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ral de cavalerie sous Philippe II, et se couvrit de gloire aux bat. de St-Quentin, en 1557, et de Gravelines, en 1558. Lors de l’insurrection des Pays-Bas contre les Espagnols, d'Egmont voulut contribuer à l’affranchissement de sa patrie et entretint des liaisons avec le prince d'Orange et les confédérés. Le duc d'Albe, gouverneur du pays pour Philippe II et son ennemi personnel, en ayant été instruit, le fit jeter en prison, et 9 mois après il lui fit trancher la tête (1568), ainsi qu’au comte de Hornes, malgré les prières de l’empereur Maximilien lui-même et de plusieurs États de Hollande. Cette exécution fut suivie d’une révolte générale et d’une longue guerre qui ravit pour jamais les Provinces-Unies à l'Espagne. La fin tragique d'Egmont a fourni à Gœthe le sujet d’un de ses meilleurs drames.

Philippe, comte d'Egmont, fils du préc., resta fidèle à Philippe II, malgré le supplice de son père. Envoyé en France au secours de la Ligue, il commandait les Espagnols contre Henri (IV) à Ivry : il y fut battu et tué (1590).

EGRA, v. de Bohême. V. EGER.

EGRIPO. V. EURIPE et NÉGREPONT.

EGUISHEIM ou EXHEIM, petite v. d'Alsace (H. Rhin), à 5 kil. S. O. de Colmar, sur le chemin de fer de Strasbourg à Bâle; 3000 hab. Deux châteaux, dont l’un remonte au VIIIe s. Anc. comté, patrie du pape Léon IX. — Les comtes d'Eguisheim descendaient du comte d'Alsace Ettichon. Héritière du comté de Dabo, la mère du pape Léon IX porta cet alleu dans la maison d'Eguisheim. Mais celle-ci s’éteignit à son tour en 1144, et ses terres, après avoir passé aux 2e et 3e maisons de Dabo, échurent, après l’extinction de celle-ci (1225), à la maison de Ferrette (1251), sauf le château même d'Eguisheim.

EGUZON, ch.-l. de c. (Indre), à 27 kil. S. O. de La Châtre; 1660 hab. Station de chemin de fer.

ÉGYPTE, Ægyptus en latin, Misraïm des Hébreux, Masr des Arabes, Chemi des Coptes, vaste contrée de l'Afrique, au N. E., entre 23" 23'-31° 37' lat. N., et 22° 10'-33°21' long. E., est bornée au N. par la Méditerranée, au S. par la Nubie, à l'O. par le grand désert de Libye, à l'E. par la mer Rouge et l'Arabie, à laquelle l’unit l’isthme de Suez, et forme une grande prov. de l’empire ottoman. Étendue, 880 kil. du N. au S. sur 500 de l'O. à l'E. ; population, env. 2 500 000 hab.; capit., le Caire ; autres villes principales : Alexandrie, Damiette, Cosséir, Suez, Djizeh, Syout, Esneh. — L’Égypte est naturellement divisée en 3 grandes régions : Basse-Égypte ou Bahari (Delta des anciens), voisine de la Méditerranée, au N. ; Moyenne-Égypte ou Ouestanieh (Heptanomide), au centre; Haute-Égypte ou Saïd (Thébaïde), au S. Sous le rapport administratif, les divisions du pays ont fréquemment varié. On y distingue auj. 7 intendances (Mondirliks), subdivisées en départements (Maimourliks), qui prennent les noms de leurs ch.-l.

Les déserts semés d’oasis qui s’étendent à droite et à gauche de l’Égypte propre, ainsi que la Nubie au S., le Kordofan au S. O., en sont des dépendances.

La surface de l’Égypte est en partie montagneuse et en partie plate ; le Nil, qui est le seul fleuve du pays, la traverse du S. au N. : dans la Haute et la Moyenne-Égypte, ce fleuve coule dans une étroite vallée, limitée à l'E. par la chaîne arabique, et à l'O. par la chaîne libyque. La Basse-Égypte est tout à fait plate; elle est entrecoupée par les nombreux bras du Nil et par plusieurs canaux dont les principaux sont ceux de Mahmoudyeh (d'Alexandrie à Rahmanieh) et de Joseph ou Kalich-el-Menhi. Le climat de l’Égypte est très-chaud et sec; il n’y pleut presque jamais; mais il y a la nuit des rosées abondantes qui rafraîchissent la température. On n’y connaît que deux saisons : le printemps, de novembre en février, et l’été, qui dure le reste de l’année. Le vent du désert, connu sous les noms de Schard et de Khamsin, y exerce de très-grands ravages, ainsi que la petite vérole et les fièvres inflammatoires; les ophthalmies y sont très-fréquentes; la peste et la lèpre y furent longtemps endémiques. — Le sol de l’Égypte n’est fertile que dans la vallée du Nil; le reste est un vaste désert de sable. La fertilité de la vallée elle-même dépend de l’inondation régulière du fleuve, qui a lieu entre le solstice d’été et l’équinoxe. Si la crue s’opère dans les conditions convenables, la récolte est d’une abondance et d’une richesse extraordinaires. On cultive avec succès en É. le maïs, le blé, le riz, le millet, la canne à sucre, les légumes de toute espèce, le coton, l’indigo, le lin, le chanvre, le café, le tabac; on y élève de nombreux troupeaux de chameaux, de mulets, d’ânes, de chevaux, et une grande quantité de volailles. On y trouve des lions, des hyènes et des chakals; les hippopotames et les crocodiles, autrefois très-communs, y sont devenus fort rares. L’Égypte a peu de mines; mais on y trouve des carrières de marbre et de porphyre et beaucoup de natron. — L’industrie manufacturière, longtemps inconnue, a commencé à se développer sous Méhémet-Ali, qui s’en réserva le monopole : il établit dans les principales villes des forges, des fonderies, des filatures, des raffineries, et fit d'Alexandrie l’entrepôt de toutes les denrées et de toutes les productions de l'Afrique centrale, de l'Arabie et de l'Inde. Les communications sont facilitées par les canaux déjà nommés, par plusieurs chemins de fer, dont le principal traverse l’isthme de Suez; en outre, le canal qui doit percer cet isthme ouvrira à la navigation la voie la plus courte et la plus sûre entre la Méditerranée et les mers de l'Asie. — La population de l’Égypte est très-mêlée; les Arabes (env. 1 800 000 h.), et les Coptes, reste des anciens indigènes (env. 200 000 hab.), en forment la plus grande partie : ceux-ci et les Arabes paysans sont compris sous le nom de Fellahs. Ensuite viennent les Turcs, qui, avec quelques Arabes, gouvernent le pays, puis des Arméniens, des Juifs, des nègres; enfin on y trouve auj. un assez bon nombre d'Européens. L’arabe est la langue dominante, mais le turc et la langue franque sont fort en usage ; le copte n’est plus parlé, mais il subsiste comme langue savante. Le Mahométisme est la religion de l’État ; mais les autres cultes sont tolérés. Le gouvernement est confié à un pacha héréditaire, qui reconnaît la suzeraineté de la Porte, mais qui jouit effectivement d’une autorité presque absolue. Les revenus sont évalués à 120 000 000 de francs; l’armée, qui sous Méhémet-Ali comptait près de 200 000 soldats, a été réduite en 1841 à 20 000.

Égypte ancienne. Chez les anciens, l’Égypte était considérée comme une dépendance de l'Asie : on l’appelait quelquefois Arabie égyptienne. Sa population était alors plus que double de ce qu’elle est maintenant. Elle fut partagée par Sésostris en 36 ptosch ou nomes, dont 26 dans l’Égypte mérid., qui se nommait alors le Maris, et 10 dans l’Égypte sept., ou Tsahet. Les Grecs acceptèrent cette division, mais portèrent à 40 le nombre des nomes, savoir 17 dans la Thébaïde ou Hte-Égypte, 7 dans l'Heptanomide ou Moyenne-Égypte, et 16 dans le Delta ou Basse-Égypte. Au IVe siècle de notre ère, l’Égypte forma un diocèse de l'Empire romain divisé en 6 provinces : l’Égypte proprement dite au N., ch.-l., Alexandrie; l'Augustamnique au N. E., ch.-l., Péluse; l'Arcadie égyptienne au centre, ch.-l., Memphis; la Thébaïde au S., ch.-l., Thèbes; la Libye supér. au N. O., ch.-l., Cyrène; la Libye inf. à l'O., ch.-l., Parætonium.

La religion des anciens Égyptiens est une sorte de panthéisme dans lequel toutes les forces de la nature sont personnifiées et divinisées. 1° Au-dessus de tous les dieux se place le Dieu sans nom, éternel, infini, qui est la source de toutes choses. Au-dessous de lui viennent : 2° Knef ou Amoun (l’Ammon grec), le créateur, qui a pour emblème un disque (celui du soleil) et des cornes de bélier; 3° la Matière ou limon primitif (Boulo), sous la forme d’une sphère ou d’un œuf; 4° Neith (l'Athéné ou Minerve des Grecs) ou la pensée-lumière qui renferme le germe de toutes