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et la Ligurie à l'O., et répondait à peu près au grand-duché de Parme et Plaisance, à celui de Modène et à la partie occid. de la légation de Bologne. Elle avait pour villes princ. Placentia (Plaisance) et Bononia (Bologne). Elle devait son nom à la voie Émilienne qui la traversait. En 1796, on appela République Émilienne la république transpadane, créée par le général Bonaparte. Ce nom d’Émilie a été repris en 1859 pour désigner les États de l'Italie septentr., qui se déclarèrent indépendants sous la protection du roi de Sardaigne. La Nouv.-Émilie comprend les anc. prov. de Bologne, Ferrare, Forli, Massa et Carrara, Modène, Parme, Plaisance, Ravenne et Reggio.

ÉMILIEN (SCIPION-). V. SCIPION.

ÉMILIEN, M. J. Æmilius Æmilianus, empereur romain, natif de Mauritanie, commandait l'armée romaine contre les Perses, et venait de faire des prodiges de valeur quand il fut proclamé par ses soldats à la place de Trébonianus Gallus, 253. Mais peu après, Valérien, ayant pris la pourpre, vint l'attaquer près de Spolète, et ses soldats, fatigués d'avoir toujours à combattre, le massacrèrent. Son règne n'avait duré que quatre mois. — Un autre Émilien usurpa la pourpre en Égypte sous Gallien; il fut défait et mis à mort par Théodote, général de Gallien.

ÉMILIENNE (voie), Æmilia via, grande route qui conduisait de Rome à Ariminum en passant par Pise et Plaisance. Elle devait son nom à Æmilius Scaurus, qui la commença; Æmil. Lepidus l'acheva.

EMINEH, Hæmi extrema, cap de la Turquie d'Europe, sur la mer Noire, par 42° 42' lat. N., 25° 33' long. E., à l'extrémité de la chaîne des Balkans.

ÉMINENCE, titre d'honneur. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

ÉMIR (c.-à-d. en arabe commandant), titre honorifique que portent tous les Musulmans qui se prétendent issus du sang de Mahomet; ces émirs, dont le nombre est considérable, ont seuls le droit de porter le turban vert; ils sont du reste répandus dans toutes les classes de la nation, sans jouir d'aucun privilège. — Émir se dit aussi de toute personne revêtue d'une autorité quelconque, comme des gouverneurs de province et des chefs de tribu. Tels sont l'émir des Druses en Syrie; tel était dans l'Algérie l'émir Abd-el-Kader. — Le mot émir entre encore dans la composition d'un grand nombre de noms de dignités : émir-al-mouménim, chef des croyants, titre autrefois porté par des califes comme chefs spirituels : il ne faut pas le confondre avec émir-al-moslemin ou chef des Musulmans, titre inférieur, que portèrent les princes almoravides, et dont les Espagnols ont fait le mot barbare miramolin ;émir-al-omra, ou émir des émirs, titre créé en 935 par Rhadi, calife de Bagdad, et que portèrent après lui les premiers ministres des califes abbassides ; cette charge importante devint héréditaire dans la famille des sultans seldjoucides; — émir-al-ma, émir de l'eau, d'où est venu notre mot amiral; — émir-za-deh, fils du prince, d'où s'est formée l'abréviation Mirza, nom que l'on donne en Perse aux princes de la famille royale; — émir-el-hadj, chef des pèlerins, chargé de commander les caravanes de Damas, d’Égypte et de Bagdad qui se rendent à La Mecque ; etc.

EMMA, v. de Syrie. V. IMMAE.

EMMA, fille de Charlemagne. V. EGINHARD.

EMMANUEL, nom hébreu qui signifie Dieu avec nous, est le nom sous lequel le prophète Isaïe désigne le Messie (VII, 14, et VIII, 8).

EMMANUEL, dit le Grand et le Très-Heureux, roi de Portugal, né en 1469, mort en 1521, était fils de Ferdinand, duc de Viseu, d'une branche cadette de la maison régnante, et porta d'abord le titre de duc de Béja. Il succéda en 1495 à Jean II, son cousin, mort sans enfants légitimes. Pour condescendre au vœu de son épouse Isabelle, il bannit du Portugal les Maures et les Juifs. Il bâtit le palais de Belem et fonda le monastère attenant, où sont les tombeaux des rois de Portugal. Ce prince donna un grand essor à la navigation, et son règne fut illustré par d'importantes découvertes : en 1497, Vasco de Gama doubla pour la première fois le cap de Bonne-Espérance ; en 1500, Alvarès de Cabral assura au Portugal la possession du Brésil ; Jacques Figueira s'empara de l'île de Sumatra en 1510, et Albuquerque des villes de Goa et de Malacca en 1511. Ce sont ces conquêtes qui lui valurent ses deux surnoms.

EMMANUEL-PHILIBERT, dit Tête de fer, duc de Savoie, fils de Charles III, né à Chambéry en l528, m. en 1580. Son père ayant été dépouillé de ses États par François I en 1544, il se mit au service de l'empereur Charles-Quint, qu'il servit avec zèle et courage. Il combattit la ligue de Smalkalde (1545), se distingua au siège de Metz en 1555, reçut en 1553 le commandement de l'armée impériale, et gagna en 1557 la bataille de St-Quentin sur les Français. Après la conclusion de la paix à Cateau-Cambrésis, 1559, il épousa Marguerite de France, fille de François I, et put rentrer avec honneur dans ses États, que la guerre avait démembrés. En 1574 il obtint de Henri III la restitution de Pignerol et de Savigliano, et en 1575 des Espagnols celle d'Asti. Il rétablit l'ordre de St-Maurice et le réunit à celui de St-Lazare. Ce prince a laissé un Journal militaire, récemment trouvé dans les archives de Turin. — V. CHARLES-EMMANUEL.

EMMAÜS, bourg de Judée, à 60 stades (11 kil.) N. O. de Jérusalem, où Jésus-Christ apparut pour la 1re fois à ses disciples après sa résurrection. Vespasien fit rebâtir ce bourg sous le nom de Nicopolis.

EMME, nom de deux riv. de Suisse : la Grande-Emme, qui naît dans le canton de Berne et tomba dans l'Aar, à 2 kil. de Soleure, après un cours de 80 k. ; la Petite-Emme, qui arrose le canton de Lucerne et se perd dans la Reuss à 3 k. N. O. de Lucerne ; cours, 44 k. Leurs eaux charrient de l'or.

EMMERICH, v. forte des États prussiens (Prov. du Rhin), à 7 kil. N. E. de Dusseldorf, sur la r. g. du Rhin; 5500 h. Toiles, mousselines, lainages; tanneries. Bateaux à vapeur pour Strasbourg et Deventer.

EMMERICH (Catherine), visionnaire, née en 1774 à Flansk (duché de Munster), morte en 1824, était religieuse augustine au couvent de Dulmen. Pendant ses visions son corps offrait, dit-on, l'empreinte de stigmates d'où coulait parfois du sang : ce qui la mit en grande vénération. Brentano a donné une relation: de ses visions, trad. en français par l'abbé Cazalès.

EMODI MONTES, auj. l’Himalaya. V. IMAUS.

EMOUI ou AMOY, île et V. de Chine (Fou-Kian), dans le détroit de Formose, par 115° 33' long. E., 24° 27' lat. N. Port spacieux. Les Espagnols de Manille pouvaient seuls fréquenter ce port autrefois; il a été ouvert à toutes les nations par le traité de Nankin, 1842.

EMPECINADO (don Juan DIAZ, dit EL), chef de guérillas, fils d'un laboureur, prit les armes en 1808 contre les Français, fut bientôt suivi d'une troupe de paysans, avec laquelle il harcela nos soldats dans la Castille et l'Aragon, fut élevé par la junte centrale au grade de brigadier général, et ne posa les armes que quand Ferdinand VII fut sur le trône. Il encourut cependant la disgrâce de ce prince pour s'être déclaré partisan de la constitution de 1812 : ayant pris part en 1820 au mouvement en faveur de cette constitution, il fut proscrit, tomba entre les mains des émissaires du roi et fut mis à mort en 1825. Sort surnom d’el Empecinodo, l’Empoissé, lui fut donné parce qu'il était d'un village de cordonniers, état où l'on fait, comme on sait, grand usage de la poix.

EMPÉDOCLE, célèbre philosophe d'Agrigente, florissait vers l'an 444 av. J.-C. Il reçut les leçons des Pythagoriciens, et excella à la fois dans la philosophie, la poésie, la médecine, et la musique. Il avait composé sur la Nature et les Principes des choses un poëme si beau qu'on le lut publiquement aux jeux olympiques. On dit que, voulant cacher sa mort et passer pour un dieu, il se précipita dans le cratère de l'Etna; mais que la montagne, rejetant ses sandales, déjoua son projet en démasquant sa vanité. Il