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nombreux ennemis ; le plus redoutable fut Voltaire, qui l'accabla d'épigrammes et même d'invectives. Il paraît, au reste, que l'abbé Desfontaines était un homme dépravé : il eut plusieurs aventures fort scandaleuses. On a de lui, outre les écrits périodiques déjà cités, une édition de la Henriade, avec la critique de ce poëme, 1728 ; un Dictionnaire néologique, 1726 ; la traduction de Gulliver, 1727 ; une traduction de Virgile, 1743, longtemps estimée, quoique fort prosaïque.

DESFONTAINES (G. Fr. FOUQUES DESHAYES, dit), écrivain, né à Caen en 1733, mort en 1825, avait été avant la Révolution censeur royal, secrétaire et bibliothécaire de Monsieur (Louis XVIII). Il coopéra à la publication de la Nouvelle Bibliothèque des romans, composa lui-même quelques romans, entre autres : Lettres de Sophie et du chevalier de***, 1765, et donna soit seul, soit en société avec Barré et Radet, un grand nombre de pièces dont les plus goûtées sont : la Cinquantaine ; la Dot ; le Droit du Seigneur ; Arlequin afficheur ; la Chaste Suzanne ; l'Amant statue ; la Fête de l'Égalité ; le Rêve; M. Durelief; Petit Voyage du vaudeville, etc. Il fut un des fondateurs des Dîners du Vaudeville et du Caveau.

DESFONTAINES (René LOUICHE), botaniste, né à Trembley (Ille-et-Vilaine) en 1750, mort en 1833, fut reçu membre de l'Académie des sciences en 1783, alla en Afrique pour étudier la flore des côtes de Barbarie, y resta jusqu'en 1786 et publia après son retour la Flore Atlantique, 1798, 2 vol. in-4, avec planches. On lui doit des observations nouvelles sur le dattier, le lotos de Libye, le chêne à glands doux, sur l'irritabilité des plantes ; l’Histoire des plantes et des arbrisseaux qui peuvent être cultivés en France en pleine terre, 1809 ; des Expériences sur la fécondation artificielle des plantes, 1831. Le premier il présenta l'organographie et la physique végétales comme devant être l'introduction nécessaire de la botanique.

DESFORGES (P. J. B. CHOUDARD), acteur et auteur, né à Paris en 1746, mort en 1806, joua d'abord à la Comédie-Italienne, fut engagé à St-Pétersbourg en 1779, revint à Paris en 1782, abandonna la scène et se livra dès lors tout entier à la littérature. Ses principales pièces sont : Tom Jones à Londres, 1782 ; la Femme jalouse, 1785 ; le Sourd ou l'Auberge pleine, Joconde, opéra-comique, 1790. Il a publié en 1798 des Mémoires où il affiche l'immoralité.

DESFORGES-MAILLARD (P.), poëte, né au Croisic en Bretagne en 1699, mort en 1772. Du fond de sa province, il adressait de mauvais vers au Mercure : le rédacteur du journal lui ayant signifié qu'il n'insérerait plus rien de lui, il imagina d'adresser ses poésies sous le nom d'une muse bretonne imaginaire, Mlle Malcrais de La Vigne. Elles furent dès ce moment reçues avec empressement ; le rédacteur s'éprit même d'une belle passion pour la nouvelle Sapho. Desforges mit un terme à cette mystification en se faisant connaître. Cette aventure a fourni à Piron le sujet de sa Métromanie. Les Poésies de Mlle Malcrais ont été publiées en 1735.

DESFOUL ou DESPOUL, v. de Perse (Khousistan), à 60 kil. O. de Chouster ; 15 000 hab. Étoffes de soie et de laine. Aux env., ruines d'une ville ancienne, qu'on croit être Suse ou Elymaïs.

DESGENETTES (René Nic. DUFRICHE, baron), médecin, né à Alençon en 1762, mort en 1837, fut dès 1793 médecin ordinaire à l'armée d'Italie, s'éleva bientôt au grade de médecin en chef, fit partie de l'expédition d’Égypte (1798), eut à combattre la peste à Jaffa, et ne craignit point, pour relever le courage du soldat, de s'inoculer le virus pestilentiel. Nommé à son retour professeur à la Faculté de Paris, il devint en 1804 inspecteur général du service de santé : il fit en cette qualité toutes les campagnes de l'Empire. Disgracié sous la Restauration, il devint en 1830 médecin en chef de l'hôtel des Invalides, place qu'il conserva jusqu'à sa mort. On lui doit une Histoire médicale de l'armée d'Orient, 1812, et des Essais de Biographie médicale, 1835.

DESGODETS (Antoine), architecte, né à Paris en 1653, mort en 1728, était contrôleur des bâtiments du roi. Il fut reçu à l'Académie d'architecture en 1694 et y devint professeur en 1719. Il publia par ordre de Colbert les Édifices antiques de Rome, dessinés et mesurés très-exactement, 1682, in-fol. On a aussi de lui un traité des Lois des bâtiments (1748, avec des notes de Goupy), ouvrage souvent réimprimé et qui fait encore autorité.

DESHAUTERAYES (Michel Ange André 1erOUX), orientaliste, né à Conflans-Ste-Honorine vers 1724, m. en 1795, était neveu d'E. Fourmont, qui lui enseigna l'hébreu, le syriaque et l'arabe. Il fut nommé interprète à la bibliothèque du roi et professeur d'arabe au Collége royal, où il enseigna 32 ans. Il a publié l’Histoire générale de la Chine, 1777-84, trad. du chinois par le P. de Mailla, et a formé de savants élèves.

DESHAYES (Louis), baron de Courmenin, né à la fin du XVIe siècle, fut chargé par Louis XIII de plusieurs missions dans le Levant, en Danemark, en Perse et en Moscovie. Étant entré dans une conspiration contre le cardinal Richelieu, il fut arrêté et décapité à Béziers, 1632. On a publié sous son nom : Voyage du Levant, fait par le commandement du roi en 1621, Paris, 1624, Voyages au Danemark, 1664.

DESHOULIÈRES (Antoinette DU LIGIER DE LA GARDE, dame), femme remarquable à la fois par son esprit et par sa beauté, née à Paris en 1633 ou 34, morte en 1694, épousa en 1651 G. de Lafon de Boisguérin, seigneur Deshoulières, officier distingué, qui avait suivi la fortune du grand Condé et qui mourut en 1693, la laissant sans fortune. Elle était liée avec les deux Corneille, avec Fléchier, Mascaron, Pélisson, etc. Ses contemporains la surnommèrent la Dixième Muse, la Calliope française. Mme Deshoulières s'essaya dans presque tous les genres, depuis la chanson jusqu'à la tragédie ; mais elle ne réussit que dans l'idylle et l'églogue. On a surtout admiré son idylle des Moutons, touchante allégorie où elle déplore en beaux vers le sort de ses enfants qui avaient perdu leur père. Une des meilleures éditions de ses Œuvres est celle de Crapelet, Paris, 1799, 2 vol. in-8.

DESIMA, c.-à-d. île avancée, îlot artificiel du Japon, au S. O. de la v. de Nagasaki, avec laquelle il communique par un pont. Résidence des Hollandais qui font commerce avec le Japon.

DESIO, bourg de Lombardie, à 17 k. N. de Milan ; 2200 hab. Les Visconti y remportèrent sur les Torriani en 1277 une vict. qui leur assura le duché de Milan.

DÉSIRADE (la), une des Petites-Antilles françaises, à 9 k. N. E. de la Guadeloupe, n'a que 17 k. sur 9, et 1250 h. Cette île est d'origine volcanique. Elle fut découverte par Colomb en 1493. Les Français s'y établirent les premiers. Les Anglais s'en emparèrent en 1762 et pendant la Révolution ; ils la rendirent en 1815.

DÉSIRÉ (S.), Desideratas, Desiderius. V. DIDIER.

DESJARDINS (Martin BOGAERT), sculpteur, né à Bréda (Hollande), en 1640, mort à Paris en 1694, devint recteur de l'Académie de sculpture, 1686. Il se rendit célèbre par ses monuments en bronze : c'est lui qui exécuta en 1686 le beau monument de la place des Victoires, à Paris, où Louis XIV était représenté couronné par la Victoire, et tenant sous ses pieds Cerbère, dont les trois têtes figuraient trois nations vaincues. Ce monument, qui avait été commandé par La Feuillade, a été brisé dans la Révolution.

DESLANDES (André Franç. BOUREAU), né à Pondichéry en 1690, mort à Paris en 1757, fut commissaire de la marine, puis se démit de ses fonctions pour cultiver les lettres. Il a laissé entre autres ouvrages : Histoire critique de la philosophie, 1737 et 1756, ouvrage médiocre et superficiel ; Essai sur la marine et le commerce, 1743 ; Essai sur la marine des anciens, 1748 ; Des différents degrés de la certitude morale, 1750, etc. il affectait l'incrédulité.

DESLAURIERS, acteur. V. BRUSCAMBILLE.