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machines et des locomotives, qui ne tarda pas à devenir une des plus importantes du monde. Il a trad. de l'allem. le Traité d'Achard sur le sucre de betterave.

DERPT, v. de Russie. V. DORPAT.

DERREYEH, v. de l'Arabie centrale, capit. du Nedjed, sur le golfe persique, à 750 kil. N. E. de La Mecque, par 25° 15' lat. N., 44° 10' long. E. Cette ville, qui est très-forte, était le ch.-l. des Wahabites. Ibrahim-Pacha, fils de Méhémet-Ali, s'en empara en en 1819 et la dévasta : elle avait alors 15 000 hab.; auj. elle est presque déserte.

DERTONA, auj. Tortone, v. de la Ligurie, entre Gênes et Plaisance. Colonisée par Æmilius Scaurus.

DERTOSA, auj. Tortose, v. d'Hispanie (Tarraconaise), ch.-l. des Ilercaones, sur l'Èbre, près de la côte, reçut une colonie romaine sous Auguste.

DERVAL, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 23 kil. S. O. de Châteaubriant; 2520 hab. Anc. château fort.

DERVICHES, c.-à-d. pauvre en persan, espèce de moines musulmans. Ils font vœu de pauvreté et de chasteté, mais observent fort peu ces deux points. Ils s'imposent tous les jeudis un jeûne complet : ce qui ne les empêche pas de faire un grand usage d'opium et même de liqueurs fortes. Pour obtenir les aumônes des fidèles, ils exécutent sous leurs yeux une foule de jongleries et de tours d'adresse : quelques-uns tournent des heures de suite sur eux-mêmes, répétant sans cesse le nom d’Allah. Les derviches vivent en commun dans des espèces de couvents. On en compte dans l'empire ottoman 32 ordres, dont le plus ancien date de l'an 759 de J.-C. Leur établissement principal est à Konieh, dans la Caramanie.

DERWENT, riv. d'Angleterre, dans le comté de Derby, passe à Derby et se joint au Trent après un cours de 90 kil. — Riv. du comté de Cumberland, traverse un lac de même nom et se jette dans la mer d'Irlande à Workington.

DESAGUADERO, riv. de Bolivie, naît dans les Andes, sur la limite des dép. de Chuquisaca et de Potosi, coule au N., et tombe dans le lac Titicaca, après un cours de 250 kil.

DÉSAGULIERS (J. Théoph.), physicien, né à La Rochelle en 1683, mort en 1743, était fils d'un ministre protestant, qui, à la révocation de l'édit de Nantes, passa en Angleterre. Il étudia à Oxford sous Keill, et reçut les ordres en 1717. Il fit différents cours à Oxford, puis à Londres, de 1710 à 1740, poursuivit les expériences de Newton et fut reçu à la Société royale. Il publia en anglais son Cours de physique expérimentale, Londres, 1719, 2 vol., trad. par le P. Pézenas, et traduisit en français plusieurs ouvrages de Gregory, d'Ozanam et de Sgravesande.

DESAIGNES, bourg du dép. de l'Ardèche, à 30 k. O. N. O. de Tournon; 3800 hab. Antiquités romaines.

DESAIX (L. Ch. Ant.), général français, né en 1768, d'une famille noble, à St-Hilaire-d'Ayat en Auvergne, était lieutenant au régiment de Bretagne lorsqu'éclata la Révolution. Il en adopta les principes, fut nommé aide de camp du général de Broglie, se signala aux combats de Wissembourg et de Lauterbourg et fut promu au grade de général de division à 26 ans. Il se distingua en cette qualité à l'armée du Rhin en 1796, et défendit avec un rare courage le fort de Kehl. En 1798, il accompagna Bonaparte en Égypte, se rendit maître de la Hte-Égypte, et y exerça le pouvoir militaire avec tant de modération et d'équité, que les Musulmans eux-mêmes ne l'appelaient que le Sultan juste. Rentré en France en 1800, il reçut le commandement de deux divisions à l'armée d'Italie : il contribua puissamment à la victoire de Marengo en rétablissant le combat avec sa réserve (14 juin 1800); mais il y perdit la vie. Desaix était un caractère antique : à une bravoure à toute épreuve il joignait une probité rigide et un complet désintéressement. Napoléon fit placer son tombeau dans la chapelle du grand St-Bernard. Deux monuments ont été élevés en son honneur, l'un à Paris (place Dauphine), l'autre à Clermont. — V. DESAIX.

DESARGUES (Gérard), géomètre et architecte, né à Lyon en 1593, mort en 1662, servit quelque-temps, quitta les armes pour la science et se lia avec Descartes, qu'il défendit en toute occasion. Il s'occupa surtout de la métaphysique de la géométrie, sans cependant négliger les applications pratiques, et créa la stéréotomie scientifique. On a de lui un Traité de Perspective (1636), qui a permis de perfectionner la peinture, et des traités estimés De la Coupe des pierres, des Sections coniques; il est à regretter que la rédaction en soit fort négligée.

DÉSAUGIERS (Marc Ant.), chansonnier, fils d'un compositeur auquel ou doit les Jumeaux de Bergame, les Deux Sylphes, Florine, etc., naquit à Fréjus en 1772, et m. en 1827. Il se trouvait à St-Domingue lors de l'insurrection et faillit y perdre la vie. De retour en France, il se fit bientôt connaîtra par ses chansons et ses vaudevilles. Il fut longtemps l'âme du Caveau moderne, et devint en 1815 directeur du théâtre du Vaudeville. On a de lui un recueil de chansons pleines d'esprit et de gaieté, parmi lesquelles on distingue l’Épicurien, Ma fortune est faite, Cadet Buteux, la parodie de la Vestale, M. et Mme Denis. Il a donné une foule de petites pièces, vaudevilles, comédies ou parodies, dont quelques-unes, comme les Petites Danaïdes, la Chatte merveilleuse, M. Vautour, Je fais mes farces, ont eu une vogue prodigieuse. Un recueil complet de ses Chansons a été publié en 1827. 3 v. in-18. — Son frère aîné, Auguste Désaugiers, 1770-1836, consul à Copenhague pendant 20 ans, a composé des odes qui furent peu remarquées, et des tragédies lyriques, qui n'ont pu être représentées. — Un frère cadet, Jules-Joseph Désaugiers, 1775-1855, consul, puis directeur des affaires commerciales, a traduit de Heeren les Idées sur les relations commerciales des anciens peuples de l'Afrique, 1820.

DESAULT (P. Joseph), chirurgien, né en 1744, au Magny-Vernois, en Franche-Comté (Hte-Saône), vint en 1764 à Paris, et, tout en suivant les leçons de Petit et des chirurgiens célèbres de l'époque, commença dès l'âge de 22 ans à faire des cours qui attirèrent bientôt la foule. Il fut nommé successivement professeur à l'école pratique, membre du collége de chirurgie en 1776, chirurgien en chef de la Charité en 1782, puis de l'Hôtel-Dieu en 1788. Il fut élu en 1792 membre du comité de santé des armées, devint professeur de clinique chirurgicale à la nouvelle école de santé, et fut chargé en 1795 de donner des soins au jeune fils de Louis XVI. Il mourut lui-même pendant ce traitement, à l'âge de 51 ans. Desault était également remarquable comme professeur et comme opérateur. Il a fait faire un grand pas à l'anatomie chirurgicale. La chirurgie lui doit un grand nombre d'inventions ou de perfectionnements importants, parmi lesquels on remarque ses appareils pour les fractures et pour les maladies des voies urinaires. Il n'a presque rien publié lui-même : Chopart, son ami, a donné un Traité des maladies chirurgicales fait en commun avec lui, 1780; Bichat, l'un de ses élèves les plus distingués, a publié sous son nom 4 vol. d’Œuvres chirurgicales, 1798-99.

DESBARREAUX (Jacq. VALLÉE), fameux épicurien, né à Paris en 1599, mort en 1673, était fils d'un président au grand conseil. Pourvu de bonne heure d'une charge de conseiller au parlement de Paris, il s'en démit pour se livrer plus librement à son goût pour la bonne chère et le plaisir. Il changeait de climat selon les saisons. Desbarreaux fut lié avec les beaux esprits de son temps, avec Balzac, avec Chapelle et même avec Descartes. Il avait composé un assez grand nombre de chansons et de poésies fugitives dans lesquelles il affichait l'incrédulité et même l'athéisme; on n'a conservé de lui que ce fameux sonnet où il chante la palinodie :

Grand Dieu! tes jugements sont remplis d'équité, etc.

il le composa dans une maladie, mais il le désavoua, dit-on, quand il fut revenu à la santé. Voltaire as-