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talent, il se remit à l'œuvre, quoique déjà vieux. C'est alors qu'il composa plusieurs de ses meilleurs ouvrages : sa trad. de l’Énéide, 1697; ses trad. de Juvénal et de Perse, ainsi que ses Fables, 1698, et la plus belle de ses odes, la Fête d'Alexandre, pour la Ste-Cécile (mise en musique par Hændel). Outre ses ouvrages en vers, il en a composé quelques-uns en prose ; le plus estimé est l’Essai sur la poésie dramatique, en dialogue. Dryden est à la tête des poëtes classiques de l'Angleterre pour l'élégance, l'harmonie, le goût; on le regarde comme le père de la critique dans son pays. Il est à regretter que, pressé le plus souvent par le besoin, il ait travaillé avec trop de précipitation. Walter Scott a donné en 1808 une édition complète de ses Œuvres, Londres, 18 vol. in-8. Malone a écrit sa Vie.

DRYOPES, peuplade pélasgique de la Thessalie, était, à ce qu'on croit, sortie de l'Arcadie. Ils se fixèrent à une époque reculée sur les bords du Haut-Céphise et au S. du mont Œta (Dryopide), d'où ils étendirent leurs ravages dans les environs. Hercule les chassa de ce pays, qui reçut alors les Doriens et prit le nom de Doride. Les Dryopes se dispersèrent et allèrent, les uns en Argolide où ils élevèrent Asiné, les autres en Eubée où ils fondèrent Caryste ; quelques-uns passèrent en Asie, avec les émigrants athéniens et ioniens, et s'établirent près de Cyzique; quelques-uns même abordèrent dans l'île de Cypre.

DUACUM, ville de la Gaule, auj. Douai.

DU BARRY (Jeanne VAUBERNIER, comtesse), maîtresse de Louis XV, née à Vaucouleurs en 1743, était fille naturelle d'un commis aux barrières. Après avoir passé quelque temps chez une marchande de modes, puis dans une maison de débauche à Paris, sous le nom de Mlle Lange, elle fut présentée à Louis XV en 1769 par le comte Jean Du Barry, dont elle avait été la maîtresse et qui spécula honteusement sur ses attraits. Le vieux roi, frappé de sa beauté, conçut pour elle une vive passion, lui fit épouser, pour lui donner un rang à la cour, Guill. Du Barry, frère du comte Jean, et lui accorda un crédit sans bornes. Elle devint bientôt l'instrument de tous les intrigants; fit disgracier le ministre Choiseul, qui avait osé reprocher au roi l'abjection de son choix; contribua beaucoup à l'élévation du duc d'Aiguillon, à la faveur du chancelier Maupeou et à l'exil des parlements (1771); distribua les grâces au hasard, et dilapida les finances. Louis XV fit bâtir pour elle le joli pavillon de Luciennes, près de Marly. Après la mort du roi (1774), elle se retira de la cour et vécut ignorée jusqu'à la Révolution. En 1792 elle alla en Angleterre pour mettre ses diamants en sûreté et fit courir le bruit qu'on les lui avait volés. Arrêtée à son retour et accusée d'intrigues royalistes, elle fut condamnée à mort en 1793 : elle montra la plus grande faiblesse dans ses derniers moments, et dénonça pour se sauver plusieurs personnes dont elle causa ainsi la mort. On a publié un grand nombre d'ouvrages sur Mme Du Barry. On peut consulter l’Histoire de France au XVIIIe siècle, de Ch. Lacretelle, et la Vie privée de Louis XV, par Moufle d'Angerville, Londres, 1781. Quant aux Lettres originales de la comtesse Du Barry (fabriquées par Pidansat de Mairobert), Londres, 1779, et aux Mém. de Mme Du Barry, par Mme Guénard, ces écrits n'ont aucune autorité.

DU BARTAS (Guill. DE SALUSTE, seigneur), poëte français, né à Montfort près d'Auch en 1544, mort en 1590, se distingua sous Henri IV par sa bravoure dans les combats et en même temps par son talent pour les négociations, fut chargé de missions en Angleterre et en Danemark, et fut blessé mortellement à la bataille d'Ivry. Il composa des poésies qui obtinrent un grand succès; le plus connu de ses ouvrages est La première Semaine, ou la Création, en 7 livres, qui eut plus de 30 éditions en six ans; il a fait aussi une Seconde Semaine, qui comprend des histoires de l'Ancien Testament. Ce poëte avait de la verve, de l'imagination, mais manquait de goût. Ses Œuvres ont été réunies en 1611, 2 vol. in-fol., avec commentaires de Simon Goulard.

DU BELLAY (Guill.), seigneur de Langey, un des plus braves généraux de François I, né en 1491 au château de Glatigny près de Montmirail, dans le Perche (Sarthe), m. en 1543, se trouva à la bataille de Pavie, pénétra dans la prison du roi à Madrid pour lui porter des consolations, fut nommé en 1527 vice-roi du Piémont, où il battit les Impériaux, remplit diverses missions, et réussit plus d'une fois à déjouer les projets de Charles-Quint. Il laissa de précieux mémoires qu'il intitula Ogdoades (Huitaines), parce qu'ils étaient divisés de 8 en 8 livres. Ils les avait d'abord rédigés en latin : il les mit en français sur la demande du roi. — Ces mémoires ont été continués par son plus jeune frère, Martin Du B., mort en 1559, qui fut aussi grand capitaine et bon négociateur. Ses mémoires ont été réimprimés dans la coll. Petitot et la coll. Michaud.

DU BELLAY (Jean), cardinal et homme d'État, frère des précédents, 1492-1560, jouit de la faveur de François I, occupa les siéges de Bayonne, Paris, Limoges, Bordeaux, fut ambassadeur près de Henri VIII et de Paul III, puis lieutenant général du royaume pendant que le roi repoussait Charles-Quint en Provence, 1536. Disgracié à la mort de François I, il se retira à Rome, où il fut fait évêque d'Ostie. Le cardinal Du Bellay protégea et cultiva les lettres : c'est sur sa proposition que fut fondé le Collége de France. On a de lui des Poésies latines, des Lettres, des Harangues et une Apologie de François I, publ. en 1546. Rabelais avait été attaché à sa maison et l'avait accompagné à Rome comme médecin ; il lui fit donner à son retour la cure de Meudon.

DU BELLAY (Joachim), poëte, cousin des préc., né vers 1525 à Liré (Maine-et-Loire), mort à Paris en 1560, avait embrassé l'état ecclésiastique et devint chanoine de Notre-Dame de Paris, ce qui ne l'empêcha pas de mener une vie assez mondaine. Ses vers lui donnèrent accès à la cour, où on l'appelait l’Ovide français. Des ennemis secrets le firent accuser d'irréligion, ce qui nuisit à son avancement; ces tracasseries le conduisirent prématurément au tombeau. On a de lui : Poésies françaises, dédiées à la princesse Marguerite, sœur de Henri II, Paris, 1549; Poésies latines, 1558; deux recueils de sonnets, Olive et les Regrets, et un ouvrage en prose, Défense et illustration de la langue française, 1549. J. Du Bellay est avec Ronsard un de ceux qui tentèrent de régénérer la poésie française en lui donnant les Grecs et les Latins pour modèles; son livre sur la langue française fut comme le manifeste de la nouvelle école. Ses Œuvres ont été publiées en 1568 par Aubert de Poitiers, et en 1850 par Ackermann.

DUBIENKA, v. de Pologne (Lublin), sur le Boug, à 80 kil. E. S. E. de Lublin; 2000 hab. Kosciusko y battit les Russes en 1792.

DU BIEZ (OUDART), maréchal de France, servit avec distinction en Italie sous François I et Henri II, et reçut le bâton de maréchal en 1542. Il eut avec le connétable de Montmorency la gloire d'avoir déconcerté les projets de Charles-Quint lorsque ce prince envahit la Provence (1544). Il avait déjà battu deux fois les Anglais en Picardie, lorsque son gendre, Jacques de Coucy-Vervins, leur rendit la place de Boulogne (1545); il s'efforça de la reprendre : n'ayant pu y réussir, il fut mis en jugement avec Coucy (1549), et tous deux furent condamnés à perdre la tête. Coucy subit sa sentence. Henri II fit grâce au maréchal, qui fut enfermé au château de Loches. Il en sortit au bout de trois ans, et mourut de chagrin à Paris en 1551. Sa mémoire et celle de son gendre furent réhabilitées en 1575.

DUBIS, riv. de Gaule, auj. le Doubs.

DUBLIN, Eblana, capit. de l'Irlande, ch.-l. de la prov. de Leinster, sur la côte E. de l'île, à 500 kil. N. O. de Londres; 265 000 hab. C'est une des plus belles villes du Royaume-Uni. Le Liffey la traverse.