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1827 et 1839). On lui doit en outre un Traité de minéralogie (3 vol. in-8, 1845), qui présente le dernier état de la science, et une foule d’articles et de mémoires. Il dota l’École des mines de vastes constructions et de riches collections, et en rendit les cours publics.

DUFRESNY (Ch. RIVIÈRE), auteur comique, né à Paris en 1648, mort en 1724, passait pour descendre de la Belle jardinière d’Anet, qui fut aimée de Henri IV. Il excellait dans l’embellissement des jardins : c’est lui qui introduisit en France le goût des jardins anglais. Louis XIV le nomma contrôleur des jardins royaux ; il lui accorda en outre le privilège d’une manufacture de glaces ; mais Dufresny, qui aimait la table et les femmes, vendit sa charge et son privilège pour se livrer à ses goûts, et vint vivre à Paris, où il se mit à faire des comédies. Il travailla d’abord avec Regnard ; puis, s’étant brouillé avec lui, il composa seul. Ses meilleures pièces sont : l’Esprit de contradiction, 1 acte, en prose, 1700 ; le Double Veuvage, 3 actes, en prose, 1701 ; le Jaloux, 5 actes, en prose, 1708 ; la Coquette de Village, 3 act., en vers, 1715 ; la Réconciliation normande, 5 act., en vers, 1719 ; le Mariage fait et rompu, 3 act., en vers, 1721 ; toutes pétillent d’esprit et de gaieté, mais l’auteur y prend trop souvent la place des personnages. On a en outre de Dufresny des Nouvelles, les Amusements sérieux et comiques, roman de mœurs, et des Poésies diverses. Il a rédigé le Mercure galant après Visé. Son Théâtre forme 6 vol. in-12, Amsterdam, 1731. M. Auger a donné ses Œuvres choisies, 1810, 2 vol. in-18.

DUGALD STEWART. V. STEWART.

DUGAS-MONTBEL (J. B.), né à St-Chamond dans le Forez, en 1776, mort en 1834, fut d’abord à la tête d’une grande maison de commerce, mais quitta les affaires à 30 ans, pour se livrer aux lettres et à l’étude de l’antiquité. On lui doit une traduction complète d’Homère en prose française : l’Iliade parut en 1815, l’Odyssée et les autres œuvres en 1818. Cette trad., très-estimée, a été publiée de nouveau, accompagnée du texte grec, d’un précieux commentaire et de l’Histoire des poésies homériques, de 1828 à 1833, en 9 vol. in-8. Elle ouvrit à Dugas-Montbel en 1830 les portes de l’Académie des inscriptions.

DUGAZON (H. GOURGAUD, dit), comédien, né à Marseille en 1743, mort fou en 1809, débuta en 1772 au Théâtre-Français dans l’emploi des valets, succéda à Préville, dont il devint presque l’égal, et quitta le théâtre en 1807. Il était remarquable par le jeu de sa physionomie ; il avait de la chaleur et du mordant ; mais il se laissait souvent emporter par l’envie d’exciter le rire, et tombait dans le mauvais ton. Pendant la Révolution, Dugazon donna deux pièces de circonstance très-médiocres, l’Émigrante et le Modéré. Il arrangea en outre et augmenta de trois scènes les Originaux, comédie de Fagan, qu’il publia en 1802. Il fut nommé professeur de déclamation au Conservatoire. — Sa femme, née à Berlin en 1755, morte à Paris en 1821, avait débuté dès l’âge de 12 ans au Théâtre Italien et se retira vers 1806. Elle jouait les soubrettes et les amoureuses avec tant de perfection qu’elle a donné son nom à ces emplois.

DUGDALE (sir W.), historien et antiquaire, né en 1605 dans le comté de Warwick, mort en 1686, fut nommé en 1644 héraut (harald) de Chester et devint en 1667 roi d’armes de l’ordre de la Jarretière. Il publia en latin et en anglais onze ouvrages volumineux sur l’histoire et les antiquités de son pays ; les principaux sont : les Antiquités du comté de Warwick, Londres, 1656, in-fol ; Baronage of England, histoire de la noblesse anglaise depuis le temps des Saxons, 1675-76, 3 vol. in-fol. ; Monasticon Anglicanum, 1655-61, in-fol. ; Histoire de l’église de St-Paul, 1658 et 1716, in fol.

DUGÈS (Ant. Louis), médecin et naturaliste, né en 1797 à Mézières, mort en 1838, était neveu de Mme Lachapelle. Reçu agrégé à la Faculté de Paris en 1824, il fut nommé peu après professeur de pathologie et de médecine opératoire à Montpellier. On lui doit, outre la publication de la Pratique de Mme Lachapelle, plusieurs ouvrages originaux : Essai sur la nature de la fièvre, 1823 ; Manuel d’Obstétrique, 1826 ; Sur la conformité organique dans l’échelle animale, 1832 ; Recherches sur les Batraciens, 1834, ouvrage couronné par l’Institut.

DUGHET, dit le Guaspre, peintre. V. GUASPRE (le).

DUGOMMIER (Jean François COQUILLE), général français, né en 1736 à la Basse-Terre (Guadeloupe), adopta les idées de la Révolution, fut nommé en 1789 commandant de la garde nationale de la Martinique, et prit une part très-active aux troubles qui agitèrent cette île. En 1792 il passa en France, et fut élevé au grade de général de division. Chargé du siége de Toulon vers la fin de 1793, il le dirigea avec autant d’habileté que de vigueur, et se distingua par son humanité après la reddition de la place. Nommé ensuite commandant de l’armée des Pyrénées-Orientales, il reprit aux Espagnols le fort St-Elme, Collioure, Port-Vendre, Bellegarde ; mais il fut tué par un éclat d’obus le 17 nov. 1794 à Sierra-Negra, au moment où il remportait une nouvelle victoire. La Convention ordonna d’inscrire son nom au Panthéon.

DUGUAY-TROUIN (René), célèbre marin, né à St-Malo en 1673, d’un riche armateur de cette ville, mort en 1736, servit d’abord dans la marine marchande, et s’y distingua bientôt par de si brillants faits d’armes qu’à l’âge de 23, ans il fut présenté à Louis XIV comme un homme destiné à être la gloire de sa nation. En 1697 il passa de la marine marchande dans la marine royale. La guerre pour la succession d’Espagne s’étant allumée en 1703, Duguay-Trouin, avec 2 vaisseaux et 3 frégates, résista à une escadre hollandaise de 15 vaisseaux de guerre ; en 1704 il prit sur les côtes d’Angleterre un vaisseau de guerre de 54 canons ainsi que 12 vaisseaux marchands ; en 1706, il attaqua avec 3 vaisseaux, à la hauteur de Lisbonne, la flotte du Brésil, qui était chargée de vivres et de munitions pour l’archiduc et qu’escortaient 10 vaisseaux de guerre : le combat dura deux jours, et jamais Duguay-Trouin ne montra plus d’intrépidité ; mais des circonstances malheureuses firent échouer ses projets. En 1707, il répara cet échec en s’emparant d’un convoi de 200 voiles, escorté par 6 gros vaisseaux de guerre, succès qui acheva de ruiner en Espagne les affaires de l’archiduc. De toutes les expéditions de Duguay-Trouin, la plus célèbre est la prise de Rio-Janeiro (1711) : les fortifications de cette place paraissaient inexpugnables : en onze jours elles furent toutes enlevées. En 1715, il fut nommé chef d’escadre, et en 1728 lieutenant général. En 1731, il reçut de Louis XV le commandement d’une escadre destinée à soutenir les intérêts du commerce menacés par les Barbaresques et réprima les corsaires de Tunis. Ce fut là son dernier fait d’armes. Ses Mémoires, rédigés par lui-même, ont paru à Paris en 1740 ; son Éloge a été écrit par Thomas, 1761 ; sa Vie, par Richer, 1784.

DU GUESCLIN (Bertrand), connétable de France, né en 1320, dans le château de la Motte-Broons, près de Dinan, d’une des plus anciennes familles de Bretagne, se fit remarquer dès son enfance par sa force, son habileté dans les exercices du corps et ses goûts belliqueux. Il commença à signaler sa bravoure dans les guerres que se livraient Charles de Blois et Jean de Montfort pour l’héritage du duché de Bretagne : il soutenait les droits du premier. Il passa en 1361 au service de la France et célébra l’avènement de Charles V en battant à Cocherel l’armée du roi de Navarre, 1364. Après cette victoire, il vola de nouveau au secours de Charles de Blois en Bretagne ; mais, malgré tous ses efforts, son parti fut battu à Auray et lui-même fait prisonnier par Chandos, chef de l’armée anglaise (sept. 1364). Rendu à la liberté contre une rançon de 100 000 livres, il fut chargé par Charles V de délivrer le royaume des Grandes compagnies, ramas de soldats indisciplinés