griots en Afrique, jongleurs en Amérique, chamanes dans l'Asie centrale.

FEU (culte du). Le feu a été l'objet de l'adoration d'un grand nombre de peuples. Chez les anciens, les Perses regardaient le culte du feu comme la partie fondamentale de leur religion, et les cérémonies de ce culte sont retracées avec détail dans le Zend-Avesta. Les Perses saluaient tous les matins le soleil levant, symbole du feu le plus pur ; ils regardaient le feu comme le protecteur des États, et conservaient dans des sanctuaires particuliers le feu sacré qui ne devait s'éteindre jamais. Behram, fils d'Ormuzd et l'un des 28 Izeds, était le génie du feu. Chez les Persans actuels, les Guèbres, qui habitent surtout dans le Kerman et le Guzzerat, ont conservé encore auj. toutes les cérémonies des anciens Perses à l'égard du feu (V. GUÈBRES). Le feu inextinguible (pyr asbeston) des Grecs, qui brûlait sans cesse à Athènes et à Delphes, le culte de Vulcain, le feu qu'entretenaient à Rome les prêtresses de Vesta, rappellent encore la déification du feu, idolâtrie commune du reste à tous les peuples de race pélasgique. On la retrouve aussi dans la religion des Péruviens.

FEU GRÉGEOIS. V. Cet article au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

FEU (TERRE DE), ou Archipel de Magellan, archipel situé à la pointe S. de l'Amérique mérid., se compose d'une infinité d'îles et d'écueils qui s'étendent de 52° 30' à 55° 59' lat. S., et est séparé du continent par le détroit de Magellan, dont la navigation est très-périlleuse. Pays effroyable, hérissé de montagnes volcaniques et couvert de neiges éternelles. Les naturels sont dans un état de misère et d'abrutissement profond. Ils se nourrissent de poisson, surtout de la chair des phoques et des loutres qu'ils prennent sur les côtes. L'île principale ou Terre-de-Feu proprement dite, située à l'E. des autres et remarquable par son étendue, renferme un volcan, ce qui lui a valu son nom. — Cet archipel fut aperçu pour la 1re fois en 1520 par Magellan; Cook en 1768, et peu après sir Banks et Solander le visitèrent. Les Anglais y ont un établissement pour protéger leurs navires baleiniers. — ÎLE DE FEU. V. FOGO.

FEDERBACH (Anselme), criminaliste allemand, né en 1775 à Iéna, mort en 1833, était fils d'un avocat. Après s'être fait connaître par des Recherches sur le crime de haute trahison et sur la Révision des principes du droit criminel, il ouvrit en 1799 des cours à Iéna, fut nommé en 1801 professeur de l'université de cette ville, enseigna aussi à Kiel, puis à Landshut en Bavière, se fixa dans ce dernier pays, et devint conseiller intime et président de la Cour d'appel d'Anspach. On a de lui un Manuel du droit criminel, Giessen, 1801, ouvrage classique sur la matière. Il rédigea en 1813 un Nouveau Code pénal, qui fut adopté pour la Bavière et servit de base aux codes du Wurtemberg et de plusieurs autres États (il a été trad. en franç. par Ch. Vattel, 1852). Feuerbach est un des chefs de l'école des Rigoristes, qui s'attachent à la lettre de la loi, ne laissant rien à l'arbitraire du juge. Il fonde la législation criminelle sur une sorte d'intimidation qu'il appelle contrainte psychologique. — Il laissa cinq fils, dont le plus connu est Louis, 1804-1872, fervent disciple d'Hegel, auteur de nombreux écrits sur la philosophie et l'histoire de la philosophie, fameux surtout par ses attaques contre la propriété et la religion.

FEUILLADE (la). V. LA FEUILLADE.

FEUILLANTINES, religieuses qui suivaient la réforme des Feuillants. Leur premier couvent fut établi en 1590 à Montesquieu près de Toulouse. En 1622, Anne d'Autriche fonda au faubourg St-Jacques à Paris une maison de Feuillantines, sur l'emplacement de laquelle a été ouverte la rue de ce nom.

FEUILLANTS, Folietani, ordre de religieux Bernardins de la règle de Cîteaux, fut institué en 1577 par Jean de La Barrière à l'abbaye de Feuillant près de Toulouse. Ils devaient avoir la tête et les pieds nus, dormir sur des planches, manger à genoux, s'imposer des privations surhumaines; mais l'austérité de cette règle fut bientôt adoucie. Les Feuillants prirent une grande part aux troubles de la Ligue : Bernard de Montgaillard, dit le Petit Feuillant, se signala surtout par la véhémence de ses sermons. En 1630, Urbain VIII sépara les Feuillants d'Italie, sous le nom de Réformés de St-Bernard, des Feuillants de France qui, en 1790, comptaient 24 maisons. Leur maison de Paris, fondée en 1587, occupait l'emplacement actuel de la rue Castiglione et de la partie de la rue de Rivoli qui longe les Tuileries. Les Feuillants portaient une robe blanche avec un capuce blanc.

FEUILLANTS (club des), société formée de la partie modérée du club des Jacobins qui se sépara de ce club en 1790. Elle tint ses premières séances au Palais-Royal, et prit le nom de Feuillants quand elle vint s'établir au couvent des Feuillants près des Tuileries. On comptait parmi ses membres Lafayette, Bailly, Duport, les frères Lameth. Leurs adversaires leur avaient donné le nom de Club monarchique. Il ne fut plus question de ce club après le 10 août.

FEUILLÉE (Louis), savant minime, de l'Académie des sciences, né à Mane, près de Forcalquier, en 1660, mort en 1732, voyagea par ordre du roi dans les différentes parties du monde, visita en 1709 et 1710 le Pérou et le Chili, et détermina avec exactitude la position des côtes de ces pays. Il a laissé : Journal des observations physiques, mathématiques et botaniques faites sur les côtes de l'Amérique, Paris, 1714-1725, 3 vol. in-4; Voyage aux Canaries, pour la fixation du premier méridien; Histoire des plantes médicinales du Pérou et du Chili, etc.

FEUQUIÈRES, vge du dép. de l'Oise, à 32 kil. N. N. O. de Beauvais; 1300 hab. Étoffes de laine, bonneterie. Érigé en marquisat en 1646.

FEUQUIÈRES (Manassès DE PAS, marquis de), lieutenant général sous Louis XIII, né à Saumur en 1590, était issu d'une famille noble de l'Artois, qui