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rusalem en 315, devint patriarche de cette ville en 350 et eut sans cesse à combattre les Ariens. Il fut déposé en 357 par les intrigues d’Acacius, évêque de Césarée, et rappelé au commencement du règne de Julien. Exilé de nouveau par l’empereur Valens, il ne remonta sur son siége qu’après la mort de ce prince (378) : il le conserva jusqu’à sa propre mort, arrivée en 386. On le fête le 18 mars. Ses Œuvres ont été plusieurs fois publiées, notamment par dom A. Touttée et dom Maran, à Paris, 1720, in-f., grec-latin ; à Munich, 1848, 2 vol. in-8, et par l’abbé Migne dans sa Patrologie, 1857-60, 10 vol. in-8. Elles se composent principalement de Catéchèses ou Instructions sur la religion, au nombre de 23, que l’on regarde comme le plus ancien et l’un des meilleurs exposés de la foi. Ses Catéchèses ont été trad. en français par Grancolas, 1715.

Cyrille (S.), patriarche d’Alexandrie en 412, déploya un grand zèle contre l’hérésie, ferma les églises des Novatiens et chassa les Juifs d’Alexandrie. Ces mesures énergiques l’engagèrent dans de vifs démêlés avec Oreste, préfet d’Égypte, et furent l’occasion de scènes sanglantes (415), dans lesquelles périt Hypatie (V. Hypatie). S. Cyrille combattit également Nestorius et contribua à le faire condamner par le concile d’Éphèse, 431. Il mourut en 444, méritant le titre de Défenseur de l’Église, que lui décerna S. Célestin. On l’honore les 28 janv. et 9 juin. Il a écrit contre Manès, Photin, Apollinaire, et contre Julien l’Apostat. On estime surtout son traité intit. le Trésor, contre les Ariens. Il a laissé en outre 60 Lettres et des Commentaires sur S. Jean, publiés en syriaque par P. Smith à Oxford, 1860. La meilleure éd. de ses Œuvres est celle de J. Aubert, Paris, 1638, 7 vol. in-fol., grec-latin, réimprim. en 1859 dans la Patrologie de l’abbé Migne. Ses Homélies ont été trad. en franç. par Morelle, 1604.

CYRILLE (S.), l’Apôtre des Slaves, appelé d’abord Constantin, et surnommé le Philosophe, naquit au IXe siècle à Thessalonique, d’une famille sénatoriale. Envoyé par le patriarche S. Ignace vers les Khazars, il convertit leur khan, et baptisa toute la nation. En 860 il alla, avec Méthodius, prêcher la foi chez les Bulgares, dans la Moravie et la Bohême. Il établit à Bude une académie et inventa l’alphabet slavon, appelé de son nom cyrillien. Il mourut en 868. Les Grecs le fêtent le 14 févr. On lui attribue plusieurs ouvrages sur la langue slavone, et des Apologues moraux, publiés par le P. Cordier, Vienne, 1630, in-12.

CYRILLE-LUCAR, patriarche grec, né en 1572 dans l’île de Candie, occupait depuis plusieurs années le siége d’Alexandrie lorsqu’il fut élevé sur celui de Constantinople, 1621. Il établit la première imprimerie à Constantinople. S’étant montré disposé à un rapprochement entre l’église grecque et l’église réformée, il fut accusé de trahison par des fanatiques auprès du sultan Amurat IV, qui le fit étrangler, 1638.

CYRNOS, ancien nom de la CORSE.

CYROPÉDION, c.-à-d. Champ de Cyrus, lieu de Phrygie, dont la position est indéterminée, où Lysimaque fut vaincu et tué par Seleucus, dont il avait envahi les États, 281 av. J.-C.

CYROPOLIS ou CYRESCHATA, v. de Sogdiane, sur l’Iaxarte, était grande et forte. Fondée par Cyrus, prise et ruinée par Alexandre, qui courut de grands dangers en l’assiégeant. C’est auj. Marghinân, dans la Khanat de Khokand.

CYRRHESTIQUE, Cyrrhestica, auj. partie des pachaliks de Damas et de Marach, prov. de la Syrie septentrionale, à l’O. de la Comagène et à l’E. des monts Amanes, avait pour ch.-l. Cyr (Cyrrhus). Ancien évêché, occupé par Théodoret.

CYRUS, roi de Perse, fils de Cambyse, prince perse, et de Mandane, fille d’Astyage, roi des Mèdes, naquit vers l’an 599 av. J.-C. Selon Hérodote, Cyrus fut exposé après sa naissance par son grand-père Astyage, à qui un oracle avait prédit qu’il serait détrôné par son petit-fils, et n’échappa à la mort que par la pitié d’un pâtre ; selon Xénophon, il fut au contraire élevé avec le plus grand soin à la cour d’Astyage, et commanda les armées du fils de ce prince, Cyaxare II. Il rendit l’indépendance à la Perse, qui depuis longtemps était sous la domination des Mèdes, se fit nommer roi de ce pays vers l’an 560 av. J.-C., agrandit en peu de temps son empire, battit et tua en Mésopotamie le roi de Babylone, Nériglissor, 555, puis défit Crésus, roi de Lydie, sur les bords de l’Halys et à la bataille de Thymbrée (548) ; s’empara de Sardes, sa capitale, et de presque toute l’Asie-Mineure ; puis vint mettre le siége devant Babylone, où régnait Labynétus ou Balthasar, et prit cette ville après avoir détourné les eaux de l’Euphrate, l’an 538 av. J.-C. Maître de Babylone, il permit aux Hébreux, captifs depuis 606, de retourner dans leur patrie (636). Le roi de Médie, Cyaxare, étant mort peu après sans enfants, Cyrus, qui était son neveu, hérita de ses États par droit de naissance (536), et se trouva ainsi maître de presque toute l’Asie. Son empire comprenait les empires de Babylone, d’Assyrie, des Mèdes et des Perses, avec l’Asie-Mineure. On ignore quelle fut la fin de ce conquérant : selon Xénophon, il mourut fort âgé et dans les bras de ses enfants ; selon Hérodote, ayant tourné ses armes contre les Massagètes, il tomba entre les mains de leur reine, Thomyris, qui le fit mettre à mort et plongea sa tête dans un vase rempli de sang, en disant : « Monstre, abreuve-toi de ce sang dont tu as toujours été altéré. » On place sa mort en 530 ou 529. Ctésias n’est pas d’accord avec Hérodote sur plusieurs détails de l’histoire de Cyrus. Quant à la Cyropédie de Xénophon, elle paraît n’être guères qu’un roman où l’écrivain grec a voulu tracer, en la personne de Cyrus, l’idéal d’un roi sage.

CYRUS, dit le Jeune, fils de Darius Nothus et frère d’Artaxerce Mnémon, roi de Perse, fut nommé gouverneur des provinces de l’Asie-Mineure lorsque son frère monta sur le trône (l’an 404 av. J.-C.). Dévoré du désir de régner, il s’avança contre son frère avec une armée de 100 000 Barbares et de 13 000 Grecs. Artaxerce marcha au-devant de lui à la tête d’une armée bien supérieure, et l’ayant rencontré près de Cunaxa, il le vainquit et le tua de sa propre main, l’an 401 av. J.-C. Cyrus avait à son service Cléarque et Xénophon : ce dernier, après la défaite de Cyrus, sauva les Grecs qui étaient à sa solde, par la fameuse retraite dite des Dix mille, et les ramena en Grèce.

CYRUS, fleuve de l’Asie ancienne, auj. le Kour.

CYSOING, ch-1. de c. (Nord), à 13 kil. S. E. de Lille ; 2400 hab. Salpêtrières. Louis XV y eut son quartier général en 1745, au moment de livrer la bat. de Fontenoy.

CYSSUS, auj. Tchesmé, v. et port d’Ionie, dans la presqu’île de Clazomènes. Les Romains y détruisirent la flotte d’Antiochus le Grand, 193 av. J.-C.

CYTHÈRE, Cythera, auj. Cérigo, petite île située près de la côte S. de la Laconie, est célèbre par le culte de Vénus, qui y avait un temple magnifique. La Fable fait sortir cette déesse de la mer environnante.

CYZIQUE, Cyzicus, v. de Mysie, sur un isthme qui joint la petite presqu’île de Cyzique au continent, et sur la Propontide. Cyzique était célèbre par ses temples, son prytanée, ses gymnases, ses théâtres, ses stades, son port, ses arsenaux et ses fortifications. Alcibiade battit aux env. la flotte lacédémonienne, 410 av. J.-C. Mithridate en fit le siége avec 300 000 hommes (74 ans av. J.-C.), mais Lucullus la dégagea par ses savantes manœuvres, et y remporta la victoire dite de Cyzique, en 73. Incorporée à l’empire romain sous Tibère, elle devint au IVe siècle le ch.-l. de la prov. dite Hellespont, dans le diocèse d’Asie.

CZACKI (Thaddée), homme d’État, né à Poritz en Volhynie l’an 1765, d’une anc. famille de ce pays, mort en 1813, était staroste de Novogrodek lors du partage de la Pologne (1791). Ses biens furent confisqués ; mais à la mort de Catherine II (1796), l’em-