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de commerce, collége. Biscuit, serges, dentelles, toile de lin, etc. Très-beau château, bâti originairement par Rollon, le ler duc normand : restauré par Louis-Philippe ; riche galerie de portraits historiques, parc magnifique ; église très-ancienne, renfermant les tombeaux des anciens comtes d’Eu.— La v. d’Eu fut érigée en comté l’an 996, en faveur d’un fils naturel de Richard I, duc de Normandie. Au XIIIe siècle, ce comté passa dans la maison de Brienne ; il fut confisqué en 1350, après la mort du comte d’Eu, connétable de France, condamné comme coupable de trahison, et fut donné à Jean d’Artois. Il échut en 1472 au comte de Nevers, et passa depuis dans la maison de Guise par le mariage de Henri le Balafré avec Catherine de Clèves, veuve d’Antoine de Croï, de la maison de Bourgogne-Nevers. En 1657,le comté fut vendu à Marie-Louise d’Orléans, qui le donna au duc du Maine, fils de Louis XIV. Il passa ensuite à la famille de Penthièvre et enfin, par mariage, à celle d’Orléans qui le posséda jusqu’en 1848. — Louis XI fit brûler la ville d’Eu en 1475, pour l’empêcher de tomber aux mains des Anglais. Louis-Philippe reçut en 1843, dans le château d’Eu, la reine Victoria. Ce château fut réuni en 1852 au domaine de la couronne.

EUBAGES, devins gaulois. Voy. DRUIDES.

EUBÉE, Eubœa, auj. Négrepont ou Egribo, grande île de la mer Egée, de forme oblongue, s’étendait le long des côtes de l’Attique, de la Béotie et de la Locride, depuis le cap Sunium jusqu’à la Thessalie. Elle porta successivement les noms de Chalcis (c.-à-d. airain, parce que c’est de là, dit-on, que le premier airain fut tiré), de Macris (à cause de sa longueur). d’Abantis (à cause des Abantes, ses premiers habitants). Elle avait trois v. principales : Chalcis, Érétrie et Caryste. Après les Abantes, l’Eubée fut habitée par des Histiéens, puis par des Ioniens. Athènes s’en empara de bonne heure et la garda malgré diverses révoltes jusqu’à l’an 404 av. J.-C., époque où elle passa sous la domination des Lacédémoniens ; mais plus tard l’influence d’Athènes s’y rétablit ; Philippe II, roi de Macédoine, détruisit cette influence et y substitua la sienne. L’Eubée passa avec le reste de la Grèce sous la domination des Romains. — L’Eubée était séparée de la Béotie par un détroit appelé Euripe (V. ce nom). M. J. Girard a donné dans les Archives des miss. scientif. un Mémoire sur l’Eubée.

EUBULIDE, philosophe de la secte mégarique, né à Milet vers 360 av. J.-C., disciple et successeur d’Euclide de Mégare, n’est connu que par son esprit subtil ; il inventa plusieurs arguments captieux, nommés dans l’école le menteur, le sorite, etc.

EUCHER (S.), évêque de Lyon, au Ve siècle, sortait d’une famille illustre de la Gaule et était sénateur lorsqu’il quitta le monde pour la solitude. Il fut fait évêque en 434 et assista au premier concile d’Orange, en 441. On a de lui : Éloge du désert de Lérins ; Traité du mépris du monde, en latin (ces deux ouvrages ont été trad. par Arnauld d’Andilly, 1672) ; Histoire des martyrs de la légion thébaine, trad. par J. Am. Dubourdier, 1705. On l’hon. le 16 nov.

EUCLIDE de Mégare, philosophe, qui florissait vers 400 av. J.-C., reçut d’abord les leçons de Parménide et ensuite celles de Socrate. On dit qu’il était si avide d’entendre Socrate que, malgré la loi qui défendait aux Mégariens, sous peine de mort, d’entrer dans Athènes, il s’introduisait dans la ville déguisé en femme pour assister aux leçons de ce philosophe. Après la mort de son maître, à laquelle il assista, selon Platon, il se retira à Mégare et y ouvrit l’école qui fut nommée école mégarique. On s’y attachait surtout à la dialectique, ce qui la fit nommer aussi école éristique, c.-à-d. disputante.

EUCLIDE, célèbre géomètre grec, enseigna les mathématiques à Alexandrie sous Ptolémée, fils de Lagus, vers 320 av. J.-C., et compta le roi lui-même au nombre de ses disciples. On raconte que le roi, rebuté des difficultés que lui offrait l’étude de la géométrie, lui demanda s’il n’y avait pas une voie plus facile pour l’apprendre, « Non, lui répondit le maître, il n’y a pas de route royale en mathématiques. » Euclide avait rédigé, sous le titre d’Éléments, en 15 livres, une sorte d’encyclopédie des sciences mathématiques de cette époque ; la partie, qui traite de la géométrie sert encore auj. de base de l’enseignement. On a en outre de ce grand géomètre : Data (Données), traité fort goûté par Newton ; Introductio harmonica, où il traite de la musique ; Optica, Catoptrica ; De Divisionibus (de la division des polygones), ouvrage contesté et dont il ne reste qu’une version latine, et les Porismes, restitués d’après l’analyse laissée par Pappus et publiés en 1860 à Paris par M. Chasles. Ses OEuvres complètes ont été données par Grégory, Oxford, 1703, gr.-lat., et trad. en français par F. Peyrard, Paris, 1814-1818, 3 vol. in-4, avec texte grec et trad. latine.

EUDÆMON-JEAN (André), jésuite, né à la Canée (Candie), mort à Rome en 1625, était issu des Paléologues. Amené très-jeune en Italie, il entra dans la Société de Jésus en 1581, professa la philosophie à Rome, la théologie à Padoue, et fut chargé de plusieurs missions par le pape. On a de lui plusieurs ouvrages de controverse : Epistola monitoria ad Joann. Barclaium, Cologne, 1613, où il défend l’autorité du pape ; Apologia pro Henrico Garneto, 1610, où 11 présente comme un martyr de la foi Henri Garnet, condamné à mort en 1606 à Londres pour n’avoir pas révélé la conspiration des Poudres, dont il avait eu connaissance. On lui attribue aussi une violente diatribe contre Louis XIII.

EUDAMIDAS, roi de Sparte. V. SPARTE.

EUDES, duc d’Aquitaine de 681 à 736, était fils de Boggis et descendait de Clotaire I. Il enleva aux rois de Neustrie et d’Austrasie les pays nommés depuis Nivernais, Vivarais et Provence arlésienne, 687-715, soutint Rainfroy, maire de Neustrie, contre Charles-Martel, 717-19, triompha de l’émir Al-Zamah entre Toulouse et Carcassonne, 721, et mit aussi deux fois en déroute l’émir Ambiza, 725 et 726. Cependant, menacé dans ses États par Charles-Martel, il appela à son aide les Musulmans qu’il venait de vaincre. Mais bientôt, épouvanté des dévastations commises par ses alliés, il se réconcilia avec Charles et concourut à la victoire de Poitiers, 732. Il eut pour fils et successeur le célèbre Hunald.

EUDES, fils aîné de Robert le Fort, duc de France, porta d’abord les titres de comte de Paris et de Troyes, et devint duc de France à la mort de son père. De concert avec l’évêque Goslin, il défendit courageusement Paris, assiégé par les Normands en 885 ; il fut en reconnaissance nommé roi de France par les grands vassaux, après la déposition de Charles le Gros (887), et à l’exclusion de Charles le Simple, dernier rejeton de la race carlovingienne. De 893 à 896, il eut à combattre Charles le Simple : il finit par traiter avec ce prince ; il lui laissa tout le pays entre le Rhin et la Seine, et se réserva Paris avec toute la France occidentale. Il mourut en 898.

EUDES, comte de Champagne. V. CHAMPAGNE.

EUDES DE MONTREUIL, architecte. V. MONTREUIL.

EUDISTES, congrégation de prêtres séculiers fondée à Caen en 1643, par Jean Eudes, prêtre de l’Oratoire, et frère de l’historien Mézeray ; elle avait pour but l’éducation des ecclésiastiques et des missionnaires, et dirigeait plusieurs séminaires. On la connaît aussi sous le nom de Congrégation de Jésus et de Marie. Elle existe encore (à Rennes).

EUDOXE de Cnide, mathématicien, astronome et géographe grec, né vers 409 av. J.-C., mort vers 356, avait été disciple de Platon. Il alla en Égypte s’instruire dans la science des prêtres du pays et ouvrit une école à Cnide. Il établit dans cette ville un observatoire, fit de nombreuses observations, donna à l’année 365 jours et un quart, perfectionna l’octaétéride, période de huit ans ; inventa un nouveau cadran solaire (l’araignée), trouva en géométrie plusieurs théorèmes nouveaux, avança la théo-