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choses ; 6° Fta ou Phtha, le dieu du feu et de la vie, représentant le principe vivifiant; 6° Pan-Mendès, principe mâle, et Athor, principe femelle, qui sont les auxiliaires de Fta générateur; 7° Fré ou Pi-ré, ou Osiris, le soleil; 8° Pi-Joh, ou Isis, la lune. Ces 7 divinités sont des dieux supercélestes : il faut surtout remarquer dans le nombre Knef, Fta et Fre, qui sont les trois dieux démiurges ou créateurs par excellence : on les désigne sous le nom générique de Khaméfis. Viennent ensuite 12 dieux célestes, désignés sous le nom général de Cabires, savoir : 6 dieux mâles qui suivent le Soleil; ce sont : Rempha (Saturne), Pi-Zéous (Jupiter), Ertos ou Artès (Mars), Surot (Vénus), Pi-Hermès (Mercure), Imuthès (Esculape), qui forment le ciel des étoiles; et 6 dieux femelles : la Lune, l’Éther, le Feu, l’Air, l'Eau et la Terre ou Rhéa. À ces dieux se rattachent 365 décans ou démons, pour chacun des jours de l'année. Au 3° rang se placent les dieux terrestres, tous issus de Rhéa, dont les principaux sont : un 2° Osiris, génie du bien ; Typhon, génie du mal; Horus ou Ha-roéri, fils du Soleil ; une 2° Isis, et Nephthys ou Nefté. On connaît encore : Anubis à la tête de chien ; Thoth ou Hermès; Busiris, Bubastis, le grand Sérapis, etc. Enfin, le crocodile, l'hippopotame, le chat, l'ibis, l'ichneumon, les bœufs Apis, Mnévis, et même des plantes ou légumes étaient adorés dans plusieurs des villes de l’Égypte. Les Égyptiens croyaient à l'immortalité de l'âme et à la métempsycose. Ils faisaient subir aux rois après la mort un jugement duquel dépendaient les honneurs à leur rendre. Ils avaient le plus grand respect pour les morts, et embaumaient avec soin les corps de leurs parents (V. MOMIES).

Le gouvernement de l’Égypte fut d'abord purement théocratique. Ce n'est guère qu'après les invasions successives des Éthiopiens et des rois pasteurs que la monarchie, devenue héréditaire, resta en partage aux guerriers. Tous les Égyptiens étaient partagés en quatre castes : la caste sacerdotale, qui possédait un tiers des terres labourables; la caste des guerriers, qui possédait le 2e tiers (le 3e appartenait au roi); la caste des artisans, enfin celle des paysans, qui ne possédaient rien en propre, mais prenaient à ferme les terres ou les troupeaux des prêtres et des guerriers. Cette division par castes subsista jusqu'aux Ptolémées; il était défendu atout Égyptien d'essayer de sortir de la condition où le sort l'avait placé et d'exercer un autre métier que celui de son père. Pour maintenir le peuple dans la dépendance, les prêtres et les rois se réservaient le monopole de toutes les sciences; ils fermaient avec le plus grand soin aux étrangers l'entrée de l’Égypte et éloignaient leurs sujets de toute entreprise commerciale. Les Égyptiens employaient une écriture toute particulière, les hiéroglyphes, signes symboliques dont la signification n'a été connue que de nos jours (V. HIÉROGLYPHES). Les sciences mathématiques et physiques, l'astronomie, la géométrie surtout, avaient fait d'assez grands progrès chez eux; l'alchimie et l'astrologie étaient en grand honneur. La statuaire, fort développée, a produit des statues remarquables par la grandeur et la noblesse, mais souvent bizarres, sans vie et sans mouvement. L'architecture a un caractère gigantesque : elle a exécuté des œuvres colossales et indestructibles, telles que ces pyramides, ces temples, ces obélisques, qu'on admire encore auj., surtout à Thèbes, à Karnak, à Louqsor, à Esneh, à Dendérah. L'art de graver les inscriptions sur les monuments avait atteint un étonnant degré de perfection.

Histoire. L'origine de l’Égypte se perd dans la nuit des temps. La Bible nous apprend que cette contrée fut peuplée par Misraïm, fils de Cham et frère de Chus, le père des Éthiopiens. On ne sait si la civilisation fut indigène ou si elle ne vint pas plutôt de Méroë, dans l’Éthiopie. Ce qui est certain, c'est que l’Égypte méridionale fut peuplée la première, et fut même habitée à une époque où le Delta était encore couvert par les eaux de la mer. Le ler roi dont l'histoire fasse mention est Ménès; les calculs les plus modérés le font régner vers l'an 2450 av. J.-C. À cette époque et longtemps encore après lui, l’Égypte formait plusieurs États distincts qui avaient chacun des princes indépendants; ainsi, depuis Ménès jusqu'à Mœris (2450-1990), 330 rois, formant 18 dynasties, régnèrent simultanément pour la plupart dans Thèbes, This, Éléphantine, Memphis, Héraclée, Diospolis, Xoïs et Tanis ; ce n'est qu'à partir de la 18e dynastie que l’Égypte paraît avoir été réunie sous un seul gouvernement. Parmi les rois qui forment les 16 premières dynasties, on compte 18 rois éthiopiens, ce qui suppose des invasions et même une conquête de l’Égypte par le peuple éthiopien. Sous la 17e dynastie, les hycsos ou rois pasteurs, venus de l'Arabie, envahirent l’Égypte sous la conduite de Salatis et y restèrent pendant un temps inconnu (500 ans selon Manéthon, 260 selon d'autres). Thoutmosis ou Amosis les chassa vers 2050 et commença la 18e dynastie. Dans cette dynastie on distingue Mœris, Uchoreus, fondateur de Memphis, Osymandias, dont Cambyse pilla le tombeau; Ramsès, et enfin Aménophis, père de Sésostris. Sous le règne de ces princes, que la Bible appelle Pharaons, les Hébreux vinrent s'établir en Égypte; Aménophis est sans doute le Pharaon qui périt dans les eaux de la mer Rouge en marchant à leur poursuite. Sésostris ou Ramsès II ouvre la 19e dynastie, que l'on place vers 1643 ou 1565. Ce prince étendit au loin ses conquêtes et porta la terreur de ses armes jusque dans les Indes. De retour dans ses États, il divisa l’Égypte d'une manière régulière et fit construire par la multitude de captifs qu'il avait ramenés avec lui d'immenses monuments. Il laissa le trône à son fils Phéron, à qui succédèrent, mais à de longs intervalles, Protée, contemporain de la guerre de Troie (1280); Chéops et Chéphrem, qui construisirent deux des grandes pyramides voisines du Caire; Mycérinus, à qui l'on, doit la troisième; Asychis ou Bocchoris, célèbre par un code de lois. Tous ces princes doivent être placés depuis la 19e jusqu'à la 24e dynastie. C'est pendant cette période que furent élevés ces temples, ces pyramides, ces obélisques dont plusieurs sont encore debout; mais c'est aussi l'époque de la décadence de l’Égypte et du retour des invasions étrangères. La 25e dynastie fut une dynastie éthiopienne : son fondateur est Sabacon, qui envahit l’Égypte vers 737 av. J.-C.; cette dynastie ne compte que 3 rois, Sabacon, Sua et Tharaca. Séthos, prêtre de Vulcain, monta sur le trône de Memphis vers 713 ; mais son règne fut suivi d'une anarchie qui n'eut de terme qu'au moment ou douze des principaux Égyptiens se partagèrent d'un commun accord le territoire de l’Égypte; ils y formèrent 12 États distincts (Dodécarchie), et régnèrent ainsi de 671 à 656. Alors Psammitichus, l'un d'eux, chassa ses collègues et finit par régner seul ; il commence la 26e dynastie. Ce prince fut le premier qui permit aux Grecs l'entrée de l’Égypte. Parmi ses successeurs on remarque Néchao, qui envahit la Judée sous le règne de Josias (617-601) ; Amasis, qui commença par être voleur (570-526), et Psamménit, sous lequel Cambyse, roi des Perses, envahit l’Égypte et la soumit tout entière (525). L’Égypte se révolta trois fois contre les Perses (486, 461-456, 414-434), mais elle fut toujours remise sous le joug. De 414 à 354, pendant la 3e révolte, elle eut 8 rois indigènes (V. ci-après la liste des rois). Alexandre, accueilli comme un libérateur, devint maître de l’Égypte sans coup férir (332) : il y bâtit Alexandrie. Après sa mort (323), l'un de ses généraux, Ptolémée, fils de Lagus, eut le gouvernement du pays; en 308, il prit le titre de roi, et sa postérité, connue sous le nom de dynastie des Lagides, régna jusqu'à l'an 30 av. J.-C. À cette époque, Auguste, vainqueur d'Antoine et de Cléopâtre, réduisit l’Égypte en province romaine : il la comprit parmi les provinces impériales, et la fit administrer par un préfet. L'an 364 de J.-C., elle fut attribuée à