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de la Russie d'Europe, sort des monts Krapacs en Galicie, coule d'abord au N., puis au N. E., et ensuite au S. E.; passe à Sambor, Halicz, Mariampol, Zaleszczyski, Mohilev, Bender, et tombe dans la mer Noire au-dessous d'Ovidiopol, après avoir reçu le Sered, la Podharca, le Reout. On lui donne env. 1500 kil. de cours.

DOBBERAN, bourg du grand-duché de Mecklembourg-Schwérin, sur la Dobber, à 58 k. N. E. de Schwérin, à 4 kil. de la mer Baltique; 2400 h. Église gothique où sont les tombeaux des grands ducs. Pillée en 1637 par les troupes de Wallenstein, puis par les Suédois.

DOBOKA, comitat de la Transylvanie, dans le Pays des Hongrois, borné au N. par le district de Bistritz, au sud par le comitat de Klausenbourg, et à l'O. par celui de Krasna, a 160 kil. sur 15, et env. 110 000 hab. ; ch.-l., Szek. Depuis 1848 une portion du territoire à l'E. a été incorporée au district de Reteg, une portion à l'O. à celui de Klausenbourg.

DOBROUTCHA, contrée marécageuse de la Turquie d'Europe (Bulgarie), s'étend le long de la mer Noire depuis la branche la plus mérid. du Danube jusqu'au mur d'Adrien, au N. de Varna. Elle comprend les villes de Babadagh, Bazardschik, Kustendji, Hirsova, Rassova, Toulcha, et Matschin. Elle fut envahie en 1854 par les Russes, contre lesquels le général Espinasse dirigea une expédition que l'insalubrité du climat fit échouer.

DOCÈTES (du grec dokein, paraître), hérétiques des premiers siècles qui contestaient la vie réelle de J.-C. et prétendaient qu'il n'avait eu qu'une chair apparente, qu'il n'était né, n'avait souffert et n'était mort qu'en apparence.

DOCTRINAIRES, ordre religieux. V. DOCTRINE (Prêtres de la). — On a aussi désigné par ce nom depuis 1815 quelques hommes d'État et publicistes qui ont surtout travaillé à établir en France le gouvernement constitutionnel, pensant que l'on peut concilier le pouvoir et la liberté. Ils reconnaissaient pour chef M. Royer-Collard. On les nomma ainsi soit parce qu'ils avaient une doctrine politique arrêtée, soit parce que leur chef était un élève des Pères de la Doctrine. On comptait parmi eux Camille Jordan, de Serre, Guizot, de Broglie, Duchâtel, Rémusat, Jaubert, Duvergier de Hauranne. Bien que peu nombreux, les Doctrinaires exercèrent par l'ascendant du talent une grande influence sous les deux monarchies de 1814 et de 1830.

DOCTRINE (Prêtres de la) ou DOCTRINAIRES, congrégation religieuse fondée en 1592 par César de Bus, à Avignon, et approuvée par le pape en 1597, avait pour but de catéchiser le peuple des campagnes. Elle accepta depuis la direction de plusieurs colléges et eut des établissements florissants. Une fraction des Doctrinaires, ayant refuse de faire des vœux, se sépara en 1619 de César de Bus et se réunit aux Oratoriens. — César de Bus forma aussi une congrégation de Filles de la Doctrine (Ursulines).

DODART (Denis), médecin de Louis XIV, né à Paris en 1634, mort en 1707, avait été élu en 1673 membre de l'Académie des sciences. Il a rédigé un grand nombre de mémoires sur la médecine, l'histoire naturelle et la physique médicale; on remarque surtout ses expériences sur la transpiration insensible et ses recherches sur la production de la voix. Fontenelle a prononcé son Éloge.

DODDRIDGE (Philippe), théologien anglais non conformiste, né à Londres en 1702, mort à Lisbonne en 1751, se consacrait à l'éducation et travailla surtout pour l'enfance. Ses principaux ouvrages sont : Sermons sur l'éducation des enfants, 1732; Sermons aux jeunes gens, 1735 ; l'Interprète des familles, paraphrase de l'Écriture, 1739-56; la Naissance et les progrès de la religion dans l'âme, 1754; Lectures sur différents sujets, 1763, et un recueil d’Hymnes, remarquables par le sentiment et par une poésie facile. La plupart de ses écrits ont été trad. en français.

DODE DE LA BRUNERIE (Guillaume), maréchal de France, né en 1775, mort en 1851, était fils d'un notaire de Geoire (Isère). Officier du génie, il fit les campagnes d’Égypte, d'Allemagne, d'Espagne, dirigea les sièges de Saragosse (1809) et de Badajoz (1810), s'enferma dans Glogau après le désastre de Russie et s'y maintint jusqu'à la paix, commanda le génie dans l'expédition d'Espagne en 1823, emporta le Trocadéro, assiégea Cadix, et fut à son retour créé pair de France et vicomte. Nommé en 1840 président du conseil des fortifications, il eut en cette qualité à diriger la construction des fortifications de Paris, et acheva en cinq années cette œuvre immense : il reçut en récompense le bâton de maréchal (1847). Dode a rédigé les travaux de siége dans l’Expédition d’Égypte et a publié un Précis des opérations devant Cadix.

DODÉCARCHIE, gouvernement des douze rois qui se partageaient l’Égypte vers l'an 680 av. J.-C. La dodécarchie ne dura qu'environ 18 ans.

DODOENS (Rembert), Dodonæus, savant hollandais, né dans la Frise en 1517, mort à Leyde en 1585, cultiva avec succès l'astronomie, la médecine et surtout la botanique, et devint médecin des empereurs Maximilien II et Rodolphe II. On distingue dans le nombre de ses ouvrages : Frumentorum et leguminum historia, Anvers, 1566; Florum historia, 1568; Purgantium, radicum et herbarum historia, 1574; Stirpium historia, 1576, ouvrage qui résume tous ses travaux et qui a été traduit par L'Écluse, sous le titre d’Histoire des plantes; Historia vitis, 1580. Il travailla en commun avec L’Écluse et Lobel.

DODONE, Dodona (auj. Heloni-Mon ou Gardiki, au N. de Janina), v. d'Épire, en Chaonie, sur les confins de la Thesprotie, au pied du Tomarus, au milieu de vastes forêts, était le sanctuaire du culte pélasgique, et avait un oracle de Jupiter, l'un des plus célèbres comme des plus anciens de la Grèce. Les prophéties étaient rendues par un chêne, nommé l’arbre fatidique : la prêtresse interprétait tantôt le bruissement des branches, tantôt le son rendu par des vases de cuivre suspendus à l'arbre sacré, tantôt le chant des colombes cachées dans son feuillage ou le murmure d'une source voisine.

DODSLEY (Robert), littérateur et libraire anglais, né en 1703 à Mansfield (Nottinghamshire), mort en 1764, fut d'abord laquais et commença à se faire connaître par un petit recueil en vers intitulé : la Muse en livrée, qui lui concilia l'estime de Pope. On a de lui en outre : la Boutique de bijoux, comédie satirique, 1735, trad. en 1767; le Roi et le Meunier de Mansfield, 1736, farce qui eut un grand succès (trad. avec d'autres pièces par Patu, 1756); Cléone, tragédie, 1758; l'Économie de la vie humaine ou le Bramine inspiré, 1748, traité de morale en style oriental (plusieurs fois trad., notamment par Destournelles, 1812), et des Fables en vers qui ont été aussi traduites, il publia à partir de 1758 l’Annual Register, qui est le type de nos annuaires historiques.

DODWELL (Henri), savant philologue, né à Dublin en 1641, mort en 1711, se livra avec ardeur aux sciences ecclésiastiques, quoiqu'il fût laïque. Il se lia étroitement avec Lloyd, évêque de St-Asaph, et fut nommé en 1688 professeur d'histoire à Oxford; mais il se fit destituer pour avoir refusé le serment d'allégeance : il écrivit à cette occasion un pamphlet qu'il intitula Non-jurors (1701). On a de lui de savantes dissertations sur S. Cyprien, S. Irénée, Sanchoniathon; des notes sur Velléius Paterculus, Xénophon, Denys d'Halicarnasse; une belle éd. des Petits Géographes grecs, Oxford, 1698; un traité estimé de chronologie : De veteribus Græcorum Romanorumque cyclis, Oxf., 1703 ; mais il est surtout connu par des opinions singulières qui l'engagèrent dans de vives disputes avec Clarke, Norris, Baxter, Burnet : il soutenait, entre autres paradoxes, que l'âme est mortelle de sa nature et que l'immortalité ne lui est conférée que par un don de Dieu et, depuis les Apôtres, par