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de 1835 à 1783 av. J.-C. — Fils d’Adraste, et l’un des Épigones, périt devant Thèbes. V. ÉPIGONES.

ÉGIDE (d’aix, aigos, chèvre), bouclier forgé par Vulcain et donné par Jupiter à Pallas, dont il devint l’attribut, était couvert de la peau de la chèvre Amalthée, et portait au milieu la tête de Méduse.

EGIDIUS. V. ÆGIDIUS, GILLES et COLONNA.

ÉGINE, Ægina, île de la mer Égée, entre l’Argolide et l’Attique, dans le golfe Saronique, s’appelait d’abord OEnone et reçut le nom sous lequel elle est connue de la nymphe Égine, dont le fils Éaque y amena une colonie de Pélasges. Elle était originairement peuplée de Myrmidons. Elle fut conquise par les Doriens d’Épidaure, eut une marine puissante dès le VIIe siècle av. J.-C, se rendit indépendante au VIe s. se soumit aux Perses en 490, mais les combattit vaillamment à Salamine et à Mycale (480-79). Les Athéniens s’en emparèrent vers 447 ; mais elle recouvra sa liberté pendant la guerre du Péloponèse, après la bataille d’Ægos-potamos, et Athènes fit de vaines tentatives pour y rétablir solidement sa domination. Les Éginètes entrèrent en 276 dans la Ligue achéenne. Depuis ils subirent tour à tour la domination des Étoliens, d’Attale I, roi de Pergame, des Romains, de l’empire grec, des Vénitiens et enfin des Turcs, qui ne s’emparèrent de l’île qu’en 1718. Elle fait auj. partie du roy. de Grèce. Elle compte env. 10 000 h. et a pour ch.-l. une petite v. de même nom, bâtie sur un rocher, à 3 k. de la mer ; 2500 h. Patrie du médecin Paul d’Égine (V. ce nom). — Les Éginètes passent pour les inventeurs de la monnaie ; ils travaillaient le bronze avec une grande supériorité. Ils employaient dans leurs comptes un talent d’une valeur particulière, connu sous le nom de talent d’Égine, et qui valait 100 mines ou 10 000 drachmes (env. 9000 francs). Ils étaient fort habiles dans les exercices du corps, et remportèrent un grand nombre de victoires dans les jeux publics de la Grèce. On admire encore auj. les ruines magnifiques du temple de Jupiter qui décorait la ville d’Égine. Des fouilles entreprises en 1811 y ont fait découvrir de nombreuses statues connues sous le nom de Marbres d’Égine, qui sont auj. au Musée de Munich. M. About a donné en 1854 la Description et l’histoire d’Égine.

ÉGINHARD, secrétaire de Charlemagne, avait été élevé à la cour de ce prince avec les princes de sa famille par Alcuin. Il jouit de toute la confiance de l’empereur, fut surintendant des bâtiments, et fut chargé après sa mort de l’éducation de Lothaire, fils de Louis le Débonnaire. Il se retira de la cour vers 816 pour vivre dans un monastère, fut 7 ans abbé de Fontenelle et mourut en 844 au couvent de Seligenstadt. On a de lui deux ouvrages précieux : Vita et gesta Caroli Magni, imprimé à Cologne, 1521, à Utrecht, 1711, etc., et trad. en français par Denis, Paris, 1812 ; Annales regum Francorum, 741-829, et 62 Lettres. J. B. Teulet a donné ses OEuvres, avec trad. franc, et des notes, Paris, 1843 et 1857. — On raconte qu’Éginhard conçut une vive passion pour une fille de Charlemagne, nommée Emma, qu’il eut avec elle plusieurs aventures romanesques, et qu’il finit par obtenir sa main ; mais tout ce récit paraît n’être qu’une fable. V. ERBACH.

ÉGIPANS, divinités des montagnes et des bois qui formaient le cortège du dieu Pan. Ils étaient représentés comme de petits hommes fort velus, tantôt avec des cornes et des pieds de chèvre, tantôt avec le museau de cet animal et une queue de poisson. On leur attribuait l’invention de la trompette marine.

ÉGISTHE, fils incestueux de Thyeste et de sa propre fille Pélopée, fut ainsi nommé parce qu’il avait été nourri par une chèvre (aix, aigos en grec). Élevé à la cour d’Atrée, son oncle, sans connaître sa naissance, il fut chargé par ce prince de donner la mort à Thyeste ; mais ayant reconnu son père dans celui qu’il devait assassiner, il s’unit à lui pour faire périr Atrée, et usurpa le trône avec Thyeste. Agamemnon, petit-fils d’Atrée et héritier légitime de la couronne, le chassa du trône, mais il lui laissa la vie, et même, en partant pour le siège de Troie, il lui confia le Gouvernement de ses États. En son absence, l’ingrat Égisthe séduisit sa femme Clytemnestre et il l’assassina lui-même à son retour. Il régna pendant 7 ans ; mais enfin Oreste, fils d’Agamemnon, que sa sœur Électre avait fait échapper du palais paternel au moment du meurtre de son père, revint à Argos lorsqu’il fut devenu grand, et tua Égisthe en même temps que sa propre mère Clytemnestre. Ces événements ont fourni à Eschyle, à Sophocle et à Euripide, des sujets de tragédies, et ont été transportés sur la scène française par Voltaire, Crébillon, N. Lemercier et Soumet.

EGLETONS, ch.-l. de.c (Corrèze), à 32 k. N. E. de Tulle ; 1200 h. Grand commerce de céréales.

ÉGLISE (l'), du grec ekklésia, assemblée ; l’assemblée des Fidèles. Elle est dite : É. catholique ou universelle, pour marquer qu’elle est répandue par toute la terre et qu’elle fait profession de croire et d’enseigner partout la même doctrine ; Église apostolique, parce qu’elle est l’héritière des apôtres ; Église d’Occident, par opposition à l’Église grecque ou d’Orient ; Église romaine, parce que son chef visible, le pape, réside à Rome ; Église latine, parce qu’elle a retenu dans l’office divin l’usage de la langue latine. V. CHRÉTIENS, CHRISTIANISME, LATINE (église) et PAPE.

ÉGLISE ANGLICANE, GALLICANE, GRECQUE, NESTORIENNE, PRESBYTÉRIENNE, etc. V. le mot qui suit ÉGLISE.

ÉGLISE (états de l'), dits aussi États romains, États pontificaux. V. ROMAINS (États).

ÉGLON, roi des Moabites, asservit les Israélites pendant 18 ans (1345-1327 av. J.-C., ou 1514-1496 suiv. l’Art de vérifier les dates). Il fut tué par Aod, que Dieu avait suscité pour délivrer son peuple.

ÉGLY (MONTHENAULT D'), littérateur, né à Paris en 1696, mort en 1749, était avocat. Il a traduit du grec les Amours de Clitophon et de Leucippe, 1734, et du latin la Callipédie de Claude Quillet, 1749, et a écrit une Histoire des rois de Sicile de la maison de Bourbon, 1741, 4 vol. in-12, qui lui ouvrit les portes de l’Académie des inscriptions. On lui doit aussi de savantes recherches sur les Scythes.

EGMONT, vge du roy. de Hollande (Holl. septentr.), à 8 kil. O. d’Alkmaër. Anc abbaye de l’ordre de St-Benoît, fondée en 923 par Thierry II, comte de Hollande ; anc. château fort, qui a donné son nom aux seigneurs d’Egmont. Cette place fut détruite par les insurgés des Pays-Bas, pour se venger de Philippe, comte d’Egmont (fils de Lamoral), qui avait embrassé le parti du duc d’Albe. Combat des Français et des Russes, 1799.

EGMONT (maison d'), anc. et illustre famille des Pays-Bas, dont les chefs étaient avoués de l’abbaye d’Egmont. Elle remonte à Berwold d’Egmont, qui vivait à la fin du XIe siècle. Les seigneurs d’Egmont, ayant acquis le comté de Buren en 1472, se divisèrent en deux lignes qui s’éteignirent, l’une vers 1650 et l’autre en 1707. Arnoul, Adolphe et Charles d’Egmont, de la branche aînée, régnèrent sur le duché de Gueldre (avec diverses interruptions) de 1423 à 1538. Les seigneuries d’Egmont et de Buren avaient été érigées en comtés, la 1re en 1486, la 2e en 1492.

EGMONT (Charles d'), duc de Gueldre, né en 1467 du duc Adolphe, eut à combattre les prétentions de la maison d’Autriche sur le duché de Gueldre que Renaud IV, duc de Gueldre, avait légué à Arnoul, comte d’Egmont (1423). Reconnu à Nimègue en 1492 par les principaux seigneurs, il résista avec avantage à diverses attaques de l’empereur Maximilien I ; en 1507, profitant de la mort de l’archiduc Philippe, il se jeta sur le Brabant et s’empara de plusieurs villes ; mais, malgré les succès qu’il obtint pendant plusieurs années, il se vit contraint en 1528 à faire hommage à l’empereur pour le duché de Gueldre. Ses sujets l’ayant abandonné en 1538 pour se donner au duc de Clèves, il en mourut de douleur la même année.

EGMONT (LAMORAL, comte d'), de la famille des ducs de Gueldre, né en 1522, servit d’abord comme géné-