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CRANAÜS, roi fabuleux d'Athènes, qu'on fait régner de 1594 à 1585 av. J.-C., succéda à Cécrops. C'est sous son règne que Neptune et Minerve se disputèrent l'honneur de nommer Athènes. Sa fille Atthis épousa Amphictyon et laissa son nom à l'Attique.

CRANMER (Thomas), archevêque de Cantorbéry, né en 1489 dans le comté de Nottingham. N'étant encore que professeur de théologie à Cambridge, il écrivit en 1530 pour appuyer le divorce de Henri VIII avec Catherine d'Aragon, et fut envoyé par le roi à Rome pour solliciter la dissolution de son mariage. Nommé à son retour archevêque de Cantorbéry, il prononça lui-même le divorce que le pape avait refusé, et confirma l'union de Henri avec A. de Boulen (1532). Il s'éleva violemment contre la primauté du pape, contribua puissamment à introduire le schisme en Angleterre, fit adopter, sous Édouard VI, une nouvelle liturgie, et se maria. A l'avènement de la reine Marie, il fut arrêté comme hérétique : il abjura, dans l'espérance de sauver sa vie, puis il se rétracta lorsqu'il vit qu'il n'avait rien à espérer. Il mourut sur le bûcher en 1556.

CRANON, v. de Thessalie (Pélasgiotide), à l'E. de Pharsale, sur les frontières de la Magnésie. Les Athéniens y furent battus par Antipater et Cratère, l'an 322 av. J.-C.

CRANSAC, bourg du dép. de l'Aveyron, à 35 kil. N. E. de Villefranche; 600 hab. Houille; eaux minérales ferrugineuses acidulés froides. Station du chemin de fer du Midi.

CRANTOR, philosophe académicien, natif de Soles en Cilicie, florissait vers 306 av. J.-C. Il fut disciple de Xénocrate et de Polémon, et enseigna assez fidèlement le système de Platon, qu'altéra après lui la nouvelle Académie. Il s'occupa surtout de morale. Il reste de lui quelques fragments, recueillis par F. Kayser, Leips., 1841. Bleek a écrit sa Vie, Leyde, 1837.

CRAON, Credonensis vicus, ch.-l. de c. (Mayenne), à 20 kil. N. O. de Château-Gonthier; 3813 hab. Lainages; grains, lin, fil. Patrie de Volney. Anc. seigneurie, qui adonné son nom aux seigneurs de Craon.

CRAON, anc. famille de France, connue dès le XIe siècle. Le plus fameux de ses membres est Pierre de Craon, qui, en 1384, accompagna le duc d'Anjou dans son expédition contre le royaume de Naples, et qui se fit chasser de la cour de Charles VI pour ses intrigues et ses débauches. S'imaginant que cette disgrâce était due aux conseils du connétable de Clisson, P. de Craon tenta de l'assassiner (1392) : il fut en punition de ce crime dépouillé de tous ses biens. Son fils périt à la bataille d'Azincourt en 1415. Le dernier représentant de cette maison gouverna quelque temps la Bourgogne sous Louis XI, après la mort de Charles le Téméraire. — A l'extinction de cette famille, la maison de Beauvau prit le titre de Craon parce qu'un de ses membres avait épousé l'héritière du nom.

CRAONNE, ch.-l. de cant. (Aisne), à 17 kil. S. E. de Laon; 900 hab. Napoléon y battit les alliés les 6 et 7 mars 1814. Vins assez estimés.

CRAPELET (Ch.), imprimeur à Paris, 1762-1809, s'est fait un nom par la beauté et la correction de ses éditions, par l'élégance et la pureté de ses caractères. On lui doit des éditions fort estimées de La Fontaine, de Télémaque (1796), de Boileau (1798), les Oiseaux dorés d'Audibert, etc. — Son fils, George Adrien, 1789-1842, a marché sur ses traces, et en outre a marqué comme littérateur. Il traduisit en vers les Noces de Thétis et Pélée de Catulle (1809), fit connaître à la France les recherches bibliographiques de Dibdin, et publia lui-même d'intéressantes Études sur la typographie, ainsi qu'une histoire Des progrès de l'Imprimerie en France et en Italie au XVIe siècle (1836).

CRAPONNE, ch.-l. de cant. (H.-Loire), à 39 kil. N. du Puy; 1300 hab. Dentelles et draperies.

CRAPONNE (canal de), dans le dép. des Bouches-du-Rhône, joint le Rhône à la Durance en partant d'Arles, et par un embranchement communique avec l'étang de Berre en formant une île au-dessous de Salon. Il doit son nom à l'ingénieur Craponne.

CRAPONNE (Adam de), gentilhomme provençal et habile ingénieur, né en 1519 à Salon, fit en 1557 et 1558 le canal qui porte son nom. Des envieux le firent empoisonner a Nantes, en 1559.

CRASSUS (L. Licinius), célèbre orateur romain, né vers l'an 150 av. J.-C., fut l'un des plus éloquents et des plus habiles jurisconsultes de Rome au rapport de Cicéron, qui le met en scène dans son dialogue De Oratore. Il fut consul l'an 96 av. J.-C.

CRASSUS (M. Licinius), triumvir, célèbre par ses richesses, acquises en grande partie aux dépens des victimes des proscriptions de Sylla. Préteur en 71 av. J.-C., il mit fin par une victoire décisive à la guerre de Spartacus. Il fut nommé consul l'année suivante, et se distingua par ses largesses au peuple. L'an 60, il forma, avec Pompée et César, le 1er triumvirat. Il se fit nommer gouverneur de Syrie et charger de la guerre contre les Parthes. La campagne s'ouvrit heureusement : Babylone et Séleucie allaient se rendre à lui; mais ayant laissé à l'ennemi le temps de réunir ses forces, Crassus fut battu complètement à Carrhes par Suréna, général d'Orode, roi des Parthes, l'an 53 av. J.-C. Trente mille Romains restèrent sur le champ de bataille, et Crassus lui-même, qui s'était rendu dans la tente de Suréna pour traiter, fut mis à mort par les ordres de ce général. Plutarque a écrit sa Vie.

CRATÈRE, lieutenant et ami d'Alexandre, sut conserver la faveur de ce prince malgré sa franchise. Après la mort du conquérant, il partagea la direction des affaires d'Occident et eut le commandement de la Macédoine et de l’Épire; il seconda, à la bat. de Cranon (322), Antipater, dont il avait épousé la fille, contribua à la ruine de Perdiccas, et fut tué l'an 321 dans une bat. contre Eumène.

CRATÈS, philosophe cynique, disciple de Diogéne, était Thébain et florissait environ 324 ans av. J.-C.; il eut pour disciple Zenon, fondateur de l'école stoïcienne. Pour mieux suivre les préceptes de Diogène, Cratès avait vendu tous ses biens, et en avait distribué le prix à ses compatriotes. Ce philosophe était contrefait et malpropre; il inspira cependant une telle estime à Hipparchie, riche et belle Athénienne, qu'elle l'épousa, malgré ses propres représentations. Il nous reste sous son nom quelques lettres apocryphes (dans la collection des Epistolæ cynicæ). On ne les connaissait que par une traduction latine, lorsque M. Boissonade en a publié le texte en 1827 (dans la Notice des manuscrits de la Bibliothèque Royale, t. XI).

CRATI, Crathis, riv. d'Italie (Calabre Citérieure), sort des montagnes de la Sila, reçoit le Bussento à Cosenza, et tombe dans le golfe de Tarente, à 20 kil. N. O. de Rossano.

CRATINUS, un des poëtes les plus estimés de l'anc. comédie, né à Athènes vers l'an 525 av. J.-C., mort à 95 ans, est loué par Horace et Quintilien. Il poussa jusqu'à l'excès la hardiesse de ses attaques. On lui attribue l'invention du drame satirique. Il reste de lui quelques fragments réunis par Runkel, Leips., 1827, et par Meinecke, 1839.

CRATIPPE, péripatéticien, né à Mitylène, enseigna d'abord la philosophie dans cette ville, alla ensuite à Athènes, et eut pour disciples le fils de Cicéron et Brutus. Pompée alla le voir après la bat. de Pharsale, et reçut de lui des consolations. Il a écrit sur la Divination et l’Interprétation des Songes.

CRATO, v. murée du Portugal (Alentéjo), à 22 k. N. O. de Portalègre; 3000 hab. C'était la résidence du grand prieur de l'ordre de Malte.

CRATO (prieur de). V. ANTOINE.

CRAU (La), du celtique craigh, amas de pierres, Lapidei Campi, vaste plaine toute couverte de cailloux, dans le dép. des Bouches-du-Rhône, entre le Rhône et l'étang de Berre. Elle a 980 kil. carrés de