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de lui à Breslau 6 volumes manuscrits d’œuvres poétiques.

D’ACHERY, savant compilateur. V. ACHERY.

DACHINABADES, peuple de l’Inde ancienne, habitait, sur la côte O., le pays compris entre Barygaza (Cambaye) et le roy. de Pandion, c.-à-d. une partie de Décan actuel. Dachinabad semble même vouloir dire villes (abad) du Décan.

DACIE, Dacia, grande région de l’empire romain, sur les rives du Danube, avait pour bornes à l’E. le Pont-Euxin, au N. E. les Alpes Bastarnicæ ou monts Krapaths, au N. O. le Danaster ou Dniestr, à l’O. la Theiss, et répondait à la Moldavie, à la Valachie, à la Transylvanie, et au N. E. de la Hongrie. Avant Constantin, on distinguait la Dacie en Dacie Trajane et Dacie Aurélienne. — La Dacie Trajane ou Dacie propre, au N. du Danube, avait pour bornes le Pont-Euxin, le Danaster, les Alpes Bastarniques et une ligne diagonale entre le Danube et la Theiss. Sa capitale était Zarmigéthuse ou Augusta Dacica. — La Dacie d’Aurélien, au S. du Danube, fut formée aux dépens de la Mésie, lorsque Aurélien abandonna la vraie Dacie. Cette nouv. prov. se trouvait entre la Mésie Supérieure à l’E., la Mésie Inférieure à l’O., et avait pour borne au S. la Macédoine ; Sardique en était la capitale. — Sous Constantin on donna le nom de Dacie à l’un des deux diocèses de la préfecture d’Orient : ce diocèse comprenait l’ancienne Mésie Supérieure et la Dacie Aurélienne, plus quelques districts au S. E., et se divisait en 6 provinces, savoir : 1o Dacie Riveraine (Dacia Riparia ou Ripensis), entre les rives de la Theiss et du Danube, auj. partie de la Hongrie et le Banat ; ch.-l., Ratiaria : 2o Dacie Intérieure ou Méditerranée (D. Mediterranea), ch.-l., Sardique ; 3o Dacie Transalpine (Dacia Transalpina), où l’on arrivait en franchissant les Alpes Bastarniques : c’est auj. la Valachie, la Moldavie et la Bessarabie ; 4o Mésie Supérieure (Mœsia Superior), ch.-l., Viminiacum ; 5o Dardanie (Dardania), ch.l., Scupi ; 6o Prévalitane ; ch.-l., Scodra.

Les Daces, dont le nom, le même sans doute que Deutsch, indique une origine allemande, étaient farouches, braves et incivilisés ; ils ne furent soumis que par Trajan, après 10 ans de guerre. Ce prince prit Zarmigéthuse et força Décébale, roi des Daces, à se donner la mort (105 de J.-C.). La Dacie était une des provinces frontières de l’empire et comme une tête de pont contre les Barbares. Trajan y établit beaucoup de colonies ; ses successeurs la négligèrent, et Aurélien l’abandonna (274). Elle tomba bientôt après sous la domination des Goths, puis sous celle des Huns, des Gépides et des Avares (553). Les traces de la domination romaine y sont encore visibles : les Valaques et les Moldaves se nomment Roumains et leur langue est en partie fille du latin.

DACIER (André), né à Castres en 1651 d’un avocat protestant, mort en 1722, étudia à Saumur sous Tanneguy-Lefebvre, et eut pour compagne de ses études la fille de ce savant ; il ne tarda pas à devenir épris de son émule et l’épousa en 1683. Tous deux abjurèrent le protestantisme dans lequel ils avaient été élevés. Dacier fut mis par Montausier au nombre des savants chargés de commenter les auteurs anciens pour l’usage du Dauphin ; il obtint ensuite la place de garde des livres du Cabinet du Roi, fut reçu en 1695 à l’Académie des inscriptions, et peu après à l’Académie française, dont il devint en 1733 le secrétaire perpétuel. On a de lui Pomponius Festus et Verrius Flaccus, ad usum Delph., 1681 ; Horace, lat.-franç., avec remarques, 10 vol. in-12, 1681-1689 ; la traduction des Réflexions de Marc-Antonin, 1690 ; de la Poétique d’Aristote ; d’Epictète, 1715 ; des Hommes illustres de Plutarque, 8 vol. in-4, 1721 ; de tragédies de Sophocle, de dialogues choisis de Platon et autres ouvrages philosophiques. Ses traductions, quoique exactes, manquent d’élégance. — Sa femme, Anne Lefebvre, née à Saumur en 1654, morte en 1720, s’était déjà fait un nom quand il l’épousa (1683). Elle avait publié des éditions estimées de Callimaque, avec traduction latine, 1674 ; de Florus et d’Aurelius Victor, ad usum Delph., 1674, ainsi qu’une excellente traduction d’Anacréon, 1681. Elle a depuis donné des trad. de quelques pièces de Plaute, d’Aristophane, du théâtre complet de Térence (1688) ; mais elle est surtout connue par ses trad. de l’Iliade (1699) et de l’Odyssée (1708). Son admiration exclusive pour Homère l’engagea dans des querelles scientifiques avec plusieurs savants qui avaient parlé irrévérencieusement de son idole, entre autres avec Lamotte et Hardouin ; elle montra peu de modération dans la dispute. Mme Dacier a en outre coopéré à plusieurs des travaux de son mari, particulièrement au Plutarque. Boileau faisait grand cas de Mme Dacier et la mettait au-dessus de son mari.

DACIER (le baron Bon Joseph), né en 1742 à Valognes, mort en 1833, se fit connaître en 1772 par une trad. d’Élien, fut reçu à l’Académie des inscriptions la même année, et en devint secrétaire perpétuel en 1782. Élu membre du corps municipal de Paris en 1790, il quitta bientôt ces fonctions pour vivre dans la retraite. Il fut nommé en 1800 conservateur des manuscrits de la Bibliothèque nationale et entra en 1823 à l’Académie française. On a de lui, outre sa trad. d’Élien, celle de la Cyropédie, 1777, la continuation de l’Histoire de l’Académie des inscriptions, de nombreux Éloges d’académiciens, un Rapport sur les progrès des sciences historiques jusqu’en 1808, et un travail sur Froissart (publié par Buchon).

DACTYLES IDÉENS, prêtres de Cybèle, de Saturne et de Jupiter, habitaient en Crète, sur le mont Ida ; on les nommait, dit-on, Dactyles, parce que leur nombre de dix était égal à celui des doigts (dactylos en grec). Ils enseignèrent aux Crétois les mystères et les premiers arts. On les confond quelquefois avec les Curètes et les Corybantes.

DADIAN, titre que prend le souverain de la Mingrélie. — C’est aussi le nom d’une célèbre famille arménienne de Constantinople, connue dès le Ve s., et dont un des derniers représentants, Khadji Arakel Dad (1753-1812), s’est illustré dans l’industrie, surtout par son habileté dans la fabrication des machines, et a mérité le surnom de Vaucanson de l’Arménie.

DADOUQUE (c.-à-d. en grec porteur de flambeau). le principal ministre des mystères d’Éleusis, représentait le Soleil. Il purifiait les adeptes avant l’initiation et marchait à la tête des Lampadophores dans les courses de Cérès à la recherche de sa fille.

DAGHANA, bourg du roy. d’Oualo, sur le Sénégal, à 114 k. E. N. E. de St-Louis, est la résidence du roi de cet État. Établissement français. Gomme.

DAGHESTAN, prov. de la Russie d’Asie, bornée au N. par le gouvt du Caucase, à l’O. par la Géorgie et la Circassie, au S. par le Chirvan, à l’E. par la mer Caspienne : 400 kil. sur 90 ; 250 000 hab., Lesghis, Nogaïs, Turcomans. Villes princ., Derbend, Kouba, Tarkhou. Le Daghestan se divise en Daghestan septentrional, comprenant, les khanats de Tarki et d’Otemich ; et Daghestan méridional, renfermant les territoires de Tabasseran et de Derbend, les khanats de Koura et de Kouba et la république d’Antzoug. Beaucoup de mont., vallées, torrents ; quelques plaines le long de la mer, sans ports, sans rades. Fer, plomb, armes, feutre, tapis rayés, lainages grossiers. — Le Daghestan appartenait jadis à la Perse ; celle-ci l’a cédé à la Russie en 1813. Néanmoins il n’est encore soumis qu’en partie ; la plupart des peuplades qui l’habitent sont indépendantes. — Le Daghestan et le Chirvan réunis portaient chez les anc. le nom d’Albanie. Ce pays était habité par les Dahæ, dont on retrouve le nom dans celui de Daghestan.

DAGO, île russe de la mer Baltique, à l’entrée S. O. du golfe de Finlande, au N. de l’île d’Œsel ; 10 000 h.

DAGOBERT I, fils de Clotaire II, né en 604, fut reconnu roi de l’Austrasie dès 622, y joignit la Neustrie en 828, à la mort de son père, et l’Aquitaine en 631, à la mort de son frère Caribert. Il soumit les Saxons,