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arriver qu’après la bataille de Waterloo, en juillet 1815. Moins bien disposé cette fois, il prit part aux mesures rigoureuses qui imposèrent à la France d’immenses sacrifices ; toutefois il s’opposa au démembrement du pays et préserva plusieurs monuments qu’on voulait détruire. Trois ans après, au congrès d’Aix-la-Chapelle, 1818, il fit réduire l’énorme contribution qui avait été imposée à la France, et hâta la libération de son territoire. Avant de quitter Paris, Alexandre avait signé avec les souverains de l’Autriche et de la Prusse la Ste-Alliance, sorte de coalition des souverains contre l’indépendance des peuples. De retour dans ses États, il s’occupa de réparer les maux de la guerre, il donna une constitution à la Pologne, affranchit en grand nombre de serfs, établit de nombreuses colonies militaires ; en 1817, il bannit les Jésuites qu’avait recueillis son aïeule Catherine II. Devenu à la fin de sa vie l’adversaire des idées libérales, qu’il avait d’abord professées, il restreignit les priviléges qu’il avait accordés à la Pologne, et prit des mesures sévères contre la liberté de la presse et contre les associations secrètes. Aux congrès de Laybach, 1820, et de Vérone, 1822, il travailla, de concert avec les autres princes signataires du traité de la Ste-Alliance, à réprimer les mouvements qui se manifestèrent en Piémont, à Naples et en Espagne. Alexandre était occupé à visiter les diverses parties de son vaste empire, lorsqu’il mourut, en décembre 1825, à Taganrod, après une courte maladie, que les uns attribuèrent à l’insalubrité du climat, et les autres, mais sans aucune preuve, à un empoisonnement. Il avait été marié dès l’âge de 16 ans, à une princesse de Baden-Baden, dont il n’eut pas d’enfant mâle. Ce prince, l’un des plus distingués de son temps, joignait un caractère ferme des sentiments généreux et une grâce qui séduisait ; il avait une disposition aux idées mystiques, que développa sa liaison avec la célèbre Mme Krudner (V. ce nom). La Vie d’Alexandre a été écrite par A. E. (Adrien Egron), Paris 1826, par Alphonse Rabbe 1826, et plus récemment par J. Golowine.

ALEXANDRE FARNÈSE. V. FARNÈSE.

II. Papes et saints.

ALEXANDRE I, Pape natif de Rome, élu en 109, mort martyr en 119. On lui attribue des Épîtres qui sont supposées. L’Église l’honore le 3 mai.

ALEXANDRE II, Anselme de Bagio, né à Milan, mort en 1073, fut tiré du siège de Lucques pour être placé sur celui de Rome en 1061. Il eut à lutter contre Cadalous, anti-pape, sous le nom d’Honoré II. Il se fit rendre les terres que les Normands avaient enlevées au St-Siège, et s’opposa aux persécutions que les Chrétiens exerçaient contre les Juifs.

ALEXANDRE III, Roland Rainuce Bandinelli, né à Sienne, élu en 1159, se mit en Italie à la tête du parti guelfe contre les Gibelins, que soutenait Frédéric Barberousse, et mérita le titre de propugnateur de la liberté italienne. L’empereur lui suscita trois compétiteurs, Victor IV, Pascal III, Calixte III, mais il finit, en 1177, après bien des troubles, par se réconcilier avec lui dans une entrevue à Venise. Ce pape tint le 3e concile de Latran, 1179, qui attribua aux seuls cardinaux l’élection du souverain pontife, gouverna saintement l’Église, et mourut à Rome en 1181, chéri des Romains et respecté de l’Europe. Il abolit la servitude, réserva aux papes la canonisation des saints, et introduisit l’usage des monitoires. C’est ce pape qui a donné son nom à la ville italienne d’Alexandrie. Reuter a écrit sa Vie, Berlin, 1846.

ALEXANDRE IV, Rinaldi, d’abord évêque d’Ostie, élu en 1254, mort en 1261, était neveu de Grégoire IX. Il travailla à ruiner le parti gibelin et se vit contraint par une faction de quitter Rome pour quelques temps. Il se laissa gouverner par des flatteurs, et prodigua les dispenses, les bulles et les privilèges. Il établit en 1255, des inquisiteurs en France, à la prière du roi S. Louis.

ALEXANDRE V, Philarge, pape de 1409 à 1410, était né à Candie. De pauvre mendiant il devint cordelier, docteur de Sorbonne, évêque de Novare, archevêque de Milan, et fut élu pape au concile de Pise pour terminer un schisme que sa nomination ne fit que prolonger en ajoutant un 3e prétendant.

ALEXANDRE VI, Roderic Borgia, né en 1431, à Xativa près de Valence en Espagne, neveu du pape Calixte III, qui le fit cardinal en 1456, fut élu en 1492. Cet homme, qui souilla le trône pontifical, n’avait réussi à se faire nommer que par l’intrigue. Avant d’être élevé à la papauté, il avait eu plusieurs fils, dont le plus connu est César Borgia, depuis cardinal et duc de Valentinois, et une fille, la trop célèbre Lucrèce Borgia. Alexandre VI joue un rôle important dans l’histoire du temps. Après avoir fait une guerre malheureuse à Charles VIII, roi de France, il s’allia étroitement avec Louis XII ; il réussit, à la faveur de cette alliance, non seulement à restituer au St-Siége plusieurs de ses anc. domaines, mais aussi à dépouiller plusieurs des princes voisins. Pour satisfaire son ambition et sa cupidité et pour élever les princes de sa famille, il foula trop souvent aux pieds les lois de la justice ; on lui impute toutes sortes de crimes : simonie, trahison, meurtre, empoisonnement ; mais on ne peut lui refuser beaucoup d’habileté et d’énergie. Il mourut en 1503 ; on prétendit qu’il s’était empoisonné en buvant un breuvage préparé pour une de ses victimes, mais ce fait est contesté. La Vie d’Alexandre VI a été écrite par J. Burchard en latin, Hanovre, 1697. et par Al. Gordon en anglais, Londres, 1729 ; traduite en français en 1732.

ALEXANDRE VII, Fabio Chigi, né à Sienne en 1599, élu en 1655, mort en 1667, avait toujours été regardé comme un homme savant et vertueux. Il réforma beaucoup d’abus, embellit Rome, approuva la bulle d’Innocent X, son prédécesseur, contre Jansénius, et prescrivit la signature du fameux formulaire de 1665. Le duc de Créqui, ambassadeur de France, ayant été insulté à Rome par la garde corse, le pape fut contraint par Louis XIV de la casser cette garde, et d’élever dans Rome une pyramide avec une inscription qui relatait l’outrage et la satisfaction (1662). Ami des arts, Alexandre VII fit construire la belle colonnade de la place St-Pierre, à Rome.

ALEXANDRE VIII, Pierre Ottoboni, né à Venise en 1610, élu en 1689, mort en 1691, publia une bulle contre les 4 articles de l’assemblée du clergé de France de 1682, relatifs aux libertés de l’église gallicane, et disgracia les prélats qui avaient fait partie de cette assemblée ; il n’en obtint pas moins de Louis XIV la restitution d’Avignon et du Comtat-Venaissin. Il donna de grands secours d’argent à Léopold I et aux Vénitiens pour faire la guerre aux Turcs.

ALEXANDRE (S.), évêque de Jérusalem, protégea Origène et l’ordonna prêtre. Persécuté sous Alexandre Sévère et Dèce, il mourut en prison à Césarée, en 249 ou 251. On le fête le 18 mars.

ALEXANDRE (S.), patriarche d’Alexandrie en 313, mort en 326, combattit l’hérésie d’Arius, assista au concile d’Alexandrie et provoqua la convocation de celui de Nicée. On l’honore le 26 février.

ALEXANDRE NEWSKI (S.), grand-duc de Russie. V. ci-dessus à la série des Rois et princes.

ALEXANDRE SAULI (S.). V. sauli.

III. Savants et écrivains.

ALEXANDRE POLYHISTOR (c.-à-d. qui sait beaucoup), écrivain grec, ainsi surnommé à cause de sa vaste érudition, né à Milet, ou en Phrygie, fut pris par les Romains dans la guerre contre Mithridate (vers 85 av. J.-C), devint esclave de Cornélius Lentulus, qui l’affranchit et lui confia l’éducation de ses enfants, et mourut vers 76 av. J.-C. Il avait écrit sur la philosophie, l’histoire et la géographie des traités fort précieux. On n’a plus que quelques fragments d’une Histoire des peuples de l’Orient et d’un Traité sur les Juifs, conservés par Plutarque, Athénée, Pline, Eusèbe et Suidas, et publiés par C. Miller dans les Historic. græc. fragm. De la collection