Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

révision des Tables astronomiques de Ptolémée et composa, outre une Introduction à l'astronomie, qui a été trad. en latin par Golius, 1669, deux autres ouvrages, sur les cadrans solaires et l'astrolabe.

ALFIERI (le comte Victor), célèbre poëte tragique italien né à Asti en Piémont, en 1749, d'une famille noble et ancienne. Ayant perdu son père de très-bonne heure, son éducation fut négligée, et il eut une jeunesse fort dérangée. Il passa plusieurs années à courir le monde et à chercher des aventures; mais à l'âge de 25 ans, il se fit en lui une subite métamorphose : le désir de plaire à une femme aussi distinguée par son esprit que par son rang, la comtesse d'Albany, épouse du dernier des Stuarts, pour laquelle il avait conçu la plus vive passion, lui inspira du goût pour les lettres et pour la poésie, qu'il avait dédaignées jusque-là. Il s'exerça dans la tragédie, et créa un système de composition tout nouveau pour l'Italie, substituant un dialogue serré, un style mâle et concis, à la manière lâche et efféminée de ses devanciers, et retranchant impitoyablement de ses pièces les personnages inutiles d'amoureux ou de confidents. Travaillant avec une ardeur incroyable, il composa en moins de 7 ans (1775-1782) quatorze tragédies, dont plusieurs sont des chefs d'œuvre. En même temps il écrivait en prose des ouvrages qui devaient le placer à côté de Machiavel, un Traité de la tyrannie, et celui qui a pour titre le Prince et les Lettres, dans lesquels il se montre ardent républicain; il composait aussi à la même époque son poëme de l'Étrurie vengée. La comtesse d'Albany étant devenue veuve en 1788, il s'unit à elle par un mariage secret, puis il vint en France dans le désir d'y faire imprimer plusieurs de ses ouvrages, et même de se fixer dans ce pays, qu'il appelait alors la patrie de la liberté; mais effrayé par les excès du 10 août 1792, il s'empressa de fuir et se retira à Florence. Le gouvernement révolutionnaire le traita en émigré et le dépouilla de la plus grande partie de sa fortune, qu'il avait placée sur les fonds français. Toutes ces causes réunies finirent par lui inspirer pour la France et pour la révolution une haine implacables qu'il n'a cessé depuis d'exhaler dans tous ses écrits. Dans ses dernières années, Alfieri apprit le grec, afin d'étudier dans l'original les grands tragiques qu'il avait pris pour modèles. Il traduisit et imita plusieurs des plus belles tragédies d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide. Épuisé par ses travaux, il mourut à l'âge de 54 ans, en 1803, laissant un grand nombre d'œuvres posthumes, parmi lesquelles on remarque une Traduction de Salluste et une Histoire de sa propre vie. Après sa mort, la comtesse d'Albany fit faire une édition complète de ses œuvres : elle n'a pas moins de 35 vol. in-4, Pise, 1805-15, dont 22 renferment les ouvrages publiés de son vivant, et 13 les œuvres posthumes. Le théâtre d'Alfieri se compose des tragédies suivantes : Philippe II, Polynice, Antigone, Agamemnon, Virginie, Oreste, la Conjuration des Pazzi, Don Garcia, Rosemonde, Marie Stuart, Timoléon, Octavie, Mérope, Saül, Agis, Sophonisbe, Myrrha, Brutus I et Brutus II. Il a été traduit par M. Petitot, 4 vol. in-8, Paris 1802 (réimp. en 1 vol. compacte, 1840). Son Traité de la tyrannie et sa Vie ont été trad. par des anonymes, le 1er en 1802, la 2e en 1809. Ses Traités de la tyrannie et du Prince, ainsi que sa Vie, sont à l'Index à Rome.

ALFORT, hameau du dépt de la Seine, à 9 kil. S. E. de Paris et près de Charenton, sur la r. g. de la Marne. Station. Célèbre école vétérinaire, fondée en 1766. Bergerie de mérinos pour le croisement des races et l'amélioration des laines.

ALFRED, surnommé le Grand, 6e roi des Anglo-Saxons, né en 849, m. en 900, était le 2e fils du roi Ethelred et reçut une éducation supérieure à celle de son temps. Il monta sur le trône en 871, à 23 ans. Il vainquit d'abord les Danois; mais ayant ensuite été défait par eux, il fut forcé de fuir. Après s'être tenu quelque temps caché il s'introduisit dans le camp des Danois, déguisé en barde, pour les examiner à loisir et apprendre à les combattre. A la faveur des, renseignements qu'il obtint ainsi, il parvint en effet à vaincre complètement ces redoutables ennemis, et reprit la ville de Londres qui était encore en leur pouvoir, 894. Après avoir recouvré son royaume il s'occupa de le policer, lui donna des lois, établit le jury, divisa le pays en comtés, ressuscita les arts, les sciences et les lettres, composa lui-même plusieurs ouvrages, fit fleurir le commerce et la navigation, jeta les fondements de la puissance maritime de l'Angleterre, et se montra ainsi vraiment digne du nom de grand. On a de lui, outre un Code (imprimé à Londres en 1658, in-4), des traductions de l’Histoire ecclésiastique de Bède, de l’Histoire d'Orose, de la Consolation de Boèce. Ses OEuvres complètes ont été publiées à Londres en 1860. On lit dans son Testament que les Anglais doivent être aussi libres que leurs pensées. Sa vie a été écrite par Asser, son contemporain, par l'Anglais J. Giles (1848) et par l'Allemand R. Pauli (1851).

ALGAJOLA, ch.-l. de Gant. (Corse), sur la mer, à 9 kil. de Calvi; 300 hab. Huile, granit rose.

ALGARDE (Alexandre), sculpteur et architecte, né à Bologne en 1583, mort en 1654, vécut dans une grande intimité avec l'Albane, et réussit, ainsi que son ami, dans le genre gracieux. on voit de lui, à St-Pierre du Vatican, un bas-relief très-estimé, représentant S. Léon allant au-devant d'Attila. On estime beaucoup aussi son groupe de la Décollation de S. Paul, à Bologne, et ses statues de S. Philippe Néri et d’Innocent X, à Rome.

ALGAROTTI (le comte François), écrivain italien, né à Venise en 1712, mort à Pise en 1764, cultiva avec un égal succès les sciences et les lettres, et fut un des plus grands connaisseur de son temps en peinture, en sculpture et en architecture. Il fut en relation avec les personnages les plus célèbres de son temps : le roi de Prusse l'attira à sa cour, lui donna le titre de comte et en fit son chambellan; l'électeur de Saxe, roi de Pologne sous le nom d'Auguste III; l'accueillit avec faveur et le nomma conseiller; Voltaire le célébra en plusieurs occasions. Ses œuvres se composent des écrits suivants : Poésies; Newtonianisme des dames; Écrits sur l’architecture, la peinture et la musique; Essais sur les langues; Écrits sur l'art militaire; Voyages en Russie; le Congrès de Cythère; Vie de Pallavicini; Pensée diverses; Poésies; Correspondance. Elles ont été réunies en 17 vol. in-8, Venise, 1791-1794. Le Newtonianisme des dames a été trad. par Duperron de Castéra, 1752, le Congrès de Cythère, par Duport-Dutertre, 1749; l'Essai sur l'opéra, par Chastellux, 1778; l’Essai sur la peinture, par Pingeron, 1769

ALGARVE ou ALGARVES, Cuneus, prov. du Portugal, la plus mérid., bornée au S. et l'O, par l'Océan Atlantique, au N. par l'Alentejo, à l'E. par l'Espagne; env: 370 000. hab.; capit., Faro; autres villes princip., Lagos et Tavira. – Vins, soude, kermès, citrons, oranges, figues, grenades, dattes. – Du VIIIe au XIIIe siècle ce pays, qui s'étendait alors sur les deux rives de la Guadiana, appartint aux Arabes (en leur langue le mot Garb ou Gherb, d'où vient Al Garve, veut dire couchant). Alphonse III de Portugal le prit en 1250, et céda en 1254 au roi Alphonse X de Castille la portion orient., à l'E. de la Guadiana. d'où les noms d'Algarve espagnole (depuis absorbée dans l’Andalousie) et d'Algarve portugaise.

ALGAU (ALPES d'), partie de la chaîne du Vorarlberg, entre les Alpes tyroliennes, le Lech et le lac de Constance, donne son nom au pays environnant qui jadis faisait partie de la Souabe : Memmingen, Kempten, Kaufbeuern en étaient les villes principale.

AL-GAZEL, AL-GAZALI, philosophe arabe, né vers 1058 à Thous dans le Khorassan; mort en 1111 ou en 1127 à Bagdad, dirigea le collège de cette ville et y