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tille, fut mariée en 1375 a Charles III, roi de Navarre. S'étant brouillée avec son époux, elle se retira en Castille, où elle excita quelques séditions contre Henri III, son neveu, qui y régnait. Celui-ci l'assiégea dans le château de Roa où elle avait réuni un parti puissant, la força de se rendre et la renvoya à son époux, 1395. Charles III la reçut avec bonté, et lui confia même la régence pendant un voyage qu'il fit à la cour de France en 1403. Elle mourut en 1416.

ÉLÉONORE D'AUTRICHE, fille de l'archiduc Philippe d'Autriche et de Jeanne de Castille, et sœur aînée de Charles-Quint, épousa en 1519 Emmanuel le Grand, roi de Portugal, et devint veuve dès 1521. En 1530, d'après une clause du traité de Cambrai, elle fut mariée à François I, et devint ainsi le gage de la réconciliation entre la France et l'Autriche. Le crédit de la duchesse d'Étampes, maîtresse du roi, réduisit celui de la reine à fort peu de chose. Redevenue veuve en 1547, sans avoir eu d'enfants de son second mariage, elle se retira dans les Pays-Bas, puis en Espagne (1556), et y mourut à Talavéra en 1558.

ÉLÉONORE D'ESTE. V. TASSE (LE).

ÉLÉPHANT (île de l'), dite aussi Morfil, île de la Sénégambie, dans la riv. de Gambie, à 160 k. de son embouch., a 350 k. de long sur 30 de large. Coton, indigo, tabac. La France y possède le fort Podor.

ÉLÉPHANT (Ordre de l'), ordre danois, institué, dit-on, à la fin du XIIe siècle, par Canut IV, pour perpétuer le souvenir de la bravoure d'un Croisé danois qui, dans une bat. contre les Sarrasins, avait tué un éléphant (1189). Il fut renouvelé en 1478 par Christian I, et reçut des statuts de Christian V en 1693. La décoration offre l'effigie d'un éléphant portant une tour : cet insigne, en émail blanc, est suspendu à un collier d'or ou à un ruban bleu moiré passé de l'épaule droite au côté gauche. Cet ordre n'est conféré qu'aux princes et aux plus hauts fonctionnaires; il n'admet que des Luthériens.

ÉLÉPHANT BLANC, objet de culte au Siam. V. ÉLÉPHANT au Dict. univ. des Sciences.

ELEPHANTA, Gharipour des Hindous, île de l'Inde anglaise (Bombay), dans le golfe de Bombay et à 9 kil. E. de cette ville, fut nommée Elephanta par les Portugais à cause d'un énorme éléphant en pierre qu'ils y trouvèrent en débarquant. Elle a 9 kil. de tour. Superbe temple creusé dans le roc, renfermant une Trimourti colossale.

ÉLÉPHANTINE (île), Djeziret-el-Sag des Arabes (c.-à-d. île des fleurs), île du Nil, dans la Hte-Égypte, vis-à-vis d'Assouan (Syène), et à 6 k. au-dessous des cataractes, est une de ces îles riantes qu'on a nommées les jardins du tropique. Jadis célèbre par ses monuments religieux, Éléphantine avait naguère encore 2 beaux temples qui remontaient au temps d'Aménophis III (vers 1690 av. J.-C.) : ils ont été démolis pour la construction des casernes d'Assouan. On y a trouvé un nilomètre et une coudée égyptienne. Magnifiques carrières de granit.

ÉLEUSINIES, fêtes de Cérès et de Proserpine célébrées à Éleusis. V. ci-après.

ÉLEUSIS, auj. Lefsina, bourg de l'Attique, sur le golfe Saronique, à 17 kil. N. O. d'Athènes, entre le Pirée et Mégare, est célèbre par le culte de Cérès : c'était comme le sanctuaire de la religion pélasgique, qui s'y était réfugiée après la défaite des Pélasges par les Ioniens. On y admirait le temple de Cérès, construit par Périclès. Le culte de la déesse dont on attribue l'origine à Triptolème ou à Érechthée, y reçut d'Eumolpe la forme de mystères : on n'y était admis que par initiation. Au culte de Cérès, on joignait ceux de Korê (la fille), c.-à.-d. de Proserpine, et de Triptolème. Ce culte avait d'intimes rapports avec le culte cabirique : il n'en différait que par les noms propres et par quelques attributs secondaires prêtés aux dieux. L'intendance des cérémonies était le privilège exclusif d'une famille d'Athènes, les Eumolpides. Les Éleusinies se célébraient tous les ans; elles duraient 9 jours, et consistaient en purifications, en processions ou théories (qui retraçaient les courses de Cérès à la recherche de sa fille et les aventures de Triptolème), en courses aux flambeaux, en jeux. L'initiation aux mystères se composait de deux degrés : au 1er on devenait myste ; au 2e on était éphore ou épopte, c.-à-d. voyant. Les cérémonies pratiquées devant les mystes se nommaient petits mystères ; et celles auxquelles participaient les époptes seuls, grands mystères. On suppose que l'explication des mythes par les phénomènes de la nature, surtout par ceux de la végétation et de l'agriculture, et l'enseignement de hautes vérités morales, telles que l'unité de Dieu, l'immortalité de l'âme, les récompenses et les punitions d'une autre vie, faisaient le fond de ces mystères. On doit à MM. Ste-Croix, Lobeck, Guigniaut et Ch. Lenormant de savantes recherches sur les Mystères d'Éleusis. — Suivant Pausanias, Ogygès serait le fondateur d'Éleusis. Lors des guerres médiques, les Éleusiniens se retirèrent dans l'île de Salamine avec les Athéniens. L'an 429 av. J.-C. Archidamus, roi de Sparte, qui ravageait l'Attique, pilla Éleusis; 25 ans après, les Trente tyrans, chassés d'Athènes par Thrasybule, se réfugièrent à Éleusis et massacrèrent une partie des habitants. Vers la fin du IVe siècle de notre ère, Théodose abolit le culte de Cérès. Peu après, les bandes d'Alaric détruisirent le temple de la déesse. Sur son emplacement s'éleva le monastère de Daphné, qu'on visite encore.

ÉLEUTHÈRE (S.), pape, élu en 177, gouverna l'Église sous les règnes de Marc-Aurèle et de Commode, combattit les erreurs de Valentin, envoya des missionnaires dans la Grande-Bretagne, et mourut en 192. On l'honore le 26 mai. — Un diacre, compagnon de S. Denys et de S. Rustique, a également porté le nom d'Éleuthère. Il subit le martyre avec ses compagnons. On le fête avec eux le 9 oct. On place communément le martyre de ce saint en 372, sous Valérien; quelquefois, sous Maximien-Hercule.

ÉLEUTHÈRE (S.), évêque de Tournai, fut un des premiers qui apportèrent les lumières de la foi dans la Gaule Belgique. Dix ans avant le baptême de Clovis, il convertit un grand nombre de Barbares. Il subit le martyre en 532. On le fête le 20 février.

ÉLEUTHÉRIES, nom donné par les Grecs aux fêtes de la Liberté (Eleutheria en grec) ; elles furent instituées après la bat. de Platée (479 av. J.-C.), pour conserver le souvenir de cette victoire qui avait assuré l'indépendance du pays. On les célébrait tous les ans, le 9 de Mémactérion, dans la plaine de Platée.

ELEUTHERIUS, en lat. Liber, surnom de Bacchus.

ÉLEUTHÉRO-LACONS, c.-à-d. Lacons libres, peuplade de la Laconie, sur la côte S. O. Ils furent appelés ainsi parce qu'ils furent affranchis par Auguste de la domination de Sparte. Leur pays, qui renfermait les villes de Gythium et de Leuctrum, est auj. occupé par les Maïnotes.

ELEUTHS, peuple asiatique. V. KALMOUKS.

ELFES, génies subalternes, dans la mythologie Scandinave, n'étaient que des personnifications de forces de la nature. On distinguait les Elfes de lumière, génies bienfaisants, et les Elfes de ténèbres, génies malfaisants. Les Elfes, dont s'est emparée la féerie du moyen âge, se confondent avec les Sylphes.

ELFRIDA. V. EDGAR et ÉDOUARD II.

ELFSBORG (gouvt d'), une des divisions de la Gothie, en Suède, au S. de la Suède propre: 240 kil. sur 105; 220 000 h.; ch.-l., Wenersborg.

ELGIN, v. et port d’Écosse, ch.-l. du comté d'Elgin, à 190 kil. N. d’Édimbourg, sur la Lossie, à 8 k. de son emb. dans la mer du Nord; 5000 hab. Jadis évêché. Ruines de la cathédrale et d'un grand château qui appartenait autrefois à la famille des Bruce. — Le comté, dit aussi comté de Murray, est situé entre ceux de Banff, d'Inverness, de Nairn, et la mer; il se compose de deux parties distinctes séparées par une enclave du comté d'Inverness; 38 000 hab.

ELGIN (Thomas BRUCE, lord), diplomate et antiquaire, né en Écosse, en 1766 mort en 1842, fut ambassadeur près des Pays-Bas (1792), puis à Constanti-